Que dire du Salut ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Que dire du Salut ?

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Depuis déjà longtemps je soulève la question du salut : plus particulièrement depuis qu’une femme, à la fin d’une méditation sur la passion du Christ selon le Linceul de Turin, vint me trouver pour me dire qu’elle croyait en ce salut puisqu’il était de foi et dont parle Jésus mais qu’elle était très troublée parce que, confiait-elle, « je ne sait pas de quoi je suis sauvée ».

La clef de la foi en Jésus, le Christ, réside en notre salut : et ce salut est le Christ Lui-même ! Qui rejette le salut qu’Il nous obtient par sa Croix et sa Résurrection est comme le marin qui ne sait plus où se trouve l’étoile polaire, qui la place ailleurs et jusque dans les entrailles de la terre.
La source de notre amour pour Dieu se découvre en l’amour du Christ, et son amour est la preuve même du Bien qu’Il nous veut, c’est-à-dire du Mal dont Il veut nous délivrer et dont nous comprenons de mieux en mieux qu’il loge au plus profond de notre corps, de notre âme comme de notre esprit et de notre cœur.

Ce Mal, en qui se rassemblent toutes nos mauvaisetés, nous enchaîne et nous rend esclave de tout ce qui n’est pas Dieu. Et ce qui n’est pas Dieu a toujours le visage de la Mort. J’entends bien ici me dire que la seule délivrance de l’être pécheur – et tous les êtres humains le sont – n’est possible que par la présence du « Dieu sauveur 1 », donc du Christ. Qui l’affirme avec une autorité que n’ont pas ceux qui le nient : « Je suis la Porte », soit la ‘’seule’’ Porte pour entrer dans la vie éternelle. Et Il ajoute : « Tout passera (et donc l’univers notre demeure), mais ma Parole ne passera pas ».

La Mort qui éloigne de Dieu est autre que ce que nous en croyons. Elle est vie perdue, elle est vie d’atrocité éternelle, elle peut être pour toujours haine et lamentation, désespoir ou idolâtrie de soi, ouvrage en permanence de destruction et de persécution. Celui qui refuse de vivre avec Dieu se condamne lui-même à vivre l’enfer dont les démons détiennent les clefs, eux qui se sont saisi de son gouvernement.

Trop de nos contemporains semblent aujourd’hui saisis par l’insouciance et la seule croyance en un bonheur indéfiniment lié à la distraction, au divertissement, à l’amusement : la récréation perpétuelle, voilà l’idéal de notre présent 2 ! Rien d’autre pourtant que l’oubli de celui que l’on est, l’évacuation de l’essentiel dont Jésus indique que nous ne pouvons pas l’atteindre sans son aide, son soutien, son accompagnement heure par heure.

Oui, chercher par soi-même ce bonheur fantasmé est le moyen le plus efficace d’atteindre son propre malheur ontologique : empêchée pour toujours l’entrée à jamais dans la Joie divine de son amour.

Je sais bien que ces mots sont des vérités perdues, échangées contre de la fausse monnaie dont les apparences font miroiter devant nos yeux tant et tant de mirages obsessionnels, d’infirmités éblouissantes, de fausses lumières boréales surgissant du froid de la mort.

Là-dessus me revient un verset tiré d’un texte de Jérémie, verset qui fait entendre une étrange désir de Dieu, ici autant le Père que le Fils : « Qui donc a jamais osé de lui-même s’approcher de Moi ? ». Les désirs de tous ceux que nous côtoyons sont innombrables, mais qui parmi eux fait entendre son désir vivant de s’approcher de Dieu ? Au contraire, ‘’multitudes’’ se nomment les foules qui se laissent volontiers ‘’approcher’’ de leurs rêves fous, de leurs appétits suspects, de leurs jeux maladivement tournés vers leur seul corps 3. ‘’S’approcher’’ donc en réalité de leurs démons favoris : eux dont les colères se comptent par milliers ; dont les actes notoires d’impureté victorieuse soulèvent l’admiration des inconscients, plus encore que l’étonnement ; dont les mouvements d’un orgueil insensé éclaboussent la société tout entière jusqu’à parfois l’épouvante de violences indicibles…

Que dire de l’hypocrisie dont usent pour camoufler leurs mauvais desseins nombre de politiques assoiffés de puissance ; de gens de finances ouvrant le malheur sous les pas des pauvres ; de pédégés de multinationales traficotant leurs cahiers de comptes pour ne payer pas les impôts servant en droit strict à faire vivre les peuples ; de gouvernants détournant les budgets pour imposer à ces mêmes peuples des lois indignes, des règlements suspects ; de scientifiques chargés de recherches contraires à la dignité des êtres ; de marchands, petits ou géants, usant de fausses balances et vivant ainsi de rapines en rapines ; d’artistes préférant le vice à la vertu, l’ordure à la beauté, jetant aux poubelles le Bien et le Mal ; d’hommes et de femmes condamnant l’amour aux flammes de leurs mauvais instincts ; d’écrivains dont les livres suggèrent pour leurs lecteurs le pire, inconscients des affres de l’enfer à venir…

Que d’exemples qui permettraient de remplir des milliers de gros ouvrages sans épuiser jamais les archives du mal !

