Saintes Marie et Anne, mères de l’espérance - France Catholique
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Saintes Marie et Anne, mères de l’espérance

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L’Éducation de la Vierge, v. 1735-1737, Charles Antoine Coypel. © Speed Art Museum

Au sommet de la basilique Sainte-Anne-d’Auray figure une représentation originale de la mère de la Vierge Marie : elle tient dans sa main un flambeau. La symbolique, évidente, est celle de l’espérance, de la lumière qui brille dans la nuit. Espérance du peuple d’Israël, dont la femme de saint Joachim, infertile, sera la racine féconde en devenant la grand-mère du Christ. Espérance contre vents et marées des chrétiens d’aujourd’hui, pour que renaisse en France une foi bien anémiée, même dans les territoires de vieille souche comme en Bretagne.

Se retrousser les manches

Mais l’espérance n’est pas une simple attente passive. De même qu’Anne et Joachim ont prié jour et nuit, dans le jeûne et les larmes, pour implorer la bienveillance de Dieu, il faut se retrousser les manches pour espérer un jour un nouveau printemps de l’Église. À cet égard, la minutieuse préparation de deux ans et le quadrillage systématique du terrain, écoles et paroisses, pour ce Jubilé des apparitions constitue un bon exemple. C’est aussi ce que demandait sainte Anne au paysan Nicolazic il y a 400 ans, indiquant qu’il fallait rebâtir une chapelle tombée en ruines, afin de réveiller un culte millénaire. Dieu a la mémoire longue, et ses projets subsistent d’âge en âge…

La deuxième indication laissée par sainte Anne, à travers ses représentations, c’est le livre qu’elle transmet à Marie enfant. Image de la Sainte Écriture, dans laquelle la Vierge a baigné dès son enfance. Image aussi de la nécessaire transmission aux générations suivantes. La rupture brutale des années 1970-1980, de laquelle nous ne sommes hélas pas encore sortis, implique pour être enrayée d’assumer une priorité forte et des efforts constants pour ré-enraciner la foi dans la tradition biblique et liturgique, ainsi que dans un catéchisme digne de ce nom. Faute de quoi l’on risque d’en rester à une foi purement émotionnelle.

Mais l’histoire de la maternité miraculeuse de sainte Anne montre que rien n’est impossible à Dieu, comme l’ange l’avait affirmé à Marie lors de l’Annonciation. D’autant que le terreau est bon. Le dernier enseignement de sainte Anne est le solide appui de la culture populaire, qu’elle soit régionale ou nationale. Il se pourrait ainsi que la hausse récente des baptêmes d’adultes ne soit que le signe de la nature profondément spirituelle des Français qui ressurgit. André Charlier a magnifiquement décrit dans Que faut-il dire aux hommes (primé par l’Académie française en 1969) la permanence de la « vieille sève » française, loin d’être morte, « parce que l’eau du baptême s’y trouve mêlée de telle façon qu’on ne sait plus ce qui est de la nature et ce qui est de la grâce ».