Dilexi Te, la première exhortation apostolique de Léon XIV - France Catholique
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Dilexi Te, la première exhortation apostolique de Léon XIV

Léon XIV a signé la première exhortation apostolique de son pontificat : Dilexi te (« Je t’ai aimé » Ap 3, 9). Rédigée en grande partie par François, elle rappelle que l’amour des pauvres est un chemin de sanctification.
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© Edgar belTran, the pillar / CC by-sa

« Tout acte d’amour envers le prochain est en quelque sorte un reflet de la charité divine. » Le 4 octobre, jour de la Saint-François-d’Assise, Léon XIV a signé sa première exhortation apostolique, Dilexi te. Commencé par le pape François avant sa mort, ce document d’une centaine de pages, publié le 9 octobre, porte sur l’amour envers les pauvres. Léon XIV y rappelle la mission de l’Église martelée par le Christ dans son Évangile : « “Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait“ (Mt 25, 40). (…) Si les fidèles ne rencontrent pas le Christ dans les pauvres qui se trouvent à la porte, ils ne pourront pas non plus l’adorer sur l’autel. » Par conséquent la charité « n’est pas une voie facultative, mais le critère du vrai culte ». Elle est la mission de tout chrétien, et pas seulement de quelques-uns.

« Les moins pourvus ne sont-ils pas des personnes humaines ? (…) La réponse que nous apportons à [cette question] détermine la valeur de nos sociétés et donc notre avenir. Soit nous reconquérons notre dignité morale et spirituelle, soit nous tombons dans un puits d’immondices » écrit encore Léon XIV. Car Dieu a conféré à tous les êtres humains la même dignité.

Au cœur de la Tradition

« Il n’est pas possible d’oublier les pauvres si nous ne voulons pas sortir du courant vivant de l’Église qui jaillit de l’Évangile et féconde chaque moment de l’histoire. » C’est pauvre parmi les pauvres que le Christ s’est manifesté à l’homme et lui a apporté le salut, « afin de vous enrichir par sa pauvreté » (2 Co 8, 9).

Le Saint-Père convoque l’histoire bimillénaire, rappelant que « le souci des pauvres fait partie de la grande Tradition de l’Église ». À la suite des premières communautés chrétiennes, les Pères de l’Église « ont reconnu dans les pauvres un moyen privilégié d’accéder à Dieu » ; saint Bernard de Clairvaux recommandait de « soutenir et de prendre soin des pauvres » ; les Filles de la Charité de saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac leur offrirent des « oasis de dignité ».

Léon XIV mentionne également l’influence de la doctrine sociale de l’Église : « Le Magistère des 150 dernières années offre une véritable mine d’enseignements concernant les pauvres », citant, entre autres, l’encyclique Rerum novarum du pape Léon XIII (1891).

Reprenant les textes magistériels qui ont marqué les dernières décennies, le Pape précise que « la religion, en particulier la religion chrétienne, ne peut se limiter à la sphère privée comme si elle n’avait pas à se préoccuper des problèmes touchant la société civile et les événements qui intéressent les citoyens. »

L’éducation, une priorité

Le Saint-Père revient sur un point crucial, celui de l’éducation des pauvres. « Depuis les temps les plus reculés, les chrétiens ont compris que la connaissance libère, donne de la dignité et rapproche de la vérité. Pour l’Église, enseigner aux pauvres est un acte de justice et de foi. » À l’aide concrète et pratique (et nécessaire), doit être conjuguée l’approche spirituelle et éducative. « Pour la foi chrétienne, l’éducation des pauvres n’est pas une faveur, mais un devoir. Les petits ont droit à la connaissance, condition fondamentale pour la reconnaissance de la dignité humaine » rappelle Léon XIV pour qui l’éducation des pauvres est la charité en actes. « Les enseigner, c’est affirmer leur valeur en leur donnant des outils pour transformer leur réalité. » Au XVIIe siècle, saint Jean-Baptiste de La Salle, fondateur des Frères des Écoles chrétiennes, considérait d’ailleurs « l’acte d’enseigner comme un service rendu au Royaume de Dieu ».

L’Église est d’abord « pour Dieu » avant d’être « pour les pauvres » rappelle Léon XIV. Mais, à travers les pauvres, le Christ rappelle aux chrétiens leur mission et la réalité de sa miséricorde.