Guerre et paix - France Catholique
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Le journal de la semaine

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Guerre et paix

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© Adobe Stock / ulyssejdv

« La guerre est partout », affirmait déjà Péguy. Que dirait-il aujourd’hui, où celle-ci se proclame en boucle, d’un air martial, sur les plateaux de télévision, de la part des plus hautes autorités ? Quoi qu’il en soit de la réalité de cette menace, il n’y a guère que le pape Léon XIV à encourager à la paix, lors de son voyage au Proche-Orient, « même lorsque le bruit des armes gronde ». Est-il un prophète qui crie dans le désert, comme saint Jean-Baptiste ? Certes, il faut savoir « voir ce que l’on voit », comme le disait Péguy, dans un monde où l’ensauvagement de la société est une réalité difficile à nier.

Mais le Souverain pontife et l’écrivain mort en 1914 ont en commun de se référer à une guerre plus sournoise car immatérielle, mais tout aussi dangereuse. Péguy, dans sa méditation sur l’histoire, avait à l’esprit « cet abîme d’incrédulité, d’incréance, d’infidélité du monde moderne », qui fait tout pour éliminer Dieu de la société. Avec pour conséquence qu’ « il n’y a plus de chrétiens tranquilles » !

La situation n’a pas vraiment changé, quand les défenseurs d’une laïcité mal comprise, débordés par l’islamisme qui gagne du terrain, reprochent à l’école catholique de permettre la prière et de vouloir être fidèle à l’enseignement de l’Église sur la sexualité. Cette laïcité incohérente montre ainsi sa faiblesse en entrant en contradiction avec un droit humain fondamental : la liberté de religion.

De même, Léon XIV, s’adressant aux jeunes du Liban, leur a fixé un point d’ancrage pour persévérer dans leur engagement en faveur de la paix : « [ce] ne peut être une idée, un contrat ou un principe moral. Le véritable principe d’une vie nouvelle c’est l’espérance qui vient d’en haut : c’est le Christ Lui-même ! » Pour le Pape, la paix est avant tout un don de Dieu.

Persévérer dans la vérité

Dès lors, face à ce laïcisme qui tente d’effacer l’esprit de la religion chrétienne, il revient aux fidèles de persévérer dans la vérité, en tenant bon « comme des phares qu’assaillirait en vain une mer depuis bientôt trois siècles démontée » (Péguy). Ce sont les « citadelles » évoquées par l’écrivain, ces humbles fidélités de la foi vécue au quotidien, dans nos maisons et nos familles, et qui sont de plus en plus à contre-courant de la société. Non pas pour se recroqueviller en fermant les yeux sur les misères du temps – l’histoire de l’Église montre amplement le contraire –, mais en luttant pour ne pas se faire voler le trésor de la foi, sous prétexte d’une conciliation utopique avec le relativisme ambiant. C’est tout le sens du mot « Amen », prononcé à la fin de chaque prière, et dont l’étymologie hébraïque se rapporte à ce qui est vrai, solide, ce sur quoi on peut s’appuyer, et que l’on peut aussi traduire par « fidélité ».

Et lorsque la grande histoire, faite de fracas et de fureur, croise celle de ces humbles fidélités, c’est alors que jaillit le véritable courage, et la sainteté, comme le montrent ces martyrs du Service du Travail obligatoire (STO) pendant la Deuxième Guerre, en acceptant d’aller annoncer le Christ en Allemagne, au-milieu des plus grands périls, et qui seront béatifiés le 13 décembre ! À l’exemple de l’abbé Maurice Rondeau, mort à 33 ans après une captivité épuisante, à Buchenwald où il avait poursuivi son apostolat. Dans une lettre du 20 juin 1944, il écrivait : « Le spirituel, c’est le salut, Henri. Il faudrait que la captivité ait appris à beaucoup d’entre nous le goût de la solitude et du silence. C’est là seulement que l’on puise la vraie force. »