Vous avez dit que vous écriviez votre roman national… Pourquoi ?
Philippe de Villiers : Je ne me résous pas à la situation tragique de notre société déracinée, à la « déséducation nationale » qui laisse prospérer des plantes d’hébétude, aux étourdissements de l’air du temps. Il est urgent de franciser nos songes ! La France est un rêve tramé dans l’étoffe des songes. Qu’est-ce qu’une nation ? Un lien amoureux. Il faut refaire un peuple amoureux. L’ancien roman national, imaginé par Ernest Lavisse, passait par la porte de la puissance, dans une France déchue après la défaite de 1870. Je pense que le nouveau roman national doit passer par la porte du Beau.
On ne peut plus dire : « Regarde la France parce qu’elle est grande, forte, dominatrice », mais on peut toujours dire : « Regarde la France parce qu’elle est belle ».
Nos générations de responsables politiques enlaidissent la France depuis des années ! À rebours de ce mouvement, j’ai voulu écrire en mettant un peu d’air frais dans ma plume. Si nous n’offrons pas aux jeunes Français de quoi admirer nos héros, nos saints, nos chefs-d’œuvre et nos grandeurs sacrificielles, beaucoup d’entre eux se tourneront vers d’autres saints, d’autres bravoures et grandeurs sacrificielles… C’est une grave erreur de croire, au nom d’un laïcisme absurde, que l’évangile des droits de l’homme suffira à étancher la soif des âmes.
Quelle est la plus grave menace qui pèse sur notre pays ?
La barbarie. Elle se manifeste, comme toujours, par la violence et l’oubli. Il y a une différence entre un homme et une civilisation… Chez l’homme, la décomposition suit la mort. Pour la civilisation, la décomposition la précède. Nous en sommes là… Notre civilisation se décompose, travaillée par les mâchoires d’une tenaille que nous ne voulons pas voir malgré son évidence. Nous faisons face à deux offensives simultanées, conjuguées, et même concertées : c’est ce que l’on appelle l’intersectionnalité. Ces deux offensives ont un point commun : le mondialisme, le mondialisme islamique et le mondialisme wokiste. Chacun cherche la soumission de l’Occident chrétien.
Le mondialisme islamique passe par une soumission de la femme en prenant possession de son corps avec l’arme du voile, utilisé comme un marqueur de l’expansionnisme de l’islam. L’autre mondialisme, le wokisme, prépare la soumission de l’homme blanc occidental. Les deux se retrouvent pour desceller le socle de la famille traditionnelle de la civilisation chrétienne. Nous sommes devant un double assaut : c’est inouï dans l’histoire de notre civilisation.