L'avenir du courage - France Catholique
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L’avenir du courage

En risquant sa vie pour barrer la route à l’agresseur d’enfants d’Annecy, Henri a donné à la France entière une puissante leçon de courage. Son geste et les réactions invitent à demeurer optimiste sur les ressources intérieures des Français.
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«Catholique, croyant, pratiquant, ancien chef scout, pèlerin pédestre marchant de cathédrale en cathédrale, passionné par le patrimoine religieux de notre pays, ce jeune homme, […] semble sorti tout droit d’un livre de Péguy. » Le portrait que brosse le philosophe Robert Redeker d’Henri, dans le FigaroVox (09/06), est aussi synthétique que convaincant. Il y a en effet chez lui une dimension anachronique, intempestive, qui sans doute aurait séduit l’auteur de Notre Jeunesse.

La fabrique médiatique du héros

Mais le jeune homme, qui a multiplié les entretiens depuis son intervention remarquable, le 8 juin, sur les rives du lac d’Annecy – qui a peut-être permis d’éviter un carnage – conserve la tête froide. « Il ne faut pas faire de moi un héros national », a-t-il répété sur plusieurs antennes dès le lendemain du drame. Manifestement, il n’a pas été écouté. En un clin d’œil, il est devenu le « héros au sac à dos ».

« C’est un héros ordinaire et l’incarnation de la France profonde », estime encore Robert Redeker dans sa tribune. Il est « l’ange gardien d’Annecy », titre Le Parisien en une (10/06). C’est le « héros de l’attaque au couteau d’Annecy », indique Paris Match (09/06). « On découvre avec émerveillement un héros porté par son courage et son attention aux autres », écrit Michèle Chabelski dans Tribune Juive (10/06).

Il y a quelque chose de profondément encourageant dans l’unanimité suscitée par Henri  : elle révèle en creux la soif inhérente à une époque rongée par le consumérisme, l’individualisme et le communautarisme. Les figures « remplissent avant tout une fonction de réparation collective et de fierté nationale. Elles sont importantes en cela qu’elles permettent, dans l’adversité, de construire un discours d’unité prônant des valeurs comme l’engagement et l’intérêt commun », explique ainsi l’historien Fabrice d’Almeida, interviewé dans Le Point (10/06).

Au-delà des polémiques

Ce besoin, semble-t-il, dépasse les polémiques mesquines et transitoires : aussi le profil enraciné et chrétien d’Henri n’a-t-il suscité que très peu de commentaires perfides, à l’exception – sans surprise – d’un article ricanant de Daniel Schneidermann dans Libération (09/06). Même Sophia Aram, sur France Inter (12/06) a donné un coup de griffe à « ceux qui, à gauche et à l’extrême-gauche, semblent regretter que l’un des héros du jour ait eu le mauvais goût d’être à la fois catholique et probablement “assez conservateur”, ce qui est contraire à sa définition du héros qui, comme chacun le sait ici, est… de gauche. »

« J’ai agi comme tout Français le ferait », a déclaré Henri à plusieurs reprises, avec une modestie qui l’honore. Il faudrait cependant se garder de banaliser son geste. Les badauds qui ont filmé la scène du 8 juin avec leurs téléphones portables au lieu d’agir, montrent que le « déclin du courage » prophétisé par Alexandre Soljenitsyne à Harvard en 1978 est bien à l’œuvre aujourd’hui. On veut croire néanmoins, grâce au geste du jeune homme, qu’il en faudrait peu pour qu’il retrouve sa vigueur. Comment ? Il faut écouter plus en détail ses explications. « J’ai agi comme tout Français le ferait ou devrait le faire, à partir du moment où il s’est nourri de belles choses avant. »

Ces belles choses, ce sont la foi et l’enracinement, deux valeurs qui furent aussi les leviers du sacrifice du colonel Beltrame en 2018. C’est parce que ces hommes ont beaucoup reçu qu’ils étaient prêts à tout donner.