À propos de la Grèce - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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À propos de la Grèce

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Je n’ai nulle envie d’ajouter ma voix au concert cacophonique qui entoure le sort prochain de la Grèce dans l’Union européenne. Les avis divergent et les désaccords ont quelque chose de vertigineux. On souhaite simplement que la moins mauvaise solution soit trouvée, ne serait-ce que pour venir au secours des plus humbles des Grecs qui souffrent énormément de la situation actuelle. Mais au-delà de cette crise conjoncturelle, et plus que conjoncturelle d’ailleurs, il y a tout de même pour l’Europe une part essentielle de son identité qui est en cause, avec l’appartenance de ce pays, héritier d’un patrimoine considérable, qui est au cœur de notre être même d’européen. Il faudrait savoir si notre continent est simplement une aire géographique détachée de son passé. La question est incongrue pour certains qui n’ont pas accepté qu’on la pose dans le cadre d’une constitution de l’Union européenne. J’avoue ma totale perplexité. Ce ne serait que le seul intérêt économique qui justifierait la solidarité entre nos peuples ? Ceux-ci n’auraient pas de fibres intellectuelles et spirituelles communes, impliquant une parenté qui s’enracine dans les siècles ?

Nous serions alors les seuls à ne pas nous reconnaître comme tributaires d’une civilisation. Sans doute, l’emploi de ce terme est-il délicat. Dès lors qu’on veut se comparer aux autres, se réveille le soupçon d’établir des hiérarchies de l’esprit, avec le risque d’une division du monde selon des critères culturels discriminants. Mais il y a peut-être une autre façon d’envisager les choses, par le haut et en considérant ce qui nous rend meilleur, ce à partir de quoi nous aimerions échanger. Le sinologue éminent qu’était Simon Leys avait choisi la civilisation chinoise parce qu’elle était « totalement autre » et constituait une sorte de continent métaphysique. Cela ne l’empêchait pas de se réclamer d’une fraternité universelle où tous les peuples étaient appelés à se reconnaître mutuellement.

Alors oui, nous sommes fiers que la Grèce appartienne à l’Europe. Sans elle, nous sommes mutilés, nous sommes orphelins d’une part essentielle de nous-mêmes. Que cette crise soit enfin résolue ! Et à tous bonnes vacances !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 juillet 2015.