L’organisation du premier congrès eucharistique par une paroisse en France est un pari audacieux. Mais rien n’est trop grand ou trop beau pour Dieu aux yeux de l’abbé François Dedieu. C’est en lisant un manuel destiné aux prêtres, le Rituel de l’Eucharistie en dehors de la messe, que le curé de la paroisse Saint-Urbain-Sainte-Marie-des-Vallées, à La Garenne-Colombes, découvre un trésor enfoui : la possibilité d’organiser des congrès eucharistiques (cf. p. 15).
Si ces événements sont rares, et pour la plupart organisés à l’échelle nationale et surtout mondiale, le Rituel prévoit que des paroisses puissent le faire à l’échelle locale. « On ne pourra en explorer qu’un aspect car l’Eucharistie est un mystère infini : on ne peut pas tout dire en une semaine… », tient pourtant à prévenir le prêtre. Mais ce congrès sera sans nul doute très riche pour les catholiques sur place : « J’ai pensé que cela serait bien pour mes paroissiens et pourrait aussi donner des idées à d’autres », explique simplement l’abbé Dedieu.
Le sens du sacrifice
Le thème choisi met cependant la barre très haut : « Le sacrifice qui est digne de toi et qui sauve le monde entier. » Il est tiré de la quatrième prière eucharistique – prononcée pendant la messe à partir de l’offertoire jusqu’au Notre Père – dans la forme ordinaire du rite romain. Prière qui évoque plus directement la notion de sacrifice.
Pourquoi avoir mis l’accent de ce congrès sur la dimension sacrificielle ? « Cet aspect, dans la perspective du salut, est fondamental », précise le curé de la paroisse Saint-Urbain. Tout est parti en effet de la remarque d’un évêque, constatant que les catholiques évoquaient très peu cette dimension de la messe. « Mon explication a été que nous, prêtres, n’en parlions jamais aux
fidèles. Et donc que cela constituerait un excellent thème pour le congrès ! », souligne-t-il.
Parallèlement, la nouvelle traduction du Missel romain, fin 2021, qui modifie certaines paroles de la messe, le fait réfléchir : « Elle met davantage en avant cette dimension, par les mots “sacrifice”, “salut”, “offrande”, “oblation”… » Le principal changement étant la prière sur les offrandes – dite « Orate Fratres » –, qui incite désormais les fidèles à s’associer plus clairement au sacrifice eucharistique.
La messe au centre de la vie
Dans l’esprit du curé, soucieux des âmes de ses paroissiens, le rapprochement est vite fait : c’est le moment de sortir des oubliettes le sujet du sacrifice et du salut : « Je voulais montrer que c’est toujours actuel, que l’Église ne se renie pas dans sa doctrine. »
Le congrès est aussi soutenu et encouragé par l’évêque du lieu, Mgr Matthieu Rougé. Aux commandes de l’événement, une femme : Ségolène de Pontac, mère de cinq enfants. Bénévole de la paroisse, celle qui pilote l’organisation souhaite qu’avec ce congrès, « les fidèles saisissent mieux que la messe est le plus grand des sacrements, le seul où le Christ est réellement présent, afin de l’aimer davantage et de le remettre au centre de notre vie. »