«Soudain, avec les yeux de l’esprit, je vis une grande prairie et, debout, au milieu de l’herbe verte, se tenait Jésus-Christ revêtu d’un manteau blanc ; au-dessus de Lui, le ciel était tout bleu. À cette vue, j’éprouvai une joie indicible […]. C’est alors que, au fond de mon cœur, j’entendis ces paroles : “Tu es ici pour la dernière fois. Dorénavant, tu Me suivras !” »1 L’auteur de ce récit s’appelle Israël Zolli : il a italianisé son patronyme, Zoller, d’origine polonaise. Nous sommes en octobre 1944. Rome est délivrée du joug nazi depuis quatre mois. La communauté juive, profondément marquée par les persécutions qu’elle vient de vivre, vient d’achever la célébration de Yom Kippour à la synagogue.
De retour à son domicile, deux nouveaux signes, fulgurants, l’attendent encore : son épouse lui dit qu’elle a vu le Christ à ses côtés tandis qu’il se tenait devant l’Arche et la Torah, puis sa jeune fille lui raconte que dans un rêve, elle vient de voir Jésus tout vêtu de blanc. Le grand rabbin est bouleversé. S’il pouvait subsister en lui le moindre doute, il est désormais balayé. Quatre mois plus tard, le 17 février 1945, il reçoit le baptême à l’âge de 63 ans en l’église Sainte-Marie-des-Anges et choisit le prénom d’Eugenio Pio, en hommage à Pie XII – Eugenio Pacelli – et en signe de gratitude pour son action en faveur des Juifs durant le conflit.
Témoin direct
Cette conversion, pour fulgurante qu’elle soit, prend racine dans un terreau fertilisé depuis longtemps par l’étude assidue de la figure du Christ dans les Écritures, mais elle a été catalysée par l’action de l’Église et du pape en faveur des Juifs dont il a été le témoin direct aux heures sombres de l’occupation allemande : qu’il s’agisse de la fourniture d’or en échange d’otages, de l’ouverture des maisons religieuses et des couvents aux persécutés ou encore des tractations diplomatiques entre le Vatican et les autorités nazies.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien et de notre Grand Angle consacré à Pie XII dans le magazine.
