Alerte ! Menaces contre les groupes défendant le droit à la vie - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Alerte ! Menaces contre les groupes défendant le droit à la vie

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« Le problème dans lequel nous vivons tous » par Norman Rockwell, 1964.

« Le problème dans lequel nous vivons tous » par Norman Rockwell, 1964.

Des amis ont été suffisamment gentils pour m’inviter au banquet Texas Right to Life (Texas pour le droit à la vie) il y a quelques semaines. Pour ceux qui ne connaissent pas, cette association est parmi les associations pro-vie les plus performantes du pays, si pas la plus performante. De ce fait, nous avons la Texas Heartbeat Law (loi « cœur qui bat »), requérant qu’un avorteur vérifie le battement de cœur de l’enfant à naître et rendant illégal l’avortement si un battement de cœur peut être perçu.

Le banquet de cette année ressemblait beaucoup à ceux des années passées, à une – énorme – différence près : la présence d’un service de sécurité considérable. Il y avait des fonctionnaires de police en uniforme avec des gilets pare-balles bien visibles partout. Car Texas Right to Life est une organisation dans le collimateur, faisant partie d’un vaste mouvement national très critiqué, souffrant de harcèlement et de mauvais traitements qui, je le prédis, ne feront qu’empirer dans les mois et années à venir.

Texas Right to Life reçoit plus d’un millier de messages vocaux haineux chaque jour. Je dis bien haineux. Les organisateurs en ont fait écouter certains durant le banquet, en censurant les fréquents jurons dans les kyrielles d’invectives. Ils ont dû récemment vider leurs bureaux en raison d’une menace d’attentat à la bombe semblant crédible et doivent avoir une protection policière de leurs bureaux 24 heures sur 24. Ils supportent 750 000 attaques par jour sur leur site web, dont celles de hackers célèbres comme le groupe Anonymous. Qui aurait pensé qu’essayer de préserver la vie d’enfants innocents aurait conduit à tant de vitriol et de haine de la part de tant de gens ?

Mais je me rappelle avoir regardé des films de manifestations quand les premiers étudiants noirs étaient escortés jusque dans l’Université d’Alabama et avoir vu des foules de jeunes filles blanches colériques, en jupes des années 50, soquettes et sweats à boutons, hurlant – hurlant jusqu’à presque défaillir de l’intensité de leur haine – à la seule pensée d’admettre un étudiant noir à l’université. Je me rappelle avoir pensé : « eh bien, voilà beaucoup de colère contre une personne noire entrant dans un bâtiment universitaire ». Mais elles étaient bien là, par un bel après-midi d’été, crachant une haine sordide, se transformant en modèle de honte pour le pays tout entier.

Alors, soyons honnêtes avec nous-mêmes. Si la Cour Suprême fait son devoir et supprime l’arrêt Roe contre Wade, cela déclenchera probablement un déluge de violence qui submergera le pays. C’est pourquoi, personnellement, je ne suis guère optimiste quant à la décision de la Cour. Cela sera vu comme trop risqué.

Tout le monde sait qui promeut la violence et qui ne le fait pas. Ce qui est précisément la raison de ma crainte que la Cour Suprême menée par Roberts ne trouve un moyen de ne pas casser l’arrêt Roe : à savoir pour à peu près la même raison qui a conduit à barricader les villes avant que ne soient annoncé les résultats de la dernière élection présidentielle. La crainte était que si le pays avait le mauvais résultat, les progressistes créeraient des émeutes dans les rues. Chacun sait que si l’arrêt Roe n’est pas cassé, les forces pro-vie seront déçues mais ne deviendront pas violentes. Si choisir une option garantit la violence alors que l’autre non, quelle sera probablement la décision, à votre avis ?

Mais si la Cour Suprême montre du courage plutôt que de la couardise et que l’arrêt Roe est cassé, à ce moment-là la bataille pro-vie commencera. Et ce ne sera pas joli-joli. Attendez-vous à des persécutions. Des intimidations. De l’anarchie. Une nation si dédiée à un mal fondamental ne se rendra pas sans combattre. Si vous pensez qu’une culture qui s’est consacrée depuis si longtemps au « droit » de se débarrasser des enfants non-désirés ou handicapés agira différemment qu’elle ne l’a fait quand elle défendait le « droit » de posséder des esclaves ou le « droit » à la suprématie blanche avec les lois Jim Crow (NDT : qui promulguent la ségrégation raciale), c’est que vous n’avez pas tiré les leçons de l’histoire.

Les gens renoncent rarement sans se battre bec et ongles au « droit » de dominer les autres. Quand ce qui est en jeu est d’admettre que votre vision du monde, non seulement était fausse, mais également basée sur le soutien d’une institution fondamentalement injuste violant la dignité humaine, les gens ne renoncent pas gentiment.

Dans les années 1850, beaucoup de « gens distingués » préféraient qu’on ne parle pas de l’esclavage en public. De même, maintenant, ils sont nombreux, même parmi les prêtres et les évêques, à préférer que nous ne parlions pas de notre « étrange institution » actuelle : l’avortement. Je veux dire, c’est tellement embarrassant, et sans nécessité. Un tel égarement. Si susceptible de provoquer la colère d’une élite sophistiquée. Il vaut donc mieux mettre cela sous le tapis et éviter de regarder le mal en face, que ce soit des hommes enchaînés ou des bébés dans des poubelles.

Langdon Gilkey, dans son remarquable mémoire « The Shantung Compound » (Le camp de Shantung), basé sur son expérience dans un camp japonais d’internement en Chine durant la Seconde Guerre Mondiale, rapporte que, chaque fois qu’un problème moral surgissait dans le camp, un schéma se répétait encore et toujours. Plus les gens étaient instruits et respectables, plus leurs arguments étaient élégants et perfectionnés pour défendre leurs propres intérêts. Gilkey écrit que «  les problèmes éthiques de la vie communautaire sont de ce fait l’expression extérieure de problèmes intérieurs plus profonds, nous pourrions dire de problèmes religieux. Car la religion concerne la loyauté ultime des hommes – ce qui leur donne leur sens ultime et forge leurs règles de vie… Quand notre préoccupation ultime se trouve être un intérêt partial et limité, nous pouvons difficilement éviter l’inhumanité envers ceux qui sont extérieurs à cet intérêt. »

Alors que nous avançons de plus en plus dans l’époque post-chrétienne et que l’ultime préoccupation des gens n’est plus dirigée vers leur Créateur, n’est plus guidée par Sa sagesse et Sa loi, nous pouvons nous attendre à de plus en plus d’inhumanité de l’homme envers l’homme. Quand les hommes se lassent de l’ordre divin et attachent leur identité de manière idolâtre à une idéologie, il ne se passe guère de temps avant qu’ils « ne sonnent l’alarme et lâchent les chiens de guerre ».