Quelle est la mission de l’Enseignement catholique ? La loi Debré affirme son « caractère propre » sans le définir…
Mgr Matthieu Rougé : L’Enseignement catholique a la mission d’aider les enfants et les jeunes qui lui sont confiés à se construire intellectuellement, humainement et spirituellement à la lumière du Christ et dans l’esprit de l’Évangile. Le « caractère propre » ne concerne pas seulement la dimension confessionnelle de nos établissements mais aussi leur structuration spécifique : mission du chef d’établissement, participation des parents à la communauté éducative, projet pédagogique propre… Ce « caractère propre » dans toute sa richesse, confessionnelle et pédagogique, contribue amplement à la qualité de nos établissements, à leur attractivité et à la contribution qu’ils peuvent apporter à l’effort éducatif global dans notre pays.
Comment affirmer ce caractère propre ? Quelle est la marge de manœuvre de l’Enseignement catholique face à l’État ?
La question est moins d’affirmer ce caractère propre que de le mettre en œuvre, dans un esprit authentiquement chrétien. Ici ou là, il peut y avoir des tensions entre tel établissement et tel recteur sur la présentation de la catéchèse ou des cours de culture religieuse ou chrétienne : c’est par le dialogue, serein et exigeant, qu’il doit être possible d’avancer. Certains esprits critiques insistent sur la liberté de conscience des élèves comme si elle était remise en cause par les propositions catéchétiques. Il faut leur répondre que la foi chrétienne ne remet pas en cause la liberté de conscience mais en constitue au contraire une expression majeure : la liberté de croire et de grandir dans la foi doit être pleinement respectée. Les enjeux éducatifs contemporains – maintien d’un niveau suffisant, lutte pour la bientraitance de tous par tous, rapport ajusté aux nouvelles technologies… – sont tels que nous ne pouvons décemment pas rejouer indéfiniment la guerre scolaire. Les forces de tous doivent se conjuguer au service de la croissance de l’ensemble des élèves.
Bon nombre de chefs d’établissement se sont sentis « un peu seuls » lors des inspections diligentées par les rectorats. Comment les évêques peuvent-ils les soutenir ?
Les évêques ont, je crois, à cœur, avec leurs directeurs diocésains, d’être proches de leurs chefs d’établissement en participant, comme je le fais, aux réunions de rentrée et de fin d’année, aux temps spirituels et aux sessions de formation, ainsi qu’en allant régulièrement sur le terrain à la rencontre des jeunes et des communautés éducatives. Certaines inspections des derniers mois ont en effet été inutilement agressives (les pouvoirs publics en ont pris conscience, je pense, après que cela leur a été signalé) ; d’autres se sont passées paisiblement ; la plupart se sont conclues par des avis positifs. Le contexte global n’est pas facile et il nous faut l’aborder sans illusion ni faiblesse, mais sans durcir pour autant ce qui n’a pas besoin de l’être.
Comme nouveau président du Conseil pour l’éducation catholique, je veux en tout cas, en cette rentrée, en communion avec tous mes frères évêques, assurer les élèves, les familles, les chefs d’établissements, les enseignants, les aumôniers et prêtres référents, les adjoints en pastorale scolaire et tous les acteurs de l’Enseignement catholique de mes encouragements, de mon soutien et de ma prière. L’Enseignement catholique constitue un magnifique instrument : faisons en sorte qu’il porte tous les fruits dont notre temps a besoin.