Dans Valeurs actuelles, numéro du 16 au 23 novembre, Frédéric Valloire fait le tour de ce qui se dit en matière de violences humaines, de crimes et de guerres : il s’appuie sur différents ouvrages dont, par exemple, celui dû à des auteurs multiples – on parle aujourd’hui d’un « Collectif » – qui démontre que la « guerre est un fait social total » … « prisme à travers lequel on peut saisir l’évolution des sociétés ».
Je cite cet article des plus intéressant juste pour relever une remarque accessoire faite par Frédéric Valloire. Il écrit : « Le sentier de la guerre l’emporte sur l’idée d’un paradis originel ». Il ne l’emporte sur rien du tout, me semble-t-il, car il en est des simplifications comme de tout parti pris : vite exprimé, mais à résonnance à multiples échos, qui font alors entendre d’autres concepts. En effet, depuis plusieurs décennies la réflexion chrétienne, surtout catholique, a revisité la conception traditionnelle, pour tout dire lancée il y a déjà plus de 3.000 ans, de ce que fut la « Création originelle ». (Ce mot de paradis ne se trouve de multiples fois noté que dans le Coran. Les Évangiles l’ignorent, sauf une fois…)
En premier lieu, cette réflexion s’est portée sur la signification à donner au mot « origine », qu’il a bien fallu séparer de « commencement » et donc aussi de « fin ». Ce qui commence ne peut que finir. La Création de Dieu relève, non du commencement, mais de l’origine, hors donc du « temps/espace » : ce qu’est étrangement venu corroborