La confrérie des Enfants de Marie Immaculée, une élite spirituelle - France Catholique
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Euthanasie : la fuite en avant
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La confrérie des Enfants de Marie Immaculée, une élite spirituelle

Demande de la Vierge à sainte Catherine Labouré, la confrérie des Enfants de Marie Immaculée a formé une véritable élite spirituelle, diffusant l’Évangile dans les milieux populaires.
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Procession mariale du 15 août, 1894, Jan Verjas, Schaarbeek, Belgique.

« La Sainte Vierge veut que vous commenciez un ordre. Vous en serez le directeur. C’est une confrérie d’Enfants de Marie » : voici le message que Catherine Labouré transmettra à son confesseur, le Père Jean-Marie Aladel, à la suite des apparitions dont elle a été gratifiée, rue du Bac. Il faudra attendre quelques années avant que cette demande ne soit exaucée. La confrérie des Enfants de Marie Immaculée sera fondée en 1837 par les Filles de la Charité et les lazaristes, puis encouragée dix ans plus tard par Pie IX.

À cette époque, il existe déjà quelques associations du même type, mais destinées seulement aux jeunes filles issues de milieux aisés. Au contraire, la nouvelle confrérie s’adresse aux jeunes filles les plus pauvres, celles qui fréquentent habituellement les écoles et les ouvroirs des Filles de la Charité.

L’objectif de l’association est « d’honorer et de faire honorer Marie immaculée par l’imitation de ses vertus, particulièrement de sa pureté, de son humilité, de son obéissance et de sa charité ». Ces quatre vertus composent l’esprit de l’association qui souhaite amener ses membres à développer une vie chrétienne généreuse sous le patronage de la Vierge Marie, modèle à suivre en toutes circonstances.

Douceur, piété et dévouement

Les membres de la confrérie doivent chercher leur sanctification personnelle par « une grande fidélité à toutes les obligations de la vie chrétienne » et « une parfaite exactitude à remplir les devoirs de leur état ». Une vie d’Enfant de Marie, faite de douceur, de piété, de dévouement et de simplicité, permet d’acquérir sur l’entourage, et particulièrement la famille, « une puissante et salutaire influence » afin d’exercer un véritable apostolat : l’exemple est le meilleur moyen pour faire comprendre que la foi apporte paix et bonheur.

Cette confrérie concerne les adolescentes qui peuvent l’intégrer librement après leur première communion, et jusqu’à leur entrée dans le monde adulte, souvent marqué à cette époque par le changement de statut social : mariage ou prise de l’habit religieux. C’est une façon de poursuivre la formation spirituelle des jeunes filles après un parcours catéchétique classique. Les enfants de Marie incarnent un idéal de vie féminin privé, social, professionnel et religieux. Être enfant de Marie devient un gage de sérieux, et il n’est pas rare que l’appartenance à la confrérie soit un argument de poids lors des entretiens d’embauche.

Port de la Médaille miraculeuse

Les Enfants de Marie se consacrent à la Sainte Vierge le jour de leur entrée dans l’association et suivent des pratiques de piété bien établies : port de la Médaille miraculeuse, prière vocale du matin et du soir, récitation d’au moins une dizaine de chapelet, lecture spirituelle et méditation. À ces prescriptions quotidiennes s’ajoutent une réunion hebdomadaire, le dimanche, pour réciter en commun le petit office de l’Immaculée Conception ; une retraite mensuelle d’une journée ; la messe de communion deux fois par mois ; la pratique du mois de Marie.

La Médaille miraculeuse revêt pour les Enfants une importance extrême car elle est « comme leur décoration et l’insigne de leur dignité ». Au XIXe siècle, on est beaucoup plus précautionneux qu’aujourd’hui avec les objets bénis, et la médaille ne doit pas être systématiquement portée en dehors des réunions officielles, « afin de ne pas exposer cette image sacrée aux insultes et aux railleries ». Plus tard se développe le bracelet-chapelet de l’Immaculée Conception, composé de la Médaille miraculeuse et de 63 grains sur lesquels on récite la célèbre invocation : « Ô Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous. »

Au moment de sa consécration, chaque jeune fille reçoit un manuel qui retrace l’histoire de la confrérie et donne le texte du cérémonial de l’intronisation. On y trouve également des conseils spirituels, ainsi qu’un recueil de prières, des pratiques de piété – chemin de croix, différents types de scapulaires – et quelques sujets de méditation. Ce manuel est parfois le seul livre que la jeune fille puisse posséder. Il est censé l’accompagner toute sa vie et l’aider dans la pratique des vertus mariales.

La confrérie est constituée selon un mode associatif classique. Le directeur est un prêtre, la directrice une Fille de la Charité. Un conseil consultatif, composé de jeunes filles élues par leurs pairs, favorise l’apprentissage des responsabilités.

Immense succès

La confrérie va se répandre partout où les Filles de la Charité sont présentes, en France et dans le monde. Devant l’immense succès rencontré, elle n’est plus exclusivement réservée aux jeunes filles qui fréquentent les institutions des Filles de la Charité, et chaque paroisse peut ouvrir sa propre association. Après 1876, presque toutes les paroisses françaises proposent cet engagement aux adolescentes. Les Enfants de Marie participent en groupe aux manifestations religieuses : processions, pèlerinages locaux. Elles animent la vie paroissiale en s’occupant de la chorale, du fleurissement des autels, de l’entretien des linges liturgiques. Elles sont souvent amenées à visiter les paroissiens malades, ou à identifier les âmes en détresse. Les prêtres constatent tous une renaissance de la piété dans les paroisses où la confrérie est établie. Écoles et pensionnats catholiques, eux aussi, proposent à leurs élèves d’intégrer la confrérie, et chacun publie alors son manuel personnalisé.

150 000 Enfants de Marie

Une branche adulte se développe également. Elle permet aux Enfants de Marie mariées de rester au sein de l’association qui leur apporte assistance pour nourrir avec persévérance leur foi. Au début du XXe siècle, les confréries mettent en place tout un réseau d’entraide et elles évoluent dans le sens d’une véritable action sociale. En 1925, on compte environ 150 000 Enfants de Marie. Les trois quarts sont en Europe, particulièrement en France, Italie, Espagne et Pologne.

Devenue, en 2009, la Jeunesse mariale vincentienne, l’association, désormais mixte, accueille aujourd’hui 60 000 jeunes, et revendique toujours fièrement sa filiation spirituelle, celle de saint Vincent de Paul et de sainte Louise de Marillac – et sa piété mariale.