Indémodable sainteté - France Catholique
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Le saint Curé d'Ars
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Indémodable sainteté

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Saint Curé d'Ars.

© Fred de Noyelle / Godong

Le saint Curé d’Ars, modèle d’évangélisation pour aujourd’hui. En citant un humble prêtre français canonisé il y a 100 ans comme susceptible de créer un « nouvel élan missionnaire » en France, le pape Léon XIV n’a pas fait qu’indiquer une sollicitude pour notre pays.

Ce faisant, le Souverain pontife est venu aussi balayer en douceur les préjugés, tenaces, à l’encontre du Curé d’Ars, dont la figure était jugée dans certains milieux vieillotte, voire dépassée, car correspondant à un type de prêtre issu du concile de Trente. Et donc mettant en priorité le sacrifice de la messe comme constitutif de l’identité du prêtre, plutôt que la mise en œuvre de schémas pastoraux et de réformes de structures. C’est sans doute la raison pour laquelle Benoît XVI avait dû renoncer à déclarer saint Jean-Marie Vianney comme patron des prêtres du monde, après l’avoir envisagé un temps – il le reste pour tous les curés de l’univers…

Méthodes éprouvées

Or on ne peut rien comprendre au Curé d’Ars sans parler de son lien avec la Présence réelle, estimait récemment un prêtre de la Société Jean-Marie-Vianney, fondée en 1990 pour former des prêtres à l’imitation de leur saint patron, à une époque où cela n’était pas bien vu…

De fait, quand il est arrivé à Ars, le saint Curé a commencé par remettre en état l’église, pour honorer Dieu par une belle liturgie : « Rien n’est trop beau pour Dieu. » Il n’y avait alors plus que quelques familles vraiment chrétiennes, ainsi qu’un seul séminariste. Bref, une situation quasi perdue en apparence, dans laquelle bien des diocèses d’aujourd’hui pourraient se reconnaître… Puis il a enseigné le catéchisme aux enfants, tous les matins, pour remédier à l’ignorance religieuse après la Révolution. Enfin, il a formé une élite parmi ses paroissiens, grâce notamment aux confréries du Saint-Sacrement et du Rosaire. La messe, la foi, des disciples : des priorités d’apostolat qui restent valables pour aujourd’hui.

C’est ainsi que le Curé d’Ars a hérité du beau titre d’« apôtre d’un siècle désespéré » de la part d’un ancien directeur de France Catholique. Il s’agissait du XIXe siècle, mais le nôtre pourrait aussi répondre à cette définition, quand le seul horizon proposé est de donner la mort aux moins bien portants de notre société.

Si donc le saint Curé demeure apôtre en 2025 à titre de modèle à suivre, c’est que la véritable sainteté est atemporelle. Elle transcende les siècles, car elle dit quelque chose de Dieu.

Au fond, comme le remarquait déjà un prêtre dans nos colonnes, le Curé d’Ars nous rappelle que le cœur de l’homme est malade. « Le bon Dieu veut nous rendre heureux et nous ne le voulons pas », disait-il. En le proposant comme exemple pour l’évangélisation, le pape Léon XIV montre ainsi que toute réforme efficace de l’Église commence par un retour aux sources, par une régénération du cœur. Comme le prophète saint Jean-Baptiste, qu’il avait ajouté à son prénom lors de sa confirmation, le Curé d’Ars a annoncé à sa manière à son temps et au nôtre : « Repentez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche », et en indiquant le remède : la miséricorde de Dieu. Et il a été entendu.