Cela a fait l’effet d’une bombe, des nouvelles stupéfiantes rapportent, selon des documents secrets obtenus par Wikileaks, qu’Adolf Hitler, dans ses derniers jours au bunker de Berlin, a demandé un prêtre. De plus, des agents de l’Office des Services Stratégiques (OSS) ont pu glisser subrepticement un appareil enregistreur dans la serviette du prêtre. La confession entière de Hitler a été enregistrée et transcrite par l’OSS et enfouie dans les archives secrètes de l’agence – devenue par la suite la CIA. Une fuite a permis de la transcrire (en traduction) dans ce qui suit.
« Heil, mein Führer ! »
« Bonjour, mon Père, veuillez entrer… » (Les deux hommes engagent pendant quelques minutes une petite conversation avant le début de la confession. Puis le prêtre passe fait le signe de la croix et Hitler commence.
« Bénissez-moi mon Père parce que j’ai péché, je ne me suis pas confessé depuis mon enfance. Voici mes péchés. J’ai désobéi à ma mère et à mon père je ne sais combien de fois. Je me suis mis en colère contre mes collègues de travail peut-être deux fois par semaine en moyenne. J’ai eu des pensées impures. J’ai eu à plusieurs reprises des relations sexuelles hors mariage, mais seulement ces deux dernières années – et je ne suis pas allé jusqu’au bout.
Habituellement je ne supporte pas la circulation. Pour ces péchés et pour tous les autres, je regrette vraiment. »
Le prêtre lui donne comme pénitence de dire un rosaire, lui donne l’absolution, et les domestiques de Hitler font sortir ; le prêtre du bunker.
Bon, comme vous l’avez déjà deviné, j’ai tout imaginé. Pour commencer, je ne me permettrais en aucun cas de violer le secret de la confession. Mais indépendamment de cela, je suppose que vous – et pratiquement tout le monde- aurait bien des choses à dire sur le contenu de cette confession.
Il y a aucune mention de la haine à l’encontre des juifs, des tsiganes, des catholiques etc. (Etait-ce de la « haine » ou une rationalisation des « vertus » de sa « race des seigneurs » ?) Il n’y a eu aucune mention des horribles expériences médicales sur les prisonniers des camps de concentration, aucune mention des camps d’extermination. La confession est superficielle et malhonnête, vous pourriez dire : « Si j’étais Hitler et si j’avais été en confession dans ce bunker, ma confession aurait été sincère et intégrale, que diable ! »
Peut-être.
Les films classiques peuvent ne pas être un substitut fiable de la direction spirituelle, mais parfois ils fournissent des métaphores intéressantes et utiles pour la condition humaine. Un de mes films favoris quand j’étais enfant, était « Le Pont de la rivière Kwaï »
Pendant la Deuxième guerre mondiale, des prisonniers britanniques arrivent par tarin dans un camp de prisonniers japonais en Birmanie. Le commandant japonais les informent que tous les prisonniers, quel que soit leur grade, doivent travailler à la construction d’un pont de chemin de fer au-dessus la rivière Kwaï, qui va relier Bangkok et Rangoon.
L’officier britannique le plus âgé (joué par un célèbre converti au catholicisme Alec Guiness) refuser au début, mais finit par céder après que des prisonniers britanniques ont été torturés pour refus de coopération. Malgré son importance militaire pour les Japonais, l’officier voit la construction du pont comme un moyen de maintenir le moral. Le pont est construit et le moral est au plus haut.
Comme un train ennemi rempli de munitions s’achemine sur le pont qui vient d’être achevé, Guinness d’abord résiste à un commando envoyé pour le détruire. Mais blessé dans la lutte, il revient à lui en s’exclamant « Qu’ai-je fait ? » Le colonel étourdi trébuche vers le détonateur et s’effondre dessus juste à temps pour faire exploser le pont et faire dégringoler le train en bas dans la rivière.
La métaphore est claire. En des circonstances extraordinaires (ou, finalement, même ordinaires), il est très facile de pactiser avec le mal. La rationalisation devient si pressante que la coopération n’est plus vu comme un mal, mais comme nécessaire et bonne. Il faut souvent une expérience traumatisante pour nous faire revenir à nous.
Nous espérons un grand nombre de conversions, de véritable repentance comme celle du « bon larron » sur le Calvaire. Mais sont-elles si communes ?
Un vieil aumônier d’hôpital m’a dit un jour que dans son expérience les conversions sur le lit de mort étaient rares. Un prêtre de mes amis avait une mémoire vivante d’un religieuse avertissant sa classe de ne pas compter sur une conversion de la onzième heure, et elle insistait : « Comme vous vivez, vous mourrez » Et dans L’art de bien mourir, saint Robert Bellarmin consacre un chapitre à « Celui qui désire bien mourir, doit bien vivre. »
C’est une pensée terrible. Mais la vérité est simplement que beaucoup d’entre nous meurent dans leurs péchés parce que nous sommes incapables de voir le mal que représente cette paix que nous avons faite avec les démons.
Nous nous lamentons sur l’état de notre pays et sur le monde et même sur beaucoup de nos frères dans la foi : l’incapacité d’un grand nombre de gens à voir le mal de l’avortement, de la contraception, de la fécondation in-vitro, de ce qu’on appelle le « mariage gay » « , votant pour les candidats politiques « pro-choice » parce que l’avortement est juste un problème » etc.
Un grand nombre de gens « spirituels » et « profondément spirituels »ont toujours pactisé avec le mal – et se sont activement opposés aux gens véritablement vertueux. Oui, réellement, c’est toujours démoralisant de considérer l’intransigeance des Pharisiens malgré le témoignage de la bonté du Christ.
Mais il y a quelque chose d’encore plus démoralisant. Avons-nous nous-mêmes – nous, des gens d’esprit traditionaliste, des catholiques « pro-life » – pactisé avec un mal plus profond enfoui quelque part dans le fouillis de nos esprits ? Quels péchés ou structures de péché avons-nous laissés échapper ou avons-nous rationalisés quand nous nous sommes confessés ? Si nous pouvions nous voir nous-mêmes avec les yeux d’autres personnes – par les yeux de Dieu – que verrions-nous ?
Dimanche 28 février 2016
https://www.thecatholicthing.org/2016/02/28/hitlers-confession-and-ours/