Vie politique : point critique - France Catholique
Edit Template
Saint John Henry Newman
Edit Template

Vie politique : point critique

Copier le lien
L'Assemblée nationale, de nuit, illuminée aux couleurs du drapeau français.

© Éric Niequist / Pixabay

Faut-il s’en étonner ? Le nouveau ministre de la Santé, Stéphanie Rist, fait partie de ceux qui s’étaient prononcés en faveur de l’inscription dans la loi du « droit à l’aide à mourir » – traduisez le suicide assisté et l’euthanasie. Elle-même est accompagnée d’un ministre délégué aux Personnes handicapées, favorable à ce que ce « droit » s’applique aux personnes handicapées. Reste à voir si ce nouveau gouvernement, à la durée de vie très aléatoire, fera de cette loi une priorité dans le marasme politique actuel. La nouvelle équipe tirera-t-elle les leçons des trois précédents gouvernements, Attal, Bayrou, Lecornu 1, qui tous ont voulu accélérer sur les lois sociétales – avortement et euthanasie – et tous ont connu une fin prématurée ? N’oublions pas que l’instabilité politique que nous connaissons tirent son origine, selon les experts, de la dissolution de juin 2024, qui avait suivi de peu la constitutionnalisation de l’IVG en mars. « C’est la corruption des âmes qui prépare toujours celle de l’esprit public », écrit Philippe de Villiers dans son dernier livre, Populicide (Fayard).

On peut voir dans cette coïncidence un simple hasard – nom laïc de la Providence –, mais on peut aussi y discerner une étonnante protection surnaturelle dont bénéficie notre pays… Rappelons que la France a été de nouveau consacrée au Sacré-Cœur fin juin à Paray-le-Monial, et que tant la Sainte Écriture que la Tradition de l’Église attestent qu’un ange gardien est attribué à chaque nation. « Au fond, écrivait André Charlier (1895-1971), nous restons une race paysanne penchée sur la réalité de la vie et de la mort et tirant de cette contemplation des leçons éternelles ».

De façon plus immédiate, la crise de confiance et de légitimité des élites politiques est certainement révélatrice d’une déconnexion plus profonde : celle de la nature de l’homme et de sa condition de créature. La volonté générale, qui est censée décider de la loi, peut-elle décréter ce qui est du bien et du mal, ce qui est moral ou non ? La Constitution française, conçue comme une garantie contre l’arbitraire du prince, peut-elle se passer des limites que sont la loi naturelle et la loi de Dieu ? Tels sont les enjeux soulevés par la situation politique dans laquelle la France apparaît aujourd’hui comme l’homme malade de l’Europe.

Par le passé, la France a montré qu’elle était capable de réagir au pied du mur. Ce qui faisait dire à Péguy, malgré ses analyses très lucides et très actuelles sur la faillite des élites dans la société moderne : « Il faut que France, il faut que chrétienté continue. » Comme un appel à ne pas capituler…

On cite aussi souvent la fameuse prophétie de saint Pie X, du 29 novembre 1911, sur le relèvement de la France après être tombée bien bas. Mais on oublie souvent qu’avant d’être une prophétie, il s’agit d’abord du désir de la conversion de la fille aînée de l’Église, sans laquelle rien ne sera possible.

Et pour cela, le même saint Pie X a prononcé en 1908 des paroles mémorables lors de la béatification de Jeanne d’Arc, celle qui rétablit la dimension sacrée y compris dans l’ordre de la politique : « Vous direz aux Français qu’ils fassent leur trésor des testaments de saint Remi, de Charlemagne et de saint Louis, qui se résument dans ces mots si souvent répétés par l’héroïne d’Orléans : « Vive le Christ, qui est Roi de France ». »