Antiracisme : Le péché originel reconditionné - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Antiracisme : Le péché originel reconditionné

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Le Sauveur, Henry Ossawa Tanner, v. 1900.

Le Sauveur, Henry Ossawa Tanner, v. 1900.

[Smithsonian American Art Museum, Washington, D.C.]

Il paraît que Voltaire a dit un jour, « Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer. » Je ne sais pas si Voltaire a prononcé ces paroles, mais il aurait pu le faire. En effet, elles reflètent une opinion qu’il avait et qui était à peu près ceci : «C’est très bien pour nous, intellectuels, d’être athées si nous le voulons. Nous sommes assez raisonnables pour réaliser qu’un comportement moralement correct est une nécessité personnelle et sociale, que Dieu existe ou non. Mais l’athéisme ne marchera jamais avec les foules. Ils ne se comporteront correctement que s’ils croient que les règles morales leur sont imposées par un Législateur divin, et mises en application avec de grandes récompenses et de grandes punitions par un Juge divin. Si vous voulez dire quelques mots en faveur de l’athéisme, je vous prie de ne le faire qu’en l’absence des domestiques. »

De nos jours, en Amérique, beaucoup de gens semblent vouloir dire « Si le racisme des blancs n’existait pas, il faudrait l’inventer » Aussi, puisqu’il n’existe plus sous aucune forme sérieuse, ils sont en train de l’inventer. »

Je suis un vieil homme – assez vieux pour avoir des souvenirs précis de l’époque où les États-Unis étaient effectivement un pays raciste. Dans mon enfance, tout de suite après la deuxième guerre mondiale, il était entendu par tout le monde, même en dehors des États du Sud (j’ai moi-même grandi en Nouvelle Angleterre) que les noirs (ou les nègres ou les gens de couleur) étaient des citoyens de seconde classe. On devait les traiter avec respect et gentillesse, mais en contrepartie, ils devaient rester conscients de leur statut inférieur.

Tout s’est terminé de façon plutôt dramatique dans les années 1960, principalement grâce aux efforts de Martin Luther King et du Président Lyndon Johnson. Il y a eu la loi pour les droits civiques de 1964, et celle de 1965 sur les droits de vote. Je me souviens de façon saisissante LBJ disant lors d’une session conjointe du Congrès, « Nous triompherons ». Et en 1969, sous le Président Richard Nixon (!), nous avons initié une politique de discrimination positive.

Inutile de dire que ces changements dans la loi ne sont intervenus que du fait qu’un grand changement de pensée et de cœur s’était produit parmi la population blanche américaine. Nous étions persuadés que la discrimination raciale (dans l’emploi, l’éducation, le logement et le vote, etc…) était anti-américaine comme l’était le préjugé racial sous-jacent. Il était temps d’éliminer le racisme. Aussi, à la fin des fins, le racisme anti noir a été en grande partie défait.

Bien sûr, il y a eu encore quelques opérations de « nettoyage » à accomplir. Il y avait des gens qui étaient trop vieux ou trop têtus pour changer ; nous avons dû attendre qu’ils meurent, ce qui a fini par se produire. Et nous avons dû nous assurer que les enfants recevraient une instruction meilleure selon les nouvelles orientations, et cela s’est majoritairement produit. Mais il y aura toujours des jusqu’auboutistes ; une poignée de gens qui ne renonceront jamais. En Allemagne, il y a encore aujourd’hui des gens qui ont la nostalgie du Nazisme, et à Brooklyn, des gens qui ont la nostalgie du Communisme.

Au cours de ma vie, il y a eu deux grandes révolutions morales en Amérique. L’une, celle dont je viens de parler, est celle qui a répudié le racisme. L’autre est la révolution sexuelle qui a répudié les anciennes valeurs sexuelles du christianisme, et introduit à la place des innovations telles que la fornication quasi-universelle, la pornographie, le divorce presque désinvolte, la grossesse et la maternité hors mariage, l’avortement, l’homosexualité, le mariage entre personnes de même sexe, et le transgendérisme.

A mon avis, et selon l’avis de nombreux autres chrétiens démodés, catholiques et protestants, ces révolutions se contredisent. Car celle qui concerne la race semble être une affirmation des valeurs chrétiennes de justice et d’amour du prochain, et de ce fait une affirmation du christianisme lui-même. Mais l’autre, en répudiant l’ancienne et essentielle vertu chrétienne de chasteté, semble répudier le christianisme même.

Y a-t-il quelque chose que ces deux révolutions ont en commun ? Oui, un esprit de tolérance. L’une implique une volonté de tolérer les gens de toutes races et ethnies. L’autre implique une volonté de tolérer toutes et n’importe quelles espèces de pratiques – excepté quelques-unes qui, par manque de consentement (par ex. le viol), font un mal immédiat et évident à des victimes innocentes.

Mais l’avortement ne fait-il pas « un mal évident et immédiat à des victimes innocentes » ? Oui, mais les champions de la tolérance sexuelle préféreraient ne pas en parler.

Cette mentalité de tolérance générale est un produit dérivé pratiquement inévitable d’une grande société commerciale (ou bourgeoise) dont les valeurs fondamentales sont la liberté d’acheter et de vendre d’innombrables places de marchés. Nous, Américains, nous vivons dedans ou (plus précisément) nous constituons cette grande civilisation commerciale. Du moment qu’une chose n’est pas mauvaise pour les affaires, nous sommes ravis de l’accepter. La tolérance raciale n’est pas mauvaise pour le business, du coup, nous la tolérons. L’avortement, le mariage pour tous, etc… ne nos pas mauvais pour le business, aussi les tolérons nous.

Bien que l’esprit bourgeois ait graduellement sapé, et, à moins qu’un changement radical n’intervienne, finira par détruire le christianisme, certains restes de la vieille religion demeurent. L’un d’eux est la vieille idée chrétienne du péché originel. Nos fans modernes de la maximisation de la tolérance sont des personnes qui, pour la plupart sont, soit non chrétiens, soit anti chrétiens. Aussi ne peuvent-ils pas retomber sur le récit biblique où le péché originel nous remonte à Adam et Eve dans le jardin d’Eden.

Et ils ont été obligés d’inventer un nouveau mythe du péché originel. Selon ce mythe laïc, le premier péché a été l’asservissement des noirs par les blancs en 1619. Et depuis ce jour précis, les blancs américains portent le péché de racisme dans leurs méchants cœurs, péché qui s’est manifesté très ouvertement dans la plus grande partie de l’histoire américaine (par ex. l’esclavage et Jim Crow) mais à une époque récente, a essayé de se dissimuler. Quiconque regarde de près toutefois, pourra encore le trouver pratiquement partout, surtout sous deux aspects : le racisme systémique (pratiques qui ont un impact de différenciation négative envers les noirs) et le racisme inconscient.

Selon ce mythe nouveau, seuls nous, les blancs, sommes maintenant plongés dans le péché originel. Qui sera notre rédempteur ? selon les racistes anti-racistes, pas Jésus, mais eux-mêmes. A en juger par ce qu’ils ont fait, cependant – répandre le vitriol et l’intolérance – il vaut mieux s’en tenir au péché originel et à Jésus.