« Le rôle essentiel de l’Église dans la défense des Juifs » - France Catholique
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« Le rôle essentiel de l’Église dans la défense des Juifs »

Co-auteur avec son épouse Beate du monumental Mémorial de la déportation des Juifs de France, l’avocat, fils de déporté, souligne avec constance que l’Église en France peut être fière de son attitude face à la Shoah.
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Mgr Henri Chappoulie

Confirmez-vous, à rebours d’une certaine légende noire, que l’Église en France a joué un rôle clé pour faire obstacle aux persécutions infligées aux Juifs en France ?

Serge Klarsfeld : Je confirme le rôle majeur joué par les églises catholique et protestante dans le sauvetage des Juifs de France. Par leur pression sur le gouvernement de l’État français à Vichy, elles ont obtenu que Laval freine sa coopération policière massive avec la Gestapo pendant l’été 1942 – 33 convois de mille Juifs en onze semaines –, alors que la Wehrmacht fonçait sur Stalingrad et sur Le Caire.

L’Église a-t-elle déployé son action clandestine tant en faveur des Juifs français que des Juifs étrangers ?

En 1942, la cible de la Gestapo et de Vichy était essentiellement les Juifs étrangers et leurs enfants, dont la grande majorité étaient français. Pendant l’été 1943, l’Église catholique – en particulier grâce à l’action de l’abbé Henri Chappoulie, prélat de Sa Sainteté et représentant de l’épiscopat auprès du gouvernement de Vichy – a été efficace pour obtenir de Pétain qu’il refuse la dénaturalisation des Juifs naturalisés français après la loi du 10 août 1927.

Vous vous êtes étonné que l’Église d’aujourd’hui ne soit pas fière des actions que des membres du clergé ont entreprises durant la guerre. Comment expliquez-vous cette frilosité ?

Je pense que l’Église des années 2000 n’avait pas encore appris et compris le rôle essentiel qu’elle avait joué en 1942 et en 1943 dans la défense des Juifs, par la pression sur Vichy et par l’influence qu’elle avait sur la population.

Quelles sont les autres institutions qui, sous l’Occupation, se sont montrées soucieuses des Juifs persécutés et prêtes à prendre des risques pour eux ?

Je songe en premier lieu aux organisations juives américaines qui ont financé les œuvres juives plus au moins clandestines et permis à la population juive appauvrie de ne pas finir dans la rue où elle aurait été arrêtée. Dans une période où toutes les organisations et institutions démocratiques étaient closes, tous ceux qui, à titre individuel, avaient été formés par ces organisations avant la guerre et s’étaient indignés du traitement subi par les Juifs, sont passés à l’action.