Sur les chemins de Saint-Jacques - France Catholique
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Un pèlerinage aux racines de la foi
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Sur les chemins de Saint-Jacques

Le village rapproche de la nature, nécessaire à l’éducation. Ceux qui jalonnent la route de Compostelle élèvent l’âme des pèlerins.
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L’abbatiale Sainte-Foy de Conques. © Krzysztof Golik / CC by

La civilisation romaine était essentiellement urbaine, Rome se définissant comme « la Ville » (Urbs), d’où venaient le droit, la richesse et l’ordre. La Gaule, elle, était villageoise. La civilisation gallo-romaine fut un mariage des deux, et nous en trouvons encore la trace dans nos villages qui sont comme de petites villes. Le philosophe John Senior, maître du renouveau de la pensée réaliste et thomiste outre-Atlantique, insiste sur le rôle éducatif de la nature. Il avait imaginé la création d’écoles aux États-Unis où cette immersion dans la nature serait organisée comme une « gymnastique » nécessaire à l’éducation des esprits. Si les États-Unis connaissent les grands espaces où peuvent courir les chevaux, ils n’ont cependant pas la culture du village, sauf peut-être celui des cow-boys.

Il est facile au contraire de constater qu’en France, la vie au village pour les jeunes citadins incarne encore, plus que toutes les constructions artificielles, cette facilité du contact avec la nature. Les jeunes garçons se lèvent à 6 heures du matin pour aller chercher les chevreuils ou pêcher les truites, et il n’est alors pas besoin de les sortir du lit comme lorsqu’il faut les envoyer à l’école. La nature fait alors son œuvre éducative sans qu’il soit question de maître ou de professeur.

Les reliques de sainte Foy

La Canourgue est un village de Lozère, presque à la limite des départements de l’Aveyron et de l’Hérault. Son altitude – 700 mètres – ne lui enlève pas un caractère de douceur, qui lui vient notamment du contraste avec les grands causses voisins et le plateau de l’Aubrac qui la surplombent. Le pèlerin de Compostelle peut y trouver un asile reposant. Les rues sont bordées de petits hôtels particuliers et la splendide collégiale romane Saint-Martin peut abriter leurs prières. La sortie de la messe, le dimanche matin, est un lieu de rencontres animé car La Canourgue ne vit pas que du tourisme mais encore de sa vie propre. Les commerces y sont nombreux, vivants et fréquentés.

À quelques kilomètres de là, dans l’Aveyron, le voyageur peut découvrir un joyau de l’art religieux médiéval qui s’appelle Conques ! Pour le pèlerin arrivant par le plateau de l’Aubrac, Conques – Cunca – porte bien son nom. On admire le courage et la ténacité de ceux qui ont bâti à flanc de montagne cette prouesse architecturale qui abrite les reliques de sainte Foy.

L’abbatiale est aujourd’hui desservie par une communauté de Prémontrés qui sont aussi les gardiens du Trésor. Cet ensemble est constitué d’exceptionnels reliquaires, notamment carolingiens, en or et pierres précieuses. Il avait été revendiqué par le musée du Louvre, mais les habitants de Conques qui le portent en procession le jour de la Sainte-Foy se sont opposés à ce transfert – ce qui était peut-être une mesure de prudence prémonitoire…

L’histoire de ce village nous apprend aussi qu’à la Révolution, le trésor fut dispersé chez des habitants qui le cachèrent dans les greniers, trappes, cheminées et seccadous – bâtisses où l’on fait sécher les châtaignes –, des religieux ayant simulé un vol avec effraction dans l’abbatiale afin de détourner l’attention des polices de la Convention.

L’engouement moderne pour le vieux Camino qui va de Notre-Dame du Puy à Saint-Jacques-de-Compostelle redonne vie à ces lieux médiévaux et manifeste la permanence de l’attrait pour ses beautés naturelles et architecturales qui, toutes, chantent la gloire de Dieu !