"Amis" - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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« Amis »

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Amis Quand vous lirez ceci, j’aurai peut-être 2.000 “amis” sur Facebook. J’ai mis le mot entre guillemets pour une raison que vous comprendrez sûrement: la plupart de ces gens ne sont pas des amis du tout; ce ne sont même pas des connaissances. Je ne les ai jamais rencontrés à un déjeuner d’affaires ou dans le train qui m’emmène à Manhattan. Ce ne sont pas des personnes auprès desquelles j’étais assis en avion ou que j’ai croisées sur les Champs-Élysées. Autrement dit, ce ne sont pas des gens qui m’ont dit en me quittant : “Je serai votre ami sur Facebook!” Ce sont seulement… des gens – la plupart correspondant en fait à leurs identités sur la toile – qui, pour des raisons que je connais rarement, ont décidé de cliquer sur le bouton Ajouter un ami qui apparaît sur “ma” page. Je mets cet adjectif entre guillemets, parce que c’est la page de Mark Zuckerberg. Mon nom s’y trouve, mais ce n’est pas plus la mienne que ces 1.900 (tandis que j’écris) “amis” sont réellement mes amis. De ce grand nombre, je pense que j’ai rencontré moins d’un quart face à face, et c’est peut-être une surestimation. Pourtant, même parmi ces plusieurs centaines d’âmes (voisins, camarades de lycée, collègues de travail, etc.) la plupart sont mieux décrits comme connaissances. Ce n’est pas un problème en soi puisque beaucoup de ces moins-qu’amis sont des gens que j’ai appris à aimer et à admirer en ligne. Quant à tous les autres, peut-être les rencontrerai-je au ciel. Quand j’en suis arrivé à 1.000 amis, j’ai commencé à remarquer que le rythme des demandes d’amis s’était mis à augmenter et qu’elles venaient de personnes d’autres continents, spécialement d’Asie et d’Afrique. Or, dans le cadre de mon travail, j’ai rencontré des prélats de Chine, du Nigeria, des Philippines, du Pakistan, et d’autres pays, et il est possible que quelques articles que j’avais écrits au sujet de ces réunions aient paru – en anglais ou en traduction – dans certains de ces endroits, mais je doute que ce soit une explication suffisante, surtout pour les nombreux africains demandant de l’”amitié”, étant donné qu’un si grand nombre d’entre eux sont affiliés à des groupes protestants pentecôtistes. Quelques-uns sont des “princes nigériens”, si vous voyez ce que je veux dire. Certaines des demandes acceptées sont rapidement suivies par des messages. Une femme asiatique écrit:
Brad miner pouvez-vs présenter avec moi un de vos ami bon homme gentil et avoir travail et pas femme et peut se parler parque je dis ton profil vs avez tellement ami j’aime demander mais je pense vs toujours brad aider moi un homme tres religieux d’accord merci.
Comme cela est vrai pour elle, beaucoup de mes nouveaux amis sont chrétiens et des requêtes similaires à la sienne peuvent venir du coeur et même être sincères, mais comme je lui ai répondu: “J’ai peur de n’être pas un faiseur de mariages.” Elle a insisté : Pas comme votre ami cherchant futur partenaire vous essayer me presenter parque suis enteressé venir travailler E.U.. mais l’important j’ai bon partenaire pour aider mon VISA j’ai possédé argent. D’accord merci D’autres personnes sont moins loquaces. Une suite de messages d’un nouvel ami pakistanais – auxquels je n’ai pas répondu – étaient comme ceci, chacun séparé par trois ou quatre jours: “Salut ! Comment va” “Salut” “Bonjour” “Holla” Un autre “ami”lointain m’a demandé si j’étais chrétien. Avait-il regardé ma page Facebook? Il a répondu: “Non.” Un bon nombre de ces nouveaux “amis” m’arrivent par le biais de quelques prodigues “chercheurs d’amis”: des gens qui font la course pour obtenir le nombre limite d’ “amis”, devenant autant de Mary Typhoide1. Vingt demandes par jour arrivent maintenant. Je me suis inscrit à Facebook parce que je pensais que cela aiderait The Catholic Thing – que cela développerait notre réseau de lecteurs catholiques. Nous avons également mis en place une page Facebook pour le site lui-même, et elle a maintenant plus de 15.000 “j’aime” – j’aime parce que c’est une “page” et non une personne. Vous “êtes l’ami” d’une personne; vous “aimez” des pages. On ne peut avoir que 5.000 “amis”; les “j’aime” sont illimités. Un peu comme un chef de culte, on peut aussi avoir des disciples. J’en ai plusieurs centaines, alors j’ai peut-être déjà franchi le seuil des 2.000. Personne ne connaît les règles parce qu’il n’y en a pas. Devrions-nous nous réjouir de ce que “friend/ami” soit devenu un verbe? Le dictionnaire en-ligne Merriam-Webster edition intégrale dit que c’est effectivement un verbe. Un verbe transitif. Mais ce n’est pas exact. C’est un néologisme transgressif. Personne n’utilisera donc plus l’expression “befriend/devenir l’ami de…”? L’effet multiplicateur des réseaux sociaux met souvent la chronique quotidienne de TCT (The Cataholilc Thing) sur les pages personnelles de plus du double du nombre de gens qui nous ont aimés – “les amis” d’amis d’amis – et il y a des jours où le nombre de liens pour une chronique quotidienne qui arrive sur Facebook est supérieur à 50.000. C’est bien, non ? La plupart du temps, c’est bien. D’un autre côté, les media sociaux (y compris twitter, instagram, myspace et un nombre infini d’autres sites) ont une manière de vraiment mettre l’accent sur la distance qui existe entre nous. A certains moments, on se sent comme un passager du Titanic, secoué dans la froide obscurité. Je n’ai aucune idée de ce que les données réelles peuvent être, mais empiriquement, la quantité de vérités qui flotte sur Facebook ne dépasse que légèrement le flot de mensonges. Une chose est certainement confirmée dans les media sociaux : une vraie amitié implique une intimité réelle, ce qui généralement signifie des rencontres face-à face et du temps passé ensemble, bien qu’il existe des cas rares d’intimité littéraire à distance. Le bienheureux John Henry Newman a écrit que “l’amour de nos amis particuliers est le seul exercice préparatoire à l’amour de tous les hommes,” même s’il ajoute que l’amour à l’échelle de “ tous les hommes” est impossible, parce que nous ne pouvons pas aimer ceux dont nous ne connaissons rien; sauf, naturellement, si nous les voyons dans le Christ, comme les objects de son expiation, c’est-à dire plutôt dans la foi que dans l’amour. Et, de plus, l’amour est une habitude et ne peut pas être atteint sans une pratique réelle… La conclusion est donc que Facebook plus précisément et Internet en général, ne guérissent pas de la solitude. La véritable amitié est incarnée; elle est chair. Tous ces fabuleux Internet colorés uns et zéros sont bien, mais vraiment, Facebook est un “fanzine”. Mais, hey, ne manquez pas d’être mon “ami” sur Facebook ! freeman-1.png Image 1: Morgan Freeman vous a envoyé une demande Confirmez la demande Effacez la demande. Répondez à la demande d’un ami. Ni Dieu ni M-org-an: “Traité comme un ami” par Freeman? Umm… non. (Voyez ma réponse ci-dessous – en bleu) freeman2-1.png Image 2: Morgan Freeman 12h21 Vous êtes maintenant connecté sur Messager. Félicitations vous avez gagné 60 mille dollars ici au site du prix spécial Morgan Freeman. Idiot vu à 1h02 Expédié sommairement (“annuler l’amitié”) Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/06/12/friends/

 

  1. Mary Mollan a vécu au début du XXe siècle. Elle n’était pas malade mais elle transmettait les bactéries de la typhoïde par les aliments qu’elle préparait. De nombreuses personnes ont contracté la maladie et plusieurs sont mortes. Elle portait les bactéries de la typhoïde dans sa vésicule biliaire. En langage familier Mary Typhoid signifie maintenant une personne qui répand des maladies ou des choses indésirables.