Les messes noires - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Les messes noires

Ces pratiques ne relèvent pas, hélas, du fantasme. Apparues dès les premiers siècles chrétiens, elles persistent toujours. Elles indiquent en creux combien l’Église demeure signe de contradiction face aux forces du mal.
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Les messes noires, 1906, Paris, Librairie des publications populaires, Roland Brévannes.

Les messes noires, 1906, Paris, Librairie des publications populaires, Roland Brévannes.

Philippe Muray parlait du monde contemporain devenu comme une espèce de messe noire quotidienne (« Entretien avec Élisabeth Lévy », Le Point, 11 août 2011). Il en avait fait le tour, prodigieux, vertigineux, dans son Dix-neuvième siècle à travers les âges, décortiquant toutes les pratiques occultes du progressisme et du socialisme. La messe noire est le point culminant de l’occultisme. Elle correspond bien, comme retournement et contrefaçon du divin, à ce à quoi aspirent les milieux ou les sociétés décadentes flirtant avec le satanisme. L’inversion démoniaque est aussi ancienne que la naissance du rituel catholique.

Liturgie singée

Les premiers siècles connaissent des hérésies qui utilisent des pratiques sexuelles singeant les gestes liturgiques, ceci par exemple chez les adamites ou les nicolaïtes. À l’époque médiévale, plus encadrée, il existe pourtant les Goliards et la Fête des Fous qui, sans aller jusqu’à des pratiques sataniques, tournent en dérision le sacré de façon blasphématoire mais contrôlée par l’autorité ecclésiastique. Des accusations plus précises sont prononcées contre les Vaudois ou les Templiers.

Toujours plus sordide

Il faut cependant attendre le procès de Gilles de Rais en 1440, ce compagnon d’armes de Jeanne la Pucelle, pour découvrir l’horreur de la messe noire avec meurtre d’enfants. Ce valeureux chevalier s’enferma dans une religion parallèle, satanique, copie conforme inversée de la foi catholique. Et puis il y eut le scandale de l’affaire des poisons sous Louis XIV avec Madame de Brinvilliers, la Voisin et même Madame de Montespan, favorite du roi. Un réseau immense au sein duquel des prêtres, comme l’abbé Étienne Guibourg, célébrèrent des messes noires sur le corps nu de ces femmes, avec ou sans meurtre d’enfant. Tout était prêt pour l’entrée du marquis de Sade qui décrira des cérémonies sataniques dans ses ouvrages, y compris une messe noire célébrée par le pape à Saint-Pierre de Rome.

Absence de repères

Au siècle suivant, Huysmans participa à un tel rituel à Paris (Là-bas), ceci avant sa conversion, et Michelet, grand praticien du spiritisme, le détaille dans La Sorcière. L’Église de Satan, fondée en 1966 aux États-Unis, et bien d’autres groupes occultes, perpétuent ces pratiques sataniques millénaires. La multiplication, ne serait-ce qu’en France, des profanations et des vols d’hosties consacrées, est le signe patent d’une adhésion de plus en plus large à ces rites sacrilèges, notamment au sein d’une jeunesse sans repère.