Vu du côté espagnol la surenchère de la définition idéologique des régions atteint un sommet de débats internes au sein des communautés autonomes actuelles.
Pas seulement en Catalogne.
En Euskadi à la veille de la signature probable des accords de financements régionaux par Mario Rajoy, Chef du Gouvernement espagnol avec les régionalistes du pays, les élus des provinces comme les Basques sont devenus incontournables pour l’obtention de cet objectif politique national.
La surenchère monte pour aller vers “plus d’auto gouvernance régionale, sous le signe de l’autodétermination”, terme de remplacement de l’indépendance déjà abandonnée, mais qui prend d’autres atours pour prévaloir l’identité d’un pays, d’une population et d’une histoire, et des instances décisionnelles économico politiques.
Monsieur Mayor Oreja ancien ministre des Affaires Etrangères espagnoles, originaire de ce pays, qualifie cette revendication d’un appel endémique et maintenu pour faire sans cesse une place identitaire forte à la communauté basque.
Les partis changent dans leur dénomination, dit-il, mais les revendications ne changent guère.
Les institutions y font florès, le gouvernement basque de Vitoria, les accords souhaités avec la Navarre basque mais différente de par son histoire hispanobasque de l’euskadi, la grande région des deux côtés des Pyrénées fédérant dans ses objectifs la partie basque française composée de la Soule, la Basse navarre et le Labourd, puis encore l’Europe des Régions – Nouvelle Aquitaine – qui associe désormais le Grand sud ouest français, l’Euskadi, la Navarre et l’Aragon.
Chacun se reconnaît en une de ses particularités, toutes se différencient dans leurs objectifs.
A terme la pluralité des institutions, toutes ayant leurs élus et leurs commissions de travail parlementaires parlent “d’unité régionale” mais selon des appels d’air distincts car les règlements administratifs espagnols et français ne sont totalement inter changeables sur ces statuts.
On ne peut oublier ainsi Les parlements des cinq régions basques qui tous ont leur siège et leur existence à Vitoria, Bilbao, San Sébastien, Pampelune et Bayonne avec le Conseil des élus.
En France on évoque la réforme parlementaire du Sénat et de l’Assemblée nationale, en Espagne on parle d’un sénat espagnol qui pourrait se transférer à Barcelone pour éviter l’exclusivité de Madrid, capitale de toutes les provinces uniformément, et faute de supprimer les collèges existants sinon en les fédérant, on brasse des horizons institutionnels encore futuristes, car chacun tenant à sa singularité, la réforme nécessaire un jour demandera du temps et de l’ambition.
Pour l’heure devant les circonstances actuelles les Espagnols savent que les régions sont devenues par leurs élus, des sujets indispensables pour toute disposition et décision politique de la gouvernance nationale du pays.
Il en sera probablement encore dans le proche futur où les partis en vue lors des élections à venir, n’obtenant pas de majorité par eux mêmes, il faudra signer des alliances avec “les minoritaires” pour assoir le pouvoir du pays soumis aux alliances des partis.
Cette vision de l’avenir correspond-elle à la vision d’une Europe distillée dans des composantes disséminées comme dans un paysage féodal d’antan ?
Nul n’étant prophète en la matière, reconnaître la différenciation revendicative de chacun aujourd’hui, n’est nullement préjuger d’un défi démocratique sérieux pour les institutions, qui pourraient perdre de leur valeur et de leur efficacité par leur existence numérique.
Il reviendra aux politiques eux mêmes de le faire dans l’intérêt d’un pays, qu’ils doivent servir dans le sens du bien commun, avant toute autre considération personnelle.
Mais en ce sens on devine que la question a changé d’horizon et que la qualité des hommes sera première pour y parvenir !