Avant d’entrer dans le détail des statistiques de ce sondage réalisé par l’Ifop, une précision s’impose concernant son commanditaire, le magazine Écran de veille, qui est édité par Global Watch Analysis : une structure réputée très proche des Émirats arabes unis, lesquels ont pour bête noire le frérisme qu’ils combattent avec acharnement, y compris via des campagnes d’influence en Europe. Est-ce l’objectif de ce sondage ? Peut-être. Il n’empêche qu’on ne saurait écarter ses résultats, collectés et analysés par un institut connu pour son sérieux.
Parmi les chiffres révélés par l’enquête, on notera pour commencer la proportion de résidents sur le sol français qui se déclarent musulmans : elle est de 7 %, alors qu’elle était de 4 % en 2009, soit une augmentation de 75 % en 16 ans ! Au passage, on apprend que la part de la population se déclarant chrétienne est passée de 60 % à 48 % dans le même laps de temps… Mais c’est sur le rapport entre la jeunesse musulmane et l’islamisme que l’étude se révèle la plus saisissante : 57 % des musulmans âgés de 15 à 24 ans estiment que les lois de l’islam sont supérieures à celles de la République, 42 % déclarent de la sympathie pour une mouvance radicale – frérisme, wahabisme, salafisme, djihadisme… Ce document établit également que désormais 45 % des musulmanes âgées de moins de 25 ans portent le voile…
Allégeance à la charia
Que faire de ces chiffres ? Tout d’abord, ils permettent d’acter – s’il en était encore besoin – l’échec complet des politiques d’intégration menées depuis les années 1980 par des autorités lénifiantes ou pusillanimes : l’islamisme est installé en France, il compte d’importants bataillons qui assument leur allégeance prioritaire à la charia et il peut surfer sur une dynamique démographique favorable, portée par une politique migratoire laxiste.
Ensuite, ils confirment la tentation sécessionniste d’une proportion croissante de la population musulmane : « Cette orthopraxie [conduite conforme aux prescriptions religieuses, NDLR] entraîne une rupture progressive avec les mœurs de la société. 43 % des musulmans refusent par exemple le contact visuel ou physique avec une personne du sexe opposé. Dans ce registre, notons une plus forte radicalité chez les femmes que chez les hommes. À titre d’exemple, si 30 % des hommes musulmans refusent de faire la bise, c’est le cas pour 39 % des femmes », note ainsi Le Journal du dimanche, dans son analyse de l’étude (18/11).
Enfin, à court terme, et du point de vue strictement électoral, ils indiquent que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, qui s’attachent à capter cet électorat, peuvent compter sur ces effectifs. Malgré les outrances de son mouvement, l’analphabétisme presque assumé d’une partie de ses cadres, et le rejet qu’il peut susciter hors de ses cercles, il est loin d’être hors-jeu : les élections municipales du printemps 2026 risquent fort de donner lieu à la prise de contrôle de certaines communes par des listes islamistes. La gauche radicale « s’est cherché de nouveaux électorats pour ne pas disparaître. C’est exactement ce que fait Jean-Luc Mélenchon en France ces dernières années avec la jeunesse, les Ultramarins, les quartiers populaires ou encore avec l’électorat musulman. Celui qui vilipendait le voile en est devenu l’un des plus fervents défenseurs », observe Le Figaro (18/11).
La fin des concessions
Que faire alors ? Les pistes sont nombreuses, à commencer par le démantèlement des réseaux d’influence qui biberonnent la jeunesse musulmane au salafisme, la fin de toute concession à la pénétration des pratiques islamiques dans l’espace public, l’identification de voix musulmanes courageuses, capables de porter un discours alternatif, comme celui de Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, lui-même passé par des courants radicaux, mais qui – appelé à réagir à cette enquête dans les colonnes de Charlie Hebdo (19/11) – déclare par exemple que le voile chez les jeunes filles est « une mode ridicule, une obsession très symptomatique qui n’a rien à voir avec la pudeur. Ici on se cache pour se montrer d’une certaine manière. C’est le voile qui dévoile. Alors qu’au contraire, le propre de la pudeur, c’est la discrétion. » Suivra-t-on pour autant l’imam sur sa conclusion : « Je crois en un mouvement de sécularisation de l’islam. Nous vivons un moment d’excitation qui sera suivi d’un mouvement d’épuisement de cette radicalité » ? Assurément non.





