À propos de la polémique Valls-Bianco - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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À propos de la polémique Valls-Bianco

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La polémique qui a opposé, la semaine dernière, le Premier ministre à Jean-Louis Bianco n’est pas seulement caractéristique d’un clivage à gauche, à propos de la laïcité. Sans doute correspond-il à des jeux internes à la majorité gouvernementale. Mais il se rapporte aussi à la situation du pays et aux graves difficultés que tout pouvoir, de gauche ou de droite, doit affronter. Laissons provisoirement la question de fond qui concerne la définition de la laïcité et qui met aux prises ceux que Jean-Louis Bianco appelle « les intégristes de la laïcité » et ceux qui en ont une conception plus pragmatique. Il existe une situation objective qui place tout responsable ou tout citoyen en face de contradictions et d’exigences peu conciliables.

C’est vrai aussi pour les chrétiens. Nous sommes souvent placés entre deux feux. D’un côté, il y a le dialogue à établir avec les musulmans, les actions de rapprochement à favoriser sur le terrain. L’expérience montre que les catholiques, ainsi que le remarque Pierre Manent, sont souvent les plus proches des musulmans qu’ils comprennent mieux que ceux qui n’ont pas d’appétence spirituelle. Mais d’un autre côté, il y a la difficulté d’un dialogue véritable, qui exige une connaissance pointue de l’islam, qui est le fait des spécialistes. Et puis, comment ne pas entendre aussi l’avertissement de nos frères du Proche-Orient, lorsqu’ils nous confient : vous ne savez pas ce qui vous attend !

Jean Birnbaum, qui dirige le supplément littéraire du Monde, vient de publier un essai très instructif sur le sujet1, qui montre que la culture de gauche courante est dans l’incapacité de comprendre le phénomène djihadiste, par méconnaissance du religieux. Méconnaissance qui aboutit à un déni de la réalité ainsi qu’à une impuissance à traiter les vraies difficultés. Oui, le djihadisme ne s’identifie pas à l’islam, mais c’est un problème interne à l’islam. Dénier la dimension religieuse, c’est abandonner tous les musulmans les plus responsables qui, un peu partout, tentent de clarifier leur pensée religieuse. Il s’agit donc de dépasser les polémiques pour percevoir ensemble les vraies dimensions du défi considérable qui s’offre à nous.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 janvier 2016.

  1. Un silence religieux : La gauche face au djihadisme, Seuil.