Appelant au « réarmement » de la France dans le contexte de l’Ukraine, le 5 mars dernier, le chef de l’État a ajouté que les équipements militaires et les budgets « ne remplaceront jamais la force d’âme d’une nation ». Sans être dupe des arrière-pensées politiques de ces déclarations, on peut cependant se réjouir que la dimension spirituelle retrouve droit de cité dans un discours présidentiel. Alors prenons cette déclaration au mot…
Résister à la tentation euthanasique
Mais il faut pour cela que les actes suivent, si l’on veut que le réarmement moral et spirituel de notre pays ne soit pas qu’un vœu pieux. Dans le débat sur la fin de vie, par exemple, qui reprendra le 12 mai prochain, comment imaginer qu’un pays qui autorise délibérément et légalement un acte de mort puisse trouver les ressources intérieures de cette force d’âme ? Pour résister à cette tentation euthanasique et choisir la vie, le pape François dans son homélie de la messe des Cendres, lue à sa place par le cardinal De Donatis, a exhorté à ne pas marginaliser la mort : « La mort est une réalité à laquelle nous devons faire face, signe de la précarité et de la fugacité de notre vie. » À quand la reconnaissance des « besoins spirituels », comme cela avait été le cas lors de la précédente discussion parlementaire de la part d’un député… communiste ?! Et donc du rôle essentiel des prêtres pour accompagner dignement la fin de vie ?
Du côté du réarmement spirituel, il est peut-être en marche à notre insu, si l’on en croit les témoignages de la France entière, qui tous relèvent une affluence record lors de la messe des Cendres. Beaucoup de jeunes, semble-t-il, pour qui la visibilité récente du Ramadan dans notre société n’est sans doute pas étrangère, par contrecoup, à l’intérêt porté à la religion historique de ce pays.
Mais il faut aller au-delà de ce constat sociologique, que l’on peut rapprocher de la hausse du nombre de baptêmes d’adultes en France. Ce qui est en jeu avec la messe des Cendres, c’est la messe justement. C’est-à-dire la force d’attraction de l’Eucharistie, qui confusément ou non représente encore pour nos contemporains le cœur de la foi. Et de ce point de vue, il y a fort à faire pour faire redécouvrir aux croyants eux-mêmes cette puissance de la Sainte Hostie, qui s’impose par elle-même, presque malgré nous.
Aux États-Unis, un sondage du Pew Research Center avait ainsi mis en lumière que deux catholiques sur trois, allant à la messe tous les dimanches, ne croyaient pas en la Présence réelle de Jésus dans l’Eucharistie. Face à ce chiffre-choc, les évêques américains ont déployé des efforts considérables lors du Congrès eucharistique l’été dernier, avec des processions au Saint-Sacrement impressionnantes dans les rues.
Après la Révolution en France, saint Pierre-Julien Eymard a incarné le formidable renouveau de la foi en disant que c’est par la « divine Eucharistie », cette « torche de l’amour », que seraient réveillées la France et l’Europe, « engourdies dans leur sommeil d’indifférence ». En vue de la canonisation de Carlo Acutis, autre apôtre de l’Eucharistie pour le XXIe siècle, une paroisse de Douai organise fin avril un congrès eucharistique local. Un exemple à suivre ?