Amoris Laetitia : Année Un - France Catholique

Amoris Laetitia : Année Un

Traduit par Isabelle

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La demande d’audience avec le Pape, formulée par les quatre cardinaux qui ont soumis les cinq “Dubia sur Amoris Laetitia” au pape François en septembre 2016 est un signe encourageant pour tous ceux qui sont désarçonnés par la confusion doctrinale que l’Eglise expérimente en ce moment. Les cardinaux Caffara, Brandmüller, Burke et Meisner ont agi avec courage et déférence filiale en demandant au pape François de mettre un terme à cette situation lourde de dangers pour l’Église.

Ils ont écrit dans leur lettre du 25 avril 2017 : « En dépit du fait que le préfet pour la doctrine de la foi a déclaré à plusieurs reprises que la doctrine de l’Eglise n’avait pas changé, de nombreuses déclarations sont apparues individuellement de la part d’évêques, de cardinaux, et même de conférences épiscopales, approuvant ce que le Magistère de l’Eglise n’avait jamais approuvé : Non seulement l’accès à la Sainte Communion pour ceux qui objectivement er publiquement vivent dans une situation de péché grave, et ont l’intention d’y demeurer, mais aussi une conception de la conscience morale contraire à la tradition de l’Eglise.

Le Papa François n’a jamais répondu à la lettre des « Dubia », et jusqu’à présent, n’a pas répondu non plus à la seconde lettre cherchant une occasion de parler avec lui de ces graves préoccupations.

La première lettre envoyée par les Cardinaux au pape François, datée du 19 septembre 2016, établissait : « A la suite de la publication de votre exhortation apostolique « Amoris Laetitia », des théologiens et des érudits ont proposé des interprétations qui , non seulement divergent, mais sont même contradictoires, particulièrement en ce qui concerne le chapitre 8. De plus, les media ont accentué la dispute, provoquant ainsi l’incertitude, la confusion et l’égarement de beaucoup de fidèles.

L’intensification de la crise dans les mois qui ont suivi, est claire. Les cardinaux notent dans leur deuxième lettre qu’il ne s’agit plus simplement de « théologiens et d’érudits » mais maintenant « d’évêques, de cardinaux et même de conférences épiscopales qui disent des choses qui contredisent le magistère de l’Eglise, et ceci en dépit des affirmations répétées du Préfet même pour la congrégation de la foi du pape François, le cardinal Müller, selon lesquelles la doctrine de l’Eglise n’ pas changé.

Que devons-nous faire de la période de l’année Un d’Amoris Laetitia ? Nous avons eu : le silence papal sur les dubia ; l’approbation du pape d’un projet de déclaration par un groupe d’évêques argentins de la région du Rio de la Plata, qui ouvre la porte à l’autorisation de la sainte communion pour les catholiques divorcés remariés civilement ; les affirmations du cardinal Müller que l’on ne peut pas accorder la sainte communion à ceux qui vivent en état d’adultère ; la publication par le journal personnel du pape, l’Osservatore romano, de la déclaration des évêques de Malte comme quoi les couples vivant un deuxième mariage non valide peuvent recevoir la sainte communion s’ils sont en paix avec leur conscience par rapport à cette décision ; la réaffirmation par les évêques de Pologne que l’enseignement et la discipline énoncés par Saint Jean Paul II dans Familiaris Consortio n’ont pas changé, et que seuls les couples remariés civilement qui vivent comme frère et sœur peuvent être admis à la Sainte Table ; l’Archevêque de Philadelphie qui dit la même chose ; tandis que les évêques de Belgique et d’Allemagne sont d’accord avec ceux de Malte et ceux de Rio de la Plata en Argentine.

Voilà le désordre actuel impie. Comme le déplorent les quatre cardinaux : « Et voilà qu’il s’avère, – et combien il est pénible de le constater – que ce qui est péché en Pologne est bien en Allemagne, et ce qui est interdit dans l’archidiocèse de Philadelphie est permis à Malte. »

Il ne peut pas y avoir deux vérités à propos de l’indissolubilité du mariage, ou la nature du péché mortel ou la nature de la liberté humaine et la responsabilité de chacun face à des actes délibérés. La vérité est une et doit être défendue contre les erreurs et les mauvaises interprétations.

Qu’une doctrine diffère selon la géographie au sein de la même Eglise catholique n’est pas simplement bizarre. C’est impossible. S’il s’avère que c’est le cas, c’est que dans un cas il s’agit de l’erreur, et dans l’autre de la vraie doctrine. Il n’est pas si difficile de déterminer ce qui est quoi.

Dans une note explicative qui accompagne les dubia, les cardinaux identifient prophétiquement ce qui se passerait si Amoris Laetitia, suivant l’injonction expresse du pape François, changeait la discipline de l’Église en ce qui concerne l’interdiction de la Sainte communion à ceux qui vivent une union adultère :

On aurait l’impression qu’en accordant l’accès à la communion à ceux des fidèles qui sont séparés ou divorcés de leur conjoint légitime et qui sont entrés dans une nouvelle union dans laquelle ils vivent avec quelqu’un d’autre comme s’ils étaient mari et femme, cela voudrait dire que l’Eglise enseignerait dans la pratique une des affirmations suivantes sur le mariage, la sexualité humaine et la nature des sacrements :

– Un divorce ne dissout pas le lien du mariage, et les partenaires de la nouvelle union ne sont pas mariés. Toutefois, les gens qui ne sont pas mariés peuvent dans certaines circonstances pratiquer légitimement des actes d’intimité sexuelle.

– Un divorce dissout le lien du mariage. Les personnes qui ne sont pas mariées ne peuvent pas pratiquer légitimement des actes d’intimité sexuelle. Les divorcés remariés sont des conjoints légitimes, et leurs actes sexuels sont les actes conjugaux légitimes.

C’est d’une logique inattaquable. Si l’une ou l’autre de ces alternatives est en fait ce que prône Amoris Laetitia, alors, c’est Amoris laetitia qu’il faut réviser. Si le pape François ne prônait aucune de ces deux alternatives, alors, il est raisonnable de lui demander de le clarifier, car le chaos et la division s’étendent, et de mettre un terme au développement futur de croyances et de pratiques contraires à la doctrine de la foi.

Les fidèle laïcs demandent qu’on les confirme dans la Foi de l’Eglise et les pasteurs des âmes particulièrement les prêtres de paroisse, demandent à être libérés de ce que les cardinaux appellent dans leur deuxième lettre, « une situation de confusion et de désorientation ». Ce sont de saints désirs. Cela ne peut être le vrai intérêt de personne de laisser les choses en l’état.

Photos : Les quatre cardinaux: Brandmüller, Caffarra, Burke, Meisner.


Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/06/27/amoris-laetitia-year-one/