Martyrs du XXIe siècle : les pierres qui crient - France Catholique
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Léon XIV et saint Augustin
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Martyrs du XXIe siècle : les pierres qui crient

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Commémoration des martyrs et témoins de la foi du XXIe siècle, 14 septembre 2025 par le Pape Léon XIV en la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.

« Qu’est-ce que Rome, sinon les Romains ? », interrogeait saint Augustin lors du pillage de Rome par les barbares en 410. À la suite d’Augustin, « qu’est-ce que l’Église, sinon les chrétiens ? », pourrait-on demander, alors que la triste litanie des églises vandalisées, détruites, ou profanées s’allonge en cette rentrée, du Béarn à l’Aisne… Dans nos colonnes, Mgr Marc Aillet répond par un vibrant plaidoyer en faveur d’un regain de la ferveur eucharistique, pour retrouver le sens de la Présence réelle, trésor des trésors de l’Église. L’été dernier à Sainte-Anne-d’Auray, le cardinal Sarah avait également insisté : « Nos églises ne sont pas des salles de spectacle, ni des salles de concerts ou d’activités culturelles (…). L’église, c’est la maison de Dieu. Elle lui est exclusivement réservée. »

À défaut de ce sursaut attendu, ce ne sont plus seulement les pierres qui crieront, pour paraphraser l’Évangile (Luc 19), mais les chrétiens eux-mêmes. C’est déjà le cas dans de nombreux pays, selon le décompte de 1624 martyrs chrétiens, toutes confessions confondues, recensé par le Vatican depuis le début du XXIe siècle sur tous les continents. « La persécution des chrétiens n’est toujours pas terminée aujourd’hui ; pire, elle s’est même intensifiée », a déclaré Léon XIV le 14 septembre.

La véritable espérance

Pour autant, leur témoignage ne doit pas tant nous porter à la lamentation – même si la compassion est requise pour tous ces frères chrétiens. Mais plutôt à tenter de comprendre quelle véritable espérance ils nous donnent. Pour Léon XIV, la réponse est claire : c’est celle de l’immortalité et de « la communion la plus vraie avec le Christ » permise par le martyre.

Là encore, la sagesse de saint Augustin est précieuse pour affronter les convulsions de notre époque : « Les temps anciens ne te semblent meilleurs que parce qu’ils ne sont pas les tiens. » Du point de vue de l’intensité de la violence, rien de nouveau sous le soleil hélas, et le « c’était mieux avant » n’est pas de mise. Il n’est que de se souvenir des trois siècles de persécution subie par les chrétiens avant la naissance de l’évêque d’Hippone. Mais depuis que les maîtres du soupçon – Marx, Freud et Nietzsche – ont tenté d’éteindre la lumière de l’espérance dans les esprits, il est permis de penser que nos ancêtres dans la foi, du moins les saints, avaient cette confiance en la Providence divine, qui mystérieusement mène l’histoire, à travers les adversités et les soubresauts de la liberté humaine.

Dès lors, que faire au milieu des calamités, interrogeait Dom Vital Lehodey, auteur du maître ouvrage Le Saint Abandon ? « Nous souvenir que nous sommes dans la main du Père (…) et faire notre devoir. » C’est ce qu’ont accompli à merveille les Carmélites de Compiègne, récemment canonisées, et à qui un hommage a été rendu à Notre-Dame de Paris le 13 septembre. Le pape Léon XIV, qui décidément aime les saints français, a envoyé un message à cette occasion, pour souligner « la fécondité mystérieuse de leur vie donnée par amour en suivant la voie tracée par le Christ », elles qui avaient versé leur sang en 1794 « pour que la paix soit rendue à l’Église et à l’État ». Dix jours plus tard, la Terreur prenait fin.