En quelques traits se dessinent les territoires du Salut : là même où les catastrophes qu’organisent des foules d’êtres humains à face ou langue de serpents, là Dieu jette ses filets afin de rechercher et d’abriter en son sein les innombrables victimes dont Il a grande pitié. Ce peut être derrière les volets d’une ferme, derrière les portes d’immeubles insalubres, au fond d’impasses vouées aux plus sombres tentations, tendances malsaines et autres délires : aussi bien dans des palais au luxe tapageur, de loges ou s’épanouit l’inconscience et l’idolâtrie de soi.

Etc., Seigneur, etc. mille fois, car les entreprises de l’Ennemi sont innombrables, autant secrètes que publiques. L’Enfer est en travail jusqu’à la fin des temps, usant de ses mains, de ses regards, de ses voix, organes de ses viols d’âmes, prêtes alors à suivre ce sentier bourbeux qui les conduit et conduira droit au terminus des flammes, qu’elles soient froides ou brûlantes.
Je n’oublie pas que le Christ insiste auprès de sœur sainte Faustine pour qu’elle fasse savoir aux prêtres que « l’enfer existe », car il en est qui en doutent : Il parle en connaissance de cause du véritable enfer dont les images les plus approchées furent ‘’créée’’ en Russie par Staline, en Allemagne par Hitler, en Chine par Mao, au Ruanda par un chef de guerre… Mais partout de tels démons existent et travaillent au malheur des êtres humains, en une foule de pays, petits ou grands ! Malheurs des corps ou malheurs des âmes… et je ne puis imaginer que pour toujours on doive absoudre ceux qui poussent à l’avortement généralisé, au meurtre des malades et des vieux devenus encombrants. Etc. encore une fois, Seigneur.

Pourquoi ces références à la mauvaiseté humaine ? Pour qu’au-delà de toute jouissance qui refuse Dieu, qui participe à la Passion du Christ, on finisse par comprenne une bonne fois que le péché existe : il m’est arrivé maintes fois de le rencontrer. Il existe ainsi que son Palais, la demeure de l’épouvante sans rémission.

Le péché tel que mes propos en dessinent les contours est l’objet même du Salut par le Christ : seule la Miséricorde divine peut venir à bout de toutes ces horreurs, ces puanteurs, ces monstruosités. Le Seul qui a vaincu la Mort par les Péchés, Il est en mesure de la vaincre et de la réduire à rien. Il peut convertir à l’instant même celui qui ne le savait pas – songer à saint Paul, à Ratisbonne, Charles Foucault, André Frossard, à Nahed Maclouf Metwalli ! – et faire de son ennemi un amoureux fidèle à jamais ce Fils, Verbe éternel incarné en Marie sa Mère.

Cela peut s’accomplir ici et maintenant mais aussi, une dernière seconde, à la Porte vers qui s’avance le mourant. Pourquoi Jésus aurait-il dit être parti à la recherche de tous les pécheurs – Il les aime tous et veut tous les ‘’sauver’’ – afin de les faire revenir à Lui et, par Lui, jusqu’au Père de tout véritable amour, qui n’est que le mot désignant la seule Vie qui soit, celle qui s’écoule de leurs deux Cœurs en un seul amour infini ?

Et nous savons également que, face à ces horreurs qui traversent tous les siècles, s’élèvent la multitude des saints, canonisés ou non, la multitude de leurs prières et de leurs actes de sollicitude, de tendresse, de bienveillance, d’oubli et de don de soi, en somme d’amour humain tout rattaché à l’unique amour divin.

Mon lecteur ne peut avoir en sa besace qu’un grand nombre d’exemples admirables, qui rendent heureux infiniment plus que la recherche frénétique de tous les plaisirs humains qui finissent par pervertir le corps et l’esprit de l’homme jusqu’à le faire sombrer dans la pire des morts… Nombreux sont les Maîtres de cette époque qui déjà se tordent de douleurs en cet Enfer qu’avait, en son temps, exploré si savamment le poète Dante.

  1. Le mot Jésus (Yeshoua en hébreux) signifie « Dieu sauve ».
  2. Ne pas confondre le repos après le travail ou la besogne, la légitime récréation faite pour préparer à un nouveau travail… L’inversion qui donne la priorité aux amusements et autres distraction par rapport à ce qui construit nos existences est une sorte de monstruosité civilisationnelle. Se méfier le plus souvent des amuseurs publics, rentiers acharnés à nous faire perdre trop de notre temps.
  3. Combien sont littéralement accrochés à leurs ‘’machines’’, fontaines de jeux vidéos, de chansons étourdissantes, d’émissions de télé genre porno ou de mystères absurdes, etc.