La foi et la papauté - France Catholique
Edit Template
L'Église dans l'attente
Edit Template

La foi et la papauté

Copier le lien

L'incrédulité de Saint Thomas, le Caravage, 1602. [Sanssouci, Postdam, Allemagne]. © SPSG Berlin-Brandenburg/Murza, Gerhard. / CC by-sa

Durant la semaine écoulée, le décès du pape François a dominé l’actualité. Dans les semaines qui viennent, ce sera le tour de l’élection de son successeur. Et aujourd’hui l’Église place devant nous l’histoire du doute de Thomas et par conséquent ce que signifie croire (Jean 20, 19-31). Par la grâce de la providence divine, la scène oriente nos pensées et nos prières vers la papauté et le pape à venir :

Il dit alors à Thomas : « mets ton doigt ici et vois mes mains, approche la main et mets-là dans mon côté, ne sois plus incrédule mais croyant ». Maintenant, c’est une terrible chose que d’appeler l’Apôtre « Thomas l’incrédule ». Oui, il ne croyait pas. Mais ce n’était pas la fin de l’histoire. Il a proclamé l’Évangile dans des pays lointains et a été martyrisé pour le Christ. On doit aussi se souvenir de lui pour cela.

Bien sûr, on ne peut pas évacuer le doute de Thomas : il ne croirai pas. Mais même alors nous pouvons glaner un bénéfice spirituel, c’est pour cela que l’événement nous est rapporté. L’erreur de Thomas est entièrement à notre profit, comme elle l’a été finalement pour lui. Elle nous enseigne ce que signifie croire.

Premièrement, la foi vient de l’Église. Thomas ne croit pas que les disciples ont vu le Seigneur, que Jésus est ressuscité. Plus exactement, il ne croit pas le témoignage de l’Église. Car quand les disciples disent à Thomas : « Nous avons vu le Seigneur » c’est en effet l’Église elle-même qui porte témoignage de la Résurrection. C’est l’Église qui annonce ce qu’il faut croire. Thomas ne croit pas à la Résurrection parce qu’il n’accepte pas le témoignage de l’Église.

Le seul chemin par lequel nous connaissons notre Seigneur et Ses enseignements est l’Église. Croire n’est pas faire la preuve par soi-même, comme Thomas voulait le faire. Croire c’est recevoir et accepter ce que l’Église croit et enseigne. Un acte de foi individuel est inséparable de la foi de l’Église.

Un jour, pour défendre sa conversion au catholicisme, sainte Elizabeth Ann Seton a laissé échapper devant une connaissance : Je crois tout ce qu’enseigne le Concile de Trente – et je ne l’ai même pas lu ! Cela sonne délirant pour notre culture individualiste. Mais cela saisit cette vérité que notre foi ne dépend pas de notre intelligence ou de preuves humaines mais de l’enseignement de l’Église donné avec autorité. C’est l’Église qui a cru tout d’abord. Chacun de nous peut dire je crois uniquement parce que l’Église a été la première à dire nous croyons.

Deuxièmement, la foi a un contenu. Les disciples ont proclamé à Thomas une vérité spécifique, la Résurrection. Et Thomas a rendu cet article de foi encore plus spécifique : « À moins de voir la marque des clous dans ses mains et de mettre la main dans son côté, je ne croirai pas. » Cette foi n’est pas seulement dans la Résurrection mais dans la résurrection physique.

Nous ne croyons pas en Dieu d’une façon vague et générale. Nous croyons en un Dieu spécifique, qui s’est révélé Lui-même par sa parole et ses actes, et est connu par les articles du Credo.

Il est idiot d’exhorter quelqu’un à « juste croire ! » ou lui dire : « Aie la foi ! » Croire quoi ? Avoir la foi en qui ? Le contenu de la foi fait toute la différence. Il détermine si nous avons réellement la foi. Croire dans le Dieu trinitaire nous donne la vérité et nous conduit au salut. Croire en une erreur ou plus simplement avoir des opinions religieuses nous égare, peu importe à quel point nous sommes bien intentionnés.

Il y a quelques années, celui qui n’était encore que le Prince Charles songeait à changer le titre traditionnel du monarque britannique « Défenseur de la Foi » en « Défenseur de Foi ». A dire vrai, un changement de titre est probablement de mise. Mais la proposition de celui qui est devenu roi était typiquement moderne, vidant la foi de tout contenu. Elle rejetait « la Foi », impliquant un contenu spécifique de foi pour adopter « foi », laissée non spécifiée. Pour notre culture, la foi n’est qu’une vague sorte de confiance en quelque chose, quelque part, là dehors.

Ce flou concernant la foi conduit inévitablement à la notion que toutes les religions sont la même chose, juste des chemins différents vers Dieu. Cette dévalorisation des croyances insulte les membres des autres religions (« Vous êtes musulman ? Quelle coïncidence, je suis catholique ! ») Pire, elle échoue à prendre notre propre foi au sérieux. Nous ne croyons pas en nos propres idées sur Dieu. Nous croyons dans l’unique vrai Dieu qui s’est révélé à nous et nous a enseigné comment vivre en union avec Lui.

L’Église est le navire de Dieu – Son « Oracle » comme disait Newman – donné à nous pour répandre cette doctrine salvatrice partout dans le monde au long de l’histoire. Parce que l’Église croit, d’autres viennent à la Foi.

Le Christ a établi la papauté comme le fondement solide de l’Église, un roc, pour la proclamation de sa doctrine salvatrice. La première et fondamentale responsabilité du pape est de préserver et transmettre le dépôt de la Foi. Il n’a pas besoin d’être un grand orateur ou un grand théologien ou un grand administrateur ou un grand diplomate – aussi bénéfiques que ces dons puissent être. Il doit nous affermir dans la foi (voir Luc 22:32).

Tout le reste dans l’Église dépend de la clarté doctrinale. Sans elle, nous n’avons pas la foi mais seulement une opinion religieuse. Sans elle, nous ne savons pas comment adorer « en esprit et en vérité » (Jean 4, 23). Sans elle, nous en savons pas comment aimer Dieu et le prochain parce que nous ne connaissons pas la vérité sur Dieu ni sur l’homme. L’enseignement même de la doctrine est un acte de charité, écartant les gens de l’erreur, d’un culte faussé, en vue qu’ils connaissent et aiment le seul vrai Dieu.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2025/04/27/faith-and-the-papacy/

Père Paul D. Scalia, traduit par Bernadette