Le mariage — de la Création à la chute, puis la Rédemption. - France Catholique
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Le mariage — de la Création à la chute, puis la Rédemption.

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Les idées sur le mariage sont si confuses de nos jours, même chez les catholiques, qu’il nous faut retrouver à tout prix quelques vérités fondamentales. La mini-catéchèse sur le sacrement de mariage dans le Catéchisme de l’Église Catholique (¶1601-1617), à la lumière de la Création, de la Chute et de la Rédemption, nous explique: «le mariage est dans l’ordre de la rédemption en raison du péché, mais il s’appuie sur l’ordre de la création.»

Jean-Paul II écrivait au sujet du mariage: «Voulus par Dieu lors de la Création, le mariage et la famille sont organisés intérieurement pour s’accomplir dans le Christ et requièrent Ses grâces afin de guérir les plaies des péchés et retrouver leur innocence (de la Création), afin de saisir totalement et d’accomplir le plan de Dieu.» (Familiaris consortio 3). Cette revendication majeure, tout comme la théologie sous-jacente de la nature et de la grâce se retrouvent dans le texte de Jean-Paul II « Il les créa homme et femme ».
La parole de Dieu nous enseigne que l’œuvre rédemptrice du Christ réaffirme et simultanément renouvelle la beauté de la Création — et donc du mariage, du corps humain prenant part à la dignité de l’image de Dieu, de la différentiation sexuelle complémentaire de l’homme et de la femme, et d’un amour fidèle, réciproque et frucrueux. Oui, à la lumière de l’œuvre rédemptrice du Christ, la tradition sacramentelle Catholique nous enseigne que le sacrement de mariage renouvelle et rétablit l’authenticité du mariage selon ses bases — alors qu’il est sauvagement agressé par la chute et nos propres péchés.

Ainsi, la grâce du mariage transmise par le sacrement a deux buts essentiels: en premier lieu, la guérison, la réparation des effets du péché sur les personnes et sur la société, et, d’autre part — par-dessus tout — l’amélioration et le perfectionnement des personnes et de l’institution du mariage. « Selon la foi, le désordre que nous constatons avec tant de peine ne découle pas de la nature de l’homme et de la femme, ni de la nature de leurs relations, mais du péché. En rupture avec Dieu, le premier péché a eu pour premier effet la rupture de la communion initiale entre l’homme et la femme ».

« Gaudium et spes » résume ainsi: « Cet amour conjugal que Dieu a jugé digne de recevoir des dons particuliers, consolation, perfectionnement, et autres dons exaltants de grâce et de charité ». L’effet double de la grâce du sacrement de mariage n’est pas un « ajout » reçu par le couple, mais c’est le couple lui-même qui est et doit devenir le reflet vivant de la réalité invisible de la grâce, comme le souligne le Cardinal Canadien Marc Ouellet. Il existe une relation intrinsèque entre l’ordre naturel et l’ordre de la grâce du Christ telle que cette grâce renouvelle l’ordre du mariage détérioré de l’intérieur, le réoriententant vers son but propre.

La grâce, en pénétrant la nature après la chute et la renouvelant par l’intérieur (« gratia intra naturem »), révèle une continuité essentielle chez l’homme et noue un lien entre création et rédemption. Selon Jean-Paul II « Le don de la grâce est en quelque sorte une nouvelle création ».

« Nouvelle création » ne signifie pourtant pas que la grâce soit un facteur supplémentaire pour l’ordre de la création. Cependant nature et grâce, création et re-création, le sacrement de création et de rédemption sont réunis de sorte que la grâce divine affirme et en même temps renouvelle la création à partir de son ordre intérieur initial. Le Catéchisme précise: « Jésus vint rétablir la création dans la pureté de ses origines. »

Le Catéchisme explique par ailleurs. «Dans ses discours, Jésus enseignait sans équivoque la signification initiale de l’union de l’homme et de la femme telle que la voulait le Créateur dès le début… Venu rétablir l’ordre originel de la création perturbé par le péché, [Jésus] en personne montre la force et la grâce de la vie dans le mariage selon la nouvelle dimension du Règne de Dieu.»

Ce sacrement concerne non seulement l’ordre de la création, mais aussi, tout en réaffirmant l’ordonnance de la création, il approfondit, en vérité, comble la réalité du mariage en un don mutuel « et les deux ne feront qu’une seule chair; ce mystère est de grande portée: je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église. (Ep, 5:31-32).

L’unité réalisée en devenant « une seule chair » (Gn, 2-24) dans le mariage prend racine dans l’ordre de la création, affirmée et en même temps renouvelée et rétablie par la rédemption. Puisqu’il y a continuité de la création à la rédemption on peut comprendre pourquoi Jean-Paul II voit le mariage comme « le sacrement primordial ».

Considérons le signe visible du mariage (« les deux seront une seule chair ») dans l’ordre de la création à la lumière du signe visible du Christ et de l’Église, défini selon l’Épitre aux Éphésiens: aboutissement et réalisation du plan divin éternel de salut; nous saisissons la pensée de Jean-Paul II : «Ainsi le sacrement de rédemption se revêt, pour ainsi dire, des attributs du sacrement primordial… La nouvelle assurance surnaturelle accordée à l’homme par le sacrement de rédemption est également un renouvellement de l’éternel Mystère divin, renouvellement du sacrement de création. Alors, le don reçu par la grâce est en quelque sorte une nouvelle création.»

Précisons: il l’appelle « nouvelle création » en ce sens que la rédemption signifie… en considérant tout ce qui est, plénitude de la création, justice, égalité, sainteté, selon le plan de Dieu et pour exprimer cette plénitude par-dessus tout en l’homme créé homme et femme « à l’image de Dieu ».

Alors, nature et grâce, création et re-création, sacrement de création et de rédemption sont unis afin que la grâce de Dieu affirme et renouvelle la création tombée par sa propre chute. Selon Jean-Paul II et la tradition catholique fondamentale le mariage est par nature inclus dans le nouveau sacrement de rédemption tout comme il l’était à l’origine dans le sacrement de création.

30 mai 2017.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2017/05/30/marriage-in-light-of-creation-fall-and-redemption/

Les Noces de Cana – Bartolomé Esteban Murillo, vers 1672. Institut Barber, Birmingham.