Adversaire ou ennemi ? - France Catholique
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Adversaire ou ennemi ?

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Je regarde avec étonnement le titre qui barre toute la couverture de Valeurs actuelles : « La guerre totale » !!! Et, qui illustrent ce titre, les profils de Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy, visiblement très remontés l’un contre l’autre. Il est écrit que l’un déteste l’une et l’une déteste l’un…
Détestation ou haine ? L’un des deux doit l’emporter sur l’autre. Le mettre à terre, faire en sorte qu’il n’existe plus, qu’il disparaisse, soit effacé.

La politique serait donc une guerre genre combat de coqs ? On sait toute la violence qui porte les coqs du Mexique ou du Brésil, de la Chine, à s’affronter comme s’il n’y avait aucun autre exutoire possible à la haine qui semble s’emparer d’eux quand ils aperçoivent leur adversaire, d’évidence un ennemi de toujours… La lame affutée que leur « maître » attache à chaque patte « doit » donner la mort, à tout le moins infliger des blessures profondes à cet « ennemi » qui n’hésitera pas à faire de même : le fameux « c’était lui ou c’était moi ! »

Mais des êtres humains ? Certains de nos compatriotes qui attendent de chacun de nous, pauvres électeurs, d’être « choisis » pour exercer ce « pouvoir » tant désiré ? Mais quel pouvoir ? Celui notamment de veiller à ce que la justice soit rendue… Un pouvoir de gouvernance, en somme fait pour guider le peuple auquel chacun appartient… agir en vue de le préserver du désordre… de faire respecter les lois dans le but d’assurer la paix entre tous les citoyens… de punir ceux qui sèment le trouble, commettent des crimes, accablent les plus faibles, empochent l’argent des pauvres, dilapident le bien public…

La mission des élus relève davantage de l’amour que de la détestation du prochain, fut-il un concurrent, exprima-t-il des opinions divergentes… Cette expression, « la guerre totale » !, qui peut-être reflète en effet la vérité, choque et inquiète, même s’il est probable qu’il en fut toujours ainsi depuis que se mirent debout les premiers êtres humains le long du RIFT africains.
C’est alors que je me souviens de celui qui ne m’aimait pas en l’école Saint-Vincent à Salies de Béarn : c’était un des élèves de ma classe. Il était d’une taille imposante qui faisait de lui le « tyran » de la cour de récréation. Il m’avait flanqué, sur le chemin de midi, un énorme coup de pied à la cuisse gauche : elle montre encore la longue cicatrice qui l’orne telle une blessure de guerre ; sa chaussure était une grosse godasse renforcée d’un fer cloué à l’extrémité de sa semelle, complément très efficace lors des disputes.
Étrange capacité de la mémoire ! Il me haïssait parce que j’étais un étranger, c’est-à-dire un Parisien qui n’avait rien à faire en « son » Béarn…

Raisonnement que j’inventais tout en pleurant alors que je remontais la côte vers les hauts de Coulommes car je ne vois pas ce « butteur », nettement plus grand que moi, avoir besoin de cet référence pour m’imposer sa loi… qui, par bonheur, n’allait pas jusqu’à m’interdire de lui faire savoir qu’il n’était qu’une brute, un sauvage idiot, une bête d’Afrique, le dernier de la classe. Ce qui suffisait largement à susciter en lui l’ivresse de la vengeance. Une autre sorte de guerre en somme… et toujours cette opposition entre le plus fort et le plus râleur.

« La guerre totale »… Je n’apprécie pas ces tactiques de comptoir où une présidente fait savoir à la terre entière qu’elle va faire exploser l’ennemi en plein vol, ici ce parti politique qu’elle vomit à chaque petit déjeuner, et prendre ainsi sa place… ou bien, de l’autre côté, laisser entendre que la dame si généreuse en désastres n’est qu’une moitié de cervelle.
Même entre adversaires, on devrait respecter les personnes, eussent-elles été mille fois dans leur tort. La seule vertu en politique est l’amour du prochain, sans exclure quiconque, la compétence allant de soi. J’aurais apprécié d’en donner l’exemple.

Impossible ? Sans doute.