Alors, quoi de neuf ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Alors, quoi de neuf ?

Traduit par Bernadette Cosyn

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Des choses changent, d’autres ne varient pas. Je ne pense pas que cette déclaration soit sujette à controverse, mais sait-on jamais.

Peut-être que reconnaître qu’une chose pourrait être constante est une hérésie moderne à une époque où même les doctrines de l’Eglise Romaine semblent changer de semaine en semaine et où les fidèles catholiques « traditionnels » qui résistent sont écartés comme faction expirante – ici en province mais également à Rome.

Ils sont écartés principalement par des « libéraux » octogénaires (la signification de ce mot ayant elle-même radicalement changé) qui vont eux-mêmes expirer bientôt. Pourtant, avec une énergie digne de la jeunesse, ils se dépêchent d’altérer des enseignements remontant à 2 000 ans ou plus.

Les derniers exemples arrivent pré-emballés pour le « Synode sur l’Amazonie ». On nous dit, dans des documents à couper le souffle qui mentionnent rarement le Christ, que nos légendaires efforts missionnaires sont terminés. Désormais nous devrions prendre des leçons de morale et d’environnement de la part des habitants de la jungle amazonienne.

Comment seront-elles diffusées ? Par fléchettes, je suppose.

Pardonnez cette caricature : je suis l’un de ces traditionalistes, et qui pis est, un converti à « l’ancienne » Eglise Catholique ; un traditionaliste si réactionnaire que je crois vraiment que l’enseignement du Christ est unique et constant. C’est seulement notre mauvaise compréhension qui varie avec le temps.

Je crois que ce qui était vrai durant les premiers siècles est vrai aujourd’hui ; que la distinction entre le vrai et le faux doit perdurer même en morale ; que ce qui est beau reste beau, et que ce qui est affreux reste affreux, nonobstant les modes passagères parmi les hommes.

Dans mon esprit, que je tiendrais à désavouer si je le prenais en faute, la tâche humaine n’est pas de choisir ou décider de ce qui est bon ou mauvais. Ces choses ont été décidées au moment de la Création. Notre tâche est d’apprendre ces distinctions, et nous devrions choisir en toute liberté le chemin qui mène au Ciel ou celui qui mène en Enfer.

Cela est rendu plus difficile quand ce qui nous prenions autrefois pour une autorité fiable expérimente une crise. Mais l’Eglise est gérée par des hommes, et ce n’est pas la première fois dans l’histoire, tant s’en faut, qu’elle a été prise en otage par eux et retournée contre elle-même.

Car, ainsi que l’annonçait l’ancienne Eglise, le mal va et vient. Il appartient à cet ordre du changement et du « progrès ». Avec le temps, toutes les choses passeront – là où ce terme pluriel désigne « les choses de ce monde ».

Evidemment, une Eglise qui annonce de nouveaux enseignements pour nous garder en phase avec l’époque enseigne une contre-vérité. Récemment, le cardinal Burke et l’évêque Schneider – parmi ses vieux fidèles – ont listé six points de doctrine qui sont contredits ou même inversés dans le blabla associé au synode sur l’Amazonie, et nous rappellent à notre devoir de mettre les choses au clair.

Pourtant, dans un sens, il n’y avait rien de neuf dans les points de discorde. Nous aurions pu deviner que des directives erronées seraient prises dans toutes les directions si nous avions porté attention au blabla venant du Vatican lui-même.

Le jeu administratif en cours, consistant à introduire des prêtres mariés, tout comme à dissoudre l’enseignement de l’Eglise dans tous les domaines de la morale sexuelle par le coup de balai dans l’Institut sur le Mariage et la Famille de Jean-Paul II, était loin d’être l’idée de quelque membre de tribu amazonienne.

Ce sont des ambitions de longue date de « modernistes » dans l’Eglise – de tendances visibles depuis de nombreuses décennies, condamnées sans ambiguïté par des papes maintenant démodés.

Ayant eu récemment quatre heures à perdre (dans le hall d’attente pour renouveler ma carte de santé), j’ai emporté des livres à lire. L’un était une anthologie des encycliques du pape Léon XIII ; l’autre une édition de poche de Rerum Rusticarum de Varron, comme récréation.

Oui, le monde rural de l’antique Rome païenne était plein de touches familières pour quiconque a vécu dans une petite ville d’Amérique du Nord. C’était un heureux rappel que même certaines caractéristiques de la vie rurale ne changent pas beaucoup.

Mais n’étant pas actuellement fermier, j’ai trouvé le pape Léon plus instructif. L’auteur de Rerum Novarum faisait face, il y a maintenant plus d’un siècle, à des développements sociaux qui étaient en train de changer la nature de la civilisation occidentale, et devait s’adresser à eux à la lumière des anciens enseignements de l’Eglise qu’il dirigeait alors.

Le livre s’est ouvert tout seul sur l’encyclique Immortale Dei, publiée le premier novembre 1885. J’ai trouvé que tout y était en rapport avec les circonstances actuelles.

J’ai commencé à lire, presque au hasard, les arguments du pape Léon selon lesquels toutes les religions ne sont pas également vraies ; que la liberté de la presse peut aisément dégénérer en licence ; que l’exclusion de l’Eglise de la philosophie « civile » était en soi injuste et conduisait à des folies et injustices de toutes sortes ; que les sophismes remplaçaient la juste raison ; que « l’idéal » de séparer absolument l’Eglise de l’Etat conduirait au dessèchement de l’une et de l’autre.

Ce qui m’a frappé était la teneur de ses arguments. Le pape Léon écrivait comme un enseignant, mais non de doctrines qu’il aurait inventé lui-même. Son usage de catégories établies de longue date, comme celles de monarchie, aristocratie, démocratie et leurs mélanges ressortait. Le soviétisme, par exemple, qui n’avait pas encore été essayé, malgré ses prétentions à la démocratie, pouvait être classé avec la monarchie absolue, tout comme l’Egypte des pyramides.

Plus profondément, parcourant ces encycliques, se trouvait une conception de la nécessité de l’Eglise, comme rempart contre l’absolutisme « civil », qui devient inévitable quand les principes chrétiens sont abandonnés.

De nos jours, alors que l’Eglise en est à s’incliner devant d’étranges nouveaux dieux, tel celui de l’écologie et qu’il est fait une tentative de diriger les masses par la peur d’extoplasmes tels le « réchauffement global », nous trouvons l’approche inverse.

L’Eglise aspire maintenant à être un rempart de l’Etat ; peut-être dans le secret espoir d’être tolérée et d’éviter une nouvelle fournée de martyrs. Cela pourrait être réalisé si tous ses enseignements étaient « remis à jour ».

Certaines choses changent, d’autres restent les mêmes. Ou plutôt, j’aimerais mettre cela à jour. Rien ne change réellement.

David Warren est ancien rédacteur du magazine Idler et chroniqueur dans des journaux canadiens. Il a une profonde expérience du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient.

Illustration : le pape accueilli en voyage

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/09/27/so-whats-new/