Notre époque ne peut avoir qu’en horreur le principe même du petit séminaire. Quoi ? Des internats où des enfants sélectionnés subissent un conditionnement exercé par des ecclésiastiques pour devenir prêtres à leur tour ? Présentée ainsi, cette institution autrefois structurante a de quoi faire frémir tout esprit imprégné du rationalisme des Lumières et du culte du libre-arbitre. Et pourtant, bien loin des caricatures, ces établissements – un par diocèse – furent longtemps considérés par les familles de toutes conditions comme des tremplins spirituels, éducatifs et sociaux de tout premier ordre. Quant au conditionnement mental, il suffit de dresser la liste de quelques personnalités passées par les petits séminaires, dont certaines furent des adversaires farouches de l’Église, pour constater qu’y entrer n’impliquait en rien d’endosser la soutane quelques années plus tard : Ernest Renan, Émile Combes ou Paul Gauguin au XIXe siècle, ou, plus près de nous, le chef Joël Robuchon, l’écrivain Daniel Boulanger ou l’entrepreneur Michel-Édouard Leclerc.
Apogée et déclin
Que l’on ne s’y trompe pas cependant. L’objectif des petits séminaires était bel et bien de confirmer et de conforter des vocations enfantines ou adolescentes, avant de les faire éclore – le cas échéant – au grand séminaire. Leur origine remonte au XVIIe siècle, lorsque des clercs estimèrent qu’une application restrictive du décret Cum adolescentium aetas du concile de Trente (1563), qui instituait les séminaires, risquait de tenir à l’écart les vocations juvéniles qui naissaient dans les milieux modestes, voire pauvres, et dont seuls les curés des villages – aux compétences parfois contestables – prenaient soin.
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