Dans le cadre des célébrations du Jubilé, le pape Léon XIV a présenté sa vision de l’éducation catholique au cours des derniers jours. Il a aussi proclamé saint John Henry Newman, 18e docteur de l’Église et co-patron (avec Thomas d’Aquin) de l’éducation catholique. Ces déclarations sont une grande aide actuellement, parce que la vision de Newman sur l’éducation est profondément catholique, intégrée, centrée sur la vérité et sur le Christ, et un guide sûr pour tous les éducateurs catholiques.
Le pape s’adressant aussi à des participants du Jubilé et à des étudiants, a prononcé une homélie et publié une Lettre apostolique pendant les évènements sur l’éducation. Il a touché certaines questions traditionnelles dans l’éducation catholique, mais y a ajouté des sujets qui lui sont propres et dignes d’être remarqués, en particulier un profond commentaire de Saint Augustin.
Il a tout d’abord mis l’accent sur l’importance d’une « intériorité » augustinienne, citant le saint : « Ceux à qui l’Esprit n’enseigne pas intérieurement repartent sans avoir rien appris…Ne regardez pas dehors, revenez en vous-mêmes. » Les étudiants ont besoin de développer une vie intérieure qui est entravée par une vie passée sur les écrans, ou superficiellement dans le monde. Il dit aux étudiants : « Dites dans votre cœur : ‘Seigneur, je rêve de plus ; je désire quelque chose de plus grand ; inspire-moi’ » Léon a ciblé le besoin qu’ont les éducateurs d’aider la jeunesse moderne à se centrer, à intérioriser et à se tourner paisiblement vers l’Esprit Saint dans leur éducation.
On peut maintenant reconnaître un thème papal connexe, qui est un usage prudent de la technologie. Léon encourage les étudiants à « humaniser le digital, et à le construire comme un espace de fraternité et de créativité – non une cage où l’on s’enferme, ni une addiction ni une fuite. Au lieu d’être des touristes sur le web, soyez des prophètes dans le monde digital. »
Il conseille aussi aux éducateurs : « Les technologies doivent servir, non remplacer la personne ; elles doivent enrichir le processus d’apprentissage, non appauvrir les relations et les communautés. » L’intelligence artificielle aura un énorme impact dans l’éducation et le développement humain. Et cela nécessitera la sagesse profonde et humaine de l’Église pour s’en servir correctement.
Plus loin, il souligne l’importance d’une « saine anthropologie chrétienne » (c.a.d. la compréhension de la personne humaine.) étant donnée les confusions rampantes de la modernité. « Les fondations demeurent les mêmes…la personne, image de Dieu (Gen. I 26) capable de vérité et de relation. »
Il est clair que nous devons éduquer la personne entière (intelligence, corps et esprit) : « Le désir et le cœur ne doivent pas être séparés de la connaissance ; cela reviendrait à fractionner la personne. » Les éducateurs doivent garder à l’esprit la primauté du développement spirituel de l’étudiant et l’apprentissage des vertus qui « ne peuvent pas s’improviser ».
Finalement il se concentre sur l’unité, se référant à sa devise pontificale augustinienne « en Lui qui est un (le Christ) nous sommes un ». Voilà une christologie merveilleusement radicale, dont la vision éducative de John Henry Newman se fait aussi l’écho.
Une des idées critiques de Newman dans L’idée d’une université est :
Toutes les branches de la connaissance sont liées, parce que tout objet de connaissance est intimement uni en soi-même, étant les actes et l’œuvre du Créateur. Ainsi les sciences, dont on peut dire qu’elles expriment notre connaissance, ont multiplié les incidences les unes sur les autres, et une sympathie interne et elles admettent, ou même demandent à être comparées et ajustées.
Ceci devrait encourager à apprécier profondément l’éducation aux arts libéraux. Léon offre son soutien à une telle vision, par des remarques comme : « L’école catholique permet un environnement dans lequel la foi, la culture et la vie s’entremêlent. Ce n’est pas seulement une institution, mais plutôt un environnement vivant dans lequel la vision chrétienne imprègne toutes les disciplines et tous les échanges, » et, « dans le sillage de la pensée de John Henry Newman, (Pédagogie catholique) s’oppose à une approche strictement mercantiliste qui souvent de nos jours oblige l’éducation à se mesurer en termes de fonctionnalité et d’utilité pratique. »
Le soutien de Léon à l’éducation catholique aux arts libéraux offre un remède à ceux qui ont cherché quelque chose qui soit différent de l’éducation laïque moderne, laquelle a été pesée et trouvée insuffisante.
Il y a aussi certains éléments préoccupants parmi ces observations au demeurant excellentes. Léon renouvelle le soutien du pape François au « Pacte Mondial sur l’Éducation », projet complètement laïc, riche de projets à la mode sur l’environnement et la justice sociale, et diversion par rapport à la vision chrétienne que les écoles catholiques offrent aux élèves sur ces sujets et beaucoup d’autres.
Il y a aussi des orientations progressistes dans la lettre, telles qu’une tendance à favoriser les causes nouvelles à la mode et à utiliser une partie du langage maintenant périmé du pontificat précédent (« construire des ponts » etc…)
Il semble parfois ménager ses mots, avec des déclarations telles que : « L’Eglise est “mère et maîtresse” non par suprématie, mais dans le service. » Le pape Pie XI dans son encyclique éducative magistrale Divini Ilius Magistri s’exprime en des termes résolument différents, « Tout d’abord, l’éducation appartient en premier à l’Eglise en raison d’un double titre dans l’ordre surnaturel, que Dieu Lui-même lui a conféré exclusivement ; de ce fait ce titre est absolument supérieur à n’importe quel autre dans l’ordre naturel. » Offrir un enseignement divin est précisément notre service en tant que catholique.
Malheureusement le titre même de la lettre « Dessiner de nouvelles cartes d’espérance » met en place une métaphore élargie de cartes, constellations etc…mais parfois, trop de métaphores deviennent confuses ou risquent de se télescoper ou de s’envoler dans l’éther. Ce n’est pas une carte que nous recevons, c’est une inspiration. Finalement, malgré tout ces quatre nouveaux textes montrent que le pape Léon est un avocat éloquent pour l’éducation catholique. Ses thèmes de prédilection aident à accomplir la tâche importante de faire avancer l’éducation catholique. Et ce faisant, il continue à rappeler aux étudiants et aux éducateurs de « regarder toujours plus haut, vers Jésus Christ, ‘Le soleil de justice’ (Lc I, 78) qui vous guidera toujours sur les chemins de la vie. »
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Daniel Guernsey, traduit par Isabelle
Source : https://www.thecatholicthing.org/2025/11/08/leo-xivs-vision-of-catholic-education/





