On parle de la création, de prendre soin de la terre, pour le bien des générations futures, ou bien d’en abuser. Quelle est notre position sur ces points? Nos positions sont très divergentes: Ou bien le cosmos a été délibérément créé comme un ordre voulu ou bien il a toujours été là. Il s’est juste trouvé là.
L’information biblique à propos de la création nous dit qu’elle est « bonne », qu’elle est cohérente, qu’elle témoigne de la gloire de Dieu. Elle n’est pas en elle-même un « dieu », ni que Dieu fait partie d’elle. Le cosmos a été fait pour l’homme, et non l’inverse. Chaque individu humain a un dessein qui transcende le cosmos lui-même et le connecte à son origine.
L’intérêt principal concerne le destin ultime de chaque membre de l’espèce humaine. Chaque personne est jugée sur ce qu’il a fait librement durant le temps de vie qui lui a été attribué – n’importe quand, n’importe où, quoi que ce soit, petit ou grand.
Incluses dans la création sont ses richesses naturelles, ainsi que les cerveaux et les mains des humains. L’abondance de la création était fournie de façon évidente pour que, par elle, les êtres humains puissent atteindre leurs objectifs. L’intelligence de l’homme lui a donné l’ « autorité » sur toutes les autres créatures et sur les biens, trouvés déjà présents dans cette création. Leur perfection est liée à la sienne.
L’homme est une créature arrivée tardivement dans le cosmos. Il a assez rapidement augmenté sa population planétaire jusqu’à un peu plus de sept milliards. La raison pour laquelle il pouvait soutenir cette quantité est parce qu’il a appris comment cultiver les choses utiles, déjà trouvées là, pour ses besoins sur cette terre.
Il y a même un siècle, nous n’avions qu’une faible idée de la richesse dont cette planète était dotée. Les augmentations de la population sont considérées ou bien comme des menaces ou comme des bénédictions. Certains maintiennent que nous allons rapidement manquer de ressources et que nous devons réduire et contrôler notre nombre pour durer dans le temps. D’autres maintiennent que nous pouvons nous subvenir si nous le voulons. Ce qui nous a été donné, ce que nous sommes et ce qui est notre destin – tout ceci est relié.
Derrière toutes ces diverses hypothèses plane la question du pourquoi la terre existe , au regard de la raison pour laquelle les êtres humains existent. On entend beaucoup de choses, comme, par exemple, que nos ressources s’épuisent. On nous implore de prévoir les besoins des générations futures. De façon égoïste nous « gaspillons » les dons de la création. Nos péchés sont maintenant commis, non envers notre prochain, mais envers la terre. Nous devons réécrire les dix commandements qui ne concernent que l’homme et Dieu.
Les vieux marxistes, qui était de bons épicuriens,avaient l’habitude de se plaindre que les soucis de la vie surnaturelle étaient un obstacle à nous concentrer sur cette vie. Ils pensaient que l’énergie consacrée à des choses inutiles telles que l’adoration et le culte
serait mieux utilisée au travail de choses utiles. Avec chacun travaillant consciencieusement, nous pourrions produire une terre vraiment bonne.
Dans un de ses passages dévastateurs, Dostojevski dit que, à la fin, les hommes ne demanderaient que du pain. Ce qui signifie que la cuisson du pain et les autres tâches matérielles deviendraient le seul but de l’homme en ce monde. Une fois que ce choix est fait, notre tâches, à nous ou au moins à quelques personnes à naitre, en ce monde sera de tenir le coup aussi longtemps que cela sera possible dans l’avenir.
Des choses telles que la globalisation, l’écologie, la gouvernance internationale et le contrôle de la population deviennent ainsi l’objet d’intense préoccupation politique. L’humanité a maintenant pour tâche d’imaginer, sur la base de ce que nous connaissons maintenant, ce que nous pouvons planifier pour le futur lointain. Nous avons l’option de maintenir peu de personnes vivantes pendant un grand nombre de millénaires ou de causer la mort de millions en utilisant les ressources dans une vue à court terme. Logiquement, il n’y a pas grande différence entre ces deux positions. C’est juste une question de combien et quand.
En se retournant sur le passé on peut s’étonner à quel point le Seigneur était imprévoyant en nous créant. Est-il concevable que l’objectif de la création soit de garder vivant sur cette planète un certain nombre de notre espèce pour aussi longtemps qu’elle continue à tourner dans l’espace? Ou bien cet agent de mort nous demandait-il de regarder dans une autre direction?
La Révélation suggère que l’humanité, comme chaque créature, a une finalité au sein de ce monde. La terre est dotée de suffisamment de ressources pour que l’homme par leur développement, puisse répondre à ses besoins pour une vie heureuse.
Cet S.O.S. est un drapeau rouge pour beaucoup qui se sont engagés pour une philosophie de sauver-la-terre-avant-tout, une vision qui subordonne l’homme aux forces cosmiques et humaines, et non l’inverse.
En bref, Christ est venu pour nous sauver de nos péchés, et non pour nous maintenir pataugeant éternellement dans ce monde. Ce que nous ferons, ou ne ferons pas, c’est cela qui nous rend plus proches, ou plus distants, de Dieu, quelque soit l’époque, depuis le commencement, dans laquelle nous vivons.
Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/09/29/on-creation/
Tableau : « Isaac van Amburgh avec ses animaux » par Edwin Landseer 1839
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James v. Schall, s.j., qui a servi comme professeur à l’Université de Georgetown pendant trente cinq ans, est un des plus prolifique écrivain catholique en Amérique. Ses livres les plus récents sont The Mind That Is Catholic, The Modern Age, Political Philosophy and Revelation : À Catholic Reading, and Reasonable Pleasures.