France-Algérie, la grande peur des bien-pensants - France Catholique
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France-Algérie, la grande peur des bien-pensants

Quand les parlementaires décident de s’affranchir des oukases de la gauche morale et associative, ils sont capables de servir l’intérêt national. Le vote d’une résolution dénonçant les accords de 1968 liant la France à l’Algérie, vient de le démontrer.
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© Philippe Lissac / Godong

Si l’on se limite à l’écume des choses, la résolution déposée par le Rassemblement national le 30 octobre avait tout du piège habilement conçu. La nécessité de dénoncer les accords extraordinairement favorables à l’Algérie – régime préférentiel pour la délivrance des permis de séjour, en matière de regroupement familial… –, est en effet approuvée depuis quelques mois bien au-delà des rangs du mouvement de Marine Le Pen. Laurent Wauquiez (LR), Édouard Philippe (Horizons) et même Gabriel Attal (Ensemble pour la République) s’étaient ainsi montrés sans ambiguïté. Dès lors, comment pouvaient-ils interdire à leurs troupes de voter un texte auxquels ils étaient favorables sur le fond ?

Le RN n’a pas manqué de se saisir de l’occasion en déposant une résolution, forçant ainsi ses concurrents ou ses adversaires soit à se dédire, soit à se joindre à lui. C’est la seconde option qui l’a emporté, à une voix près. Attention cependant à ne pas croire que la droite et le centre-droit parlementaires se sont massivement ralliés au texte du RN : seulement 52 % du groupe Droite républicaine, et 50 % du groupe Horizons & Indépendants ont voté pour ce texte, tandis que les élus macronistes avaient pour la plupart fui l’hémicycle, à commencer par Gabriel Attal ou Charles Rodwell, pourtant auteur d’un rapport dévastateur sur les accords de 1968 et leur coût – 2 milliards d’euros par an –, remis le 15 octobre.

Une forte portée symbolique

Ce vote, au-delà d’une lecture politicienne, est riche d’enseignements. Certes, l’adoption de cette résolution n’aura guère d’impact sur le réel – la négociation des traités internationaux faisant partie du « domaine réservé » de l’exécutif – mais sa portée symbolique est forte. Tout d’abord, elle indique qu’une partie de la classe politique est encore capable de ne plus s’émouvoir du procès en fascisme que l’extrême gauche déclenche lorsqu’il s’agit de sortir des clous de la bien-pensance. Ensuite, elle révèle le potentiel que pourrait avoir une droite capable de s’unir sur des sujets clés, non pas pour se satisfaire d’une éphémère victoire parlementaire, mais pour mettre fin à l’immobilisme lâche dans lequel s’englue la France. « D’inconcevable, de déraisonnable, l’idée de l’union des droites gagne du chemin de manière empirique au point de devenir concevable et raisonnable aux yeux de très larges segments de l’opinion. Elle n’est pas portée par une volonté générale des acteurs politiques mais la dynamique des événements la porte, comme si nécessité faisait loi », analyse Arnaud Benedetti dans Le Figaro (31/10).

« Cordon sanitaire »

Au lendemain de ce vote, la gauche politique et culturelle n’a pas manqué de rejouer la partition de l’arrivée imminente de la bête immonde. « Le jour où l’Assemblée nationale a voté un thème d’extrême droite » a solennellement titré Le Monde (31/10) : « Le “cordon sanitaire” marginalisant le RN ne tenait plus qu’à un fil. Il s’est rompu jeudi 30 octobre. » Même « subtilité » dans Libération (31/10) qui n’hésite à introduire son compte rendu de la journée par une allusion aux heures-les-plus-sombres-de-l’histoire : « La dernière fois que l’extrême droite a rallié à sa cause une majorité de voix à l’Assemblée nationale, Charles Maurras en avait éprouvé une ”divine surprise”. C’était le 10 juillet 1940, lors du vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain. » Mieux vaut sans doute en rire.