Clermont est une ville noire, bâtie avec la pierre de lave, dominée par sa cathédrale Notre-Dame-de l’Assomption où siégea un temps une imposante Vierge noire, aujourd’hui retournée dans la crypte de la basilique Notre-Dame-du-Port restaurée. Les vrais Clermontois se reconnaissent à l’amour qu’ils portent à cette pierre sombre, contrairement aux Clermontois d’adoption qui se demandent toujours quand on va procéder au ravalement !
La ville doit son nom au Clarus mons, le mont auprès duquel les habitants ont toujours trouvé refuge lors des invasions. Cette origine est tout un symbole, qui montre que la Gaule n’a trouvé un ordre et une civilisation que sous la paix romaine. Pourtant, c’est la région de Vercingétorix qui réunit ici les tribus de la Gaule pour tenter de secouer le joug romain, en vain. César lui infligea le supplice des vaincus mais aussi celui des parjures car Vercingétorix, comme les autres chefs gaulois, devait sa place et son autorité à un édit de César.
De brillants ecclésiastiques
L’Auvergne fut une grande province de la civilisation gallo-romaine et son fruit le plus prestigieux fut saint Sidoine Apollinaire, évêque de Clermont-Ferrand, dont la correspondance avec saint Remy est un modèle de littérature cicéronienne et de sagesse politique. L’Auvergne produira de brillants ecclésiastiques aux temps mérovingiens comme saint Avit et son disciple, saint Grégoire de Tours, pour ne nommer qu’eux.
En lisant les correspondances entre les évêques de la Gaule romanisée, soucieux de trouver un pouvoir politique capable de les décharger de leurs responsabilités de gardiens de la cité, on songe à la formule de l’historien anglais Gibbons : « Les évêques ont fait la France comme les abeilles font la ruche. » C’est en effet une « conspiration » de saints évêques qui a institué, par Clovis, le royaume protecteur des villes et des campagnes dont ils étaient les préfets.
Clermont-Ferrand fut aussi le siège de nombreux conciles et c’est de cette cité profondément religieuse que le pape Urbain II prêcha la première croisade.
Longtemps après, la ville a vu naître Blaise Pascal, esprit prodigieusement doué et fortement tourmenté à qui nous devons un précis d’apologétique chrétienne non terminé, comme un recueil de ses pensées, chef-d’œuvre de la littérature religieuse et morale.
Pascal est un moraliste. Il décrit les mœurs et fouille les ressorts de l’âme dans ses recoins les plus secrets. Son expérimentation du cœur humain en a fait le modèle de l’analyse morale, discipline devenue une des gloires de la littérature française. Sa verve polémique l’empêchera sans doute d’accéder à un titre quelconque de docteur de la foi, mais la fulgurance de ses intuitions, jointe à la vérité du sentiment et au bonheur de l’expression, en ont fait un auteur incontournable de la spiritualité française.
On ne sait ce qu’il faut le plus admirer dans ce jeune homme mort avant 40 ans, des dons du mathématicien qui inventa la première machine à calculer pour aider son père dans le calcul des impôts, du physicien qui définit le vide, ou du théologien qui découvrit « le Dieu sensible au cœur » ! Le lien qui unit toutes ces qualités est la pureté de sa langue, point d’achèvement du siècle classique dont il est une des plus belles figures.
Le fleuron Michelin
La tradition d’excellence intellectuelle et scientifique est toujours présente à Clermont qui vit principalement de la présence des usines Michelin. L’université y accueille les jeunesses à l’entour des villes de Mende, Le Puy, Aurillac… concurrençant Lyon, Montpellier et Toulouse. Cette jeunesse peut trouver dans le passé brillant de la ville les racines qui dessineront son avenir.