Primauté de la conscience - France Catholique
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Le saint Curé d'Ars
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Primauté de la conscience

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Que dire face au drame de Vincent Lambert et du déchirement de sa famille ? Les prises de position diamétralement opposées n’ont cessé de s’exprimer hier. Il est vrai que dans la soirée un élément nouveau est intervenu avec la décision de la Cour d’appel de Paris, qui relance toute la discussion. Toutefois, on a pu apprécier ce que signifient en réalité les termes de suspension des soins et de sédation profonde. Il n’y a rien d’anodin dans une telle procédure qui consiste à infliger volontairement la mort à une personne qui pourrait vivre encore de longues années. Les partisans de cette procédure dénoncent l’obstination déraisonnable mais leur obstination à eux est-elle vraiment raisonnable ?

Le président de la République s’est refusé à intervenir à l’encontre des décisions médicales et judiciaires. Ne sommes-nous pas fondamentalement en présence d’une question de conscience qui dépasse les délibérations des médecins et des juristes, si nécessaires soient-elles ? L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, n’ignore nullement les données médicales du dossier. Étant lui-même médecin et expert en bioéthique universitaire, il est en mesure de faire une analyse précise du cas de Vincent Lambert en termes cliniques et législatifs. Mais en définitive, dans le communiqué qu’il a publié hier après-midi, c’est bien en termes de conscience et de civilisation qu’il conclut : « Il y a aujourd’hui un choix de civilisation très clair : soit nous considérons les êtres humains comme des robots fonctionnels qui peuvent être éliminés ou envoyés à la casse lorsqu’ils ne servent plus à rien, soit nous considérons que le propre de l’humanité se fonde, non sur l’utilité d’une vie, mais sur la qualité des relations entre les personnes qui révèle l’amour. N’est-ce pas ainsi que cela se passe lorsqu’une maman se penche de façon élective vers celui de ses enfants qui souffre et qui est le plus fragile. »

Beaucoup évidemment refusent l’intervention de l’Église dans ce type de débat. Mais c’est en contradiction avec la sagesse même de l’humanité. Jurgen Habermas, qui est pourtant le théoricien rigoureux de l’argumentation rationnelle dans le domaine civique, n’exclut nullement le point de vue biblique et religieux, notamment en matière bioéthique, là où il est nécessaire de scruter le plus profondément le mystère de l’homme.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 21 mai 2019.