Léon XIV, un fils de saint Augustin - France Catholique
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Léon XIV un pape spirituel et missionnaire
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Léon XIV, un fils de saint Augustin

Le nouveau Pape fut prieur général de l’ordre de Saint-Augustin. Une filiation qui l’inspire.
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© Fred de Noyelle / Godong

Léon XIV, un Pape augustinien ? Sans aucun doute, ne serait-ce qu’en raison de son appartenance à un ordre religieux, explicitement relié au grand évêque d’Hippone. Il fut prieur général de l’ordre de Saint-Augustin, au cours de deux mandats, de 2001 à 2013. On est en droit de déduire que ce choix était fondé sur une relation profonde à l’égard de la pensée et de la spiritualité de cet immense docteur de l’Église. Peut-être en saurons-nous beaucoup plus sur cette filiation, si des textes écrits par Robert Francis Prevost nous étaient communiqués sur le sujet. On a tout juste appris qu’il reprenait souvent la fameuse phrase qui vaut tout un traité de théologie : « Fecisti nos ad te et iquietum est cor nostrum donec requiescat in te » : « Tu nous as faits pour Toi et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en Toi ».

Une démarche de tout l’être

Cette formule des Confessions résume à elle seule tout l’itinéraire personnel d’Augustin jusqu’à sa conversion. Ce livre unique, chef-d’œuvre de la littérature latine et même universelle, indique un chemin intérieur dans la découverte de la foi qui entraîne le lecteur à une démarche personnelle. La foi ne se résume pas en discours autorisés de nature dogmatique, si nécessaires soient-ils. Elle suppose une démarche de tout l’être jusqu’au point ultime de la rencontre avec Dieu.

On a donc toute possibilité d’imaginer comment ce qu’on appelle la pédagogie augustinienne a pu inspirer notre nouveau Pape, à toutes les étapes de son ministère, d’autant qu’elle n’a rien perdu de son impact aujourd’hui et qu’elle peut toucher les générations actuelles dans les méandres et les incertitudes de leurs parcours. à combien de contradictions s’est heurtée cette âme inquiète, qui passe par des phases morales et intellectuelles si contrastées ? N’est-elle pas vraiment moderne cette âme qui progresse et régresse, qui se trouve à l’égard du Dieu chrétien en état d’aversion avant qu’il n’y ait conversion ?

Lors de sa première messe célébrée en tant que successeur de Pierre, le vendredi 9 mai dans la chapelle Sixtine, Léon XIV a fait explicitement mention des difficultés des mentalités contemporaines à adhérer au message de la foi. C’est dire la nécessité de cette pédagogie qui s’adresse à l’âme inquiète ou rebelle.

Comment ne pas se rappeler que notre augustinien a un prédécesseur particulièrement marqué par la pensée de l’évêque d’Hippone ? Benoît XVI, en l’espèce le Pape théologien par excellence, a toujours affirmé sa dette à l’égard de saint Augustin dans l’élaboration de sa pensée personnelle. Il est important de noter que c’est notamment dans le domaine ecclésiologique que cette influence apparaît. Son biographe Peter Seewald rappelle ainsi que c’est grâce au grand docteur que Joseph Ratzinger a pu dénoncer certaines incertitudes autour du concile Vatican II « notamment la tentation de décrire l’Église comme le peuple de Dieu en termes plus ou moins empiriques ou sociologiques, pour ne pas dire politiques » (Benoît XVI. Une Vie, éd. Chora, 2022).

Le don de la grâce

La grande méprise consiste à se cacher que l’Église, peuple de Dieu, ne vit pas d’elle-même, mais en vertu de la grâce de l’Esprit Saint donnée par les sacrements, surtout l’Eucharistie : « C’est ce don ininterrompu de la grâce du Christ qui rassemble un peuple à travers la terre et lui donne vie comme Corps Mystique. »

Les gestes inauguraux du pontificat de Léon XIV confirment tout à fait cette approche de la nature sacramentelle et eucharistique de l’Église, qui lui permet de se construire tous les jours. C’est donc sous des auspices théologiques précieux que s’annonce ce ministère pétrinien.