La liquidation de la chrétienté - France Catholique
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La chasteté : apprendre à aimer
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La liquidation de la chrétienté

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Dans l’histoire de la religion occidentale, je suspecte fortement, que ce que nous vivons aujourd’hui sera appelé par les historiens l’ère de la liquidation de la Chrétienté. Par son pouvoir de liquidation elle rappelle la période de la Réforme protestante, qui pourrait être intitulée l’ère de la liquidation du Catholicisme, du moins lorsqu’elle arriva en Angleterre, Ecosse, Hollande, la Scandinavie et la majeure parie de l’Allemagne. A partir de 1517, la vieille religion a été soudainement et rapidement éliminée.

Quelque chose de similaire s’est produit au cours des cinquante ou soixante dernières années aux Etats Unis, Canada et Europe occidentale. La vielle religion, aussi bien catholique que protestante, s’est en grande partie écroulée. La participation à la Messe s’est effritée de façon dramatique et presque plus personne ne prend au sérieux l’ancienne moralité sexuelle chrétienne.

Bien entendu, l’élimination du Catholicisme du nord de l’Europe au 16ème siècle n’a pas été une liquidation totale. Certains reliquats de l’ancienne religion ont persisté: des doctrines, rites et standards moraux. Les promoteurs de la Réforme ont été jusqu’à mettre en emphase ces reliquats. Ils insistaient sur le fait que leur démarche étaient essentiellement un processus conservateur.

Ils ne se débarrassaient pas de la vieille religion, ils la purifiaient, la libérant de la corruption, la ramenant à ce qu’elle avait été à l’origine, du temps des Apôtres. Ils n’ont pas appelé le processus par son nom correct, la Révolution Protestante, nom qui aurait souligné la nature radicale de ce qui se passait. Ils l’on appelé la Réforme Protestante, un nom qui suggère que c’était un phénomène conservateur.

Et cette description erronée de la grande révolution n’était pas une astuce malhonnête de la part des révolutionnaires; c’était une réflexion parfaitement honnête. Un de ces révolutionnaires les plus influents, le roi Henri VIII, croyait le jour de sa mort être un catholique tout à fait orthodoxe.

Nous voyons aujourd’hui quelque chose de similaire. Les faiseurs de la révolution religieuse d’aujourd’hui nient avec indignation s’être débarrassés du Christianisme. Ils concèdent qu’ils se sont débarrassés de quelques rites surannés du christianisme, aussi bien catholiques que protestants, en particulier dans le domaine de ses enseignements d’une morale obsolète. Mais ils préservent son enseignement central, ce qui constitue l’essence du Christianisme, c’est à dire, son enseignement sur le fait que nous devons aimer notre prochain.

Après plusieurs siècles de mésentente, une incompréhension trop souvent basée sur la haine du prochain, nous sommes enfin parvenus au coeur de la question. Jésus, ce Rabbin autodidacte et génie de la morale, enseigna, par la parole et par l’exemple, une chose et une seule chose: l’AMOUR. Si Jésus était sur terre aujourd’hui il ferait sienne la devise du mouvement sur « l’égalité dans le mariage »: « l’amour vainqueur ».

Qu’est-ce que l’amour, selon l’orthodoxie post-chrétienne? Ce sont trois choses :

1) Par dessus tout, la tolérance. Nous devons respecter et même promouvoir la diversité: toutes les sortes de diversités – raciale ethnique, religieuse, linguistique, vestimentaire, économique, esthétique, morale et (spécialement) sexuelle. Si vous désapprouvez la sodomie , l’avortement et le trans-genre, vous n’êtes pas un disciple de Jesus. Il en découle alors que les vrais disciples de Jesus ne sont pas les vieux chrétiens mais les post-chrétiens. Les vieux Chrétiens parlaient beaucoup quand il s’agissait d’aimer son prochain, mais en pratique ils enseignaient la haine du voisin qui était « différent », qui ne se conformait pas aux règles d’une société à l’esprit étroit

2) Vous devez cultiver votre potentiel pour la compassion; à tous les moments du jour ou de la nuit le côté affectif de votre nature devrait être imprégné d’une nuance de compassion, une compassion qui passera à l’action à chaque fois que vous croisez une personne victime d’intolérance.

3) Puisque, dans le monde actuel, l’agent le plus efficace pour soulager la douleur et la souffrance est le gouvernement des grandes sociétés modernes (i.e. le gouvernement des U.S.A.), vous devriez favoriser l’expansion, le pouvoir et l’autorité du gouvernement, et apporter votre soutien aux partis qui soutiennent cette expansion.

Les post-chrétiens (ou je devrais dire les anti-chrétiens) tombent dans deux catégories principales: Il y a les athées purs et simples; beaucoup d’entre eux préfèrent s’appeler agnostiques, mais, en fait, ils sont des athées. Ils sont en faveur d’une éthique d’amour et de tolérance, et de compassion; ils ont foi en l’idéal d’un grand gouvernement qui peut résoudre tous les maux de ce monde. Mais ils ne voient aucune raison de prétendre qu’ils sont chrétiens. Ils pensent que Jésus était un type bien; mais aussi étaient Bouddha et Confucius et Spinoza et Florence Nightingale et Mohandas Gandhi et Martin Luther King jr.

Et puis il y a les Chrétiens libéraux ou modernes. Ils ne croient pas au Christianisme classique, mais ils ont un attachement nostalgique à la vieille religion, ou au moins au nom de la vieille religion. Et ils ont une affection particulière pour Jésus. Ils ne pensent pas que jésus était divin, ils ne pensent pas que Jésus a expié nos péchés par ses souffrances et par sa mort, ils ne croient pas qu’il était né d’une vierge et ils doutent qu’il fût ressuscité d’entre morts. Mais ils le placent plus haut que Bouddha, Confucius, et les autres. En ce qui concerne les questions de morale, ces Chrétiens modernes sont en plein agrément avec les athées post-chrétiens.

Les relations entre ces deux catégories de post-chrétiens, les athées et les Chrétiens libéraux, ressemble à l’ancienne relation entre les communistes et leurs compagnons de route, les gauchiste non-communistes. Les communistes étaient les moins nombreux des deux, mais ils étaient les plus influents; ils étaient les vrais croyants; ils étaient la source des idées gauchistes. Les gauchistes non-communistes suivaient; ils se permettaient d’être utilisés par les communistes.

Dans le monde de post-christianisme, les athées fonctionnent comme les vieux communistes alors que les Chrétiens libéraux se conduisent comme les vieux compagnons de route gauchistes. C’est triste à dire, mais il faut le dire, les Chrétiens libéraux font la promotion du programme athée tout en refusant de s’appeler athées.

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David Carlin est professeur de sociologie et de philosophie au « Community College » de. Island, et l’auteur de « The Decline and Fall of the Catholic Church in America ».

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https://www.thecatholicthing.org/2016/07/01/the-liquidation-of-christianity/