Euthanasie : un choix crucial - France Catholique
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Euthanasie : la fuite en avant
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Euthanasie : un choix crucial

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© Assemblée nationale

Dimanche, devant l’immense foule qui emplissait la perspective de la place Saint-Pierre jusqu’au Tibre, le nouveau Pape, Léon XIV, débutait son homélie par une citation célèbre de saint Augustin : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi. »

Par cette simple formule, il distinguait tout ce qui fait la dignité infinie de l’homme, son secret qui n’apparaît que dans son lien de ressemblance avec Dieu. La difficulté de notre époque, c’est qu’elle a prétendu se libérer de ce secret, pour ériger l’homme en fin de lui-même.

Ce ne sont pas forcément les chrétiens qui ont perçu les dommages considérables de cet humanisme qui se voulait émancipé. Lorsqu’un Gunther Anders s’inquiète de l’obsolescence de l’homme, un Jacques Ellul des vertiges de la technique, ou encore un Zigmunt Bauman d’une société liquide qui défait les liens sociaux, ils désignent une blessure profonde qu’une certaine toute-puissance entendait effacer.

Enjeu métaphysique

Un Michel Houellebecq ne se trompe pas lorsqu’il désigne une dimension métaphysique dans la loi qui entend légitimer l’euthanasie. On a pu dire à juste titre que cette légitimation supposait une rupture de civilisation, mais cette rupture était engagée depuis ce que le grand théologien Romano Guardini avait désigné comme l’erreur des temps modernes. Dans sa prétention à maîtriser totalement son destin, ne serait-ce que sous le prétexte de « mourir dans la dignité », l’homme contemporain s’abandonne à une fatalité mortifère, qui justifie toutes les craintes de Jean-Paul II sur ce qu’il appelait une culture de mort.

C’est aussi l’occasion de s’interroger sur la notion de laïcité à la française, en laquelle certains attachent tous leurs espoirs de solution de nos difficultés. La séparation du spirituel et du temporel ne se justifie que dans une certaine mesure, d’autant qu’elle est souvent mensongère.

Le rejet dans la sphère privée de la dimension religieuse s’opère souvent en faveur de la promotion d’idéologies séculières qui ont la prétention de se substituer à l’éclairage qu’apportait la Révélation chrétienne. Certes, la démocratie a la prétention de protéger la liberté de conscience, mais elle constitue elle aussi une alternative de civilisation, en détruisant les structures familiales et en promouvant une conception sociétale qui s’impose aux habitudes et aux consciences.

On est donc bien obligé de constater un désaccord fondamental, aux conséquences gravissimes. Lorsqu’on abandonne la vision augustinienne des profondeurs de l’homme, on s’adonne à une conception dont on s’apercevra combien elle est totalitaire. La loi sur la fin de vie portera atteinte tout d’abord aux plus pauvres, aux plus démunis, à tous ceux que l’on persuadera qu’ils ont perdu toute dignité à vivre.

Dès lors, ne serons-nous pas dans la situation du bienheureux Mgr Clemens von Galen (cf. FC N° 3859), l’évêque qui s’opposa publiquement à la monstrueuse entreprise nazie de suppression des handicapés mentaux ? Oui, il s’agit bien d’un tournant de civilisation, où il en va de notre humanité même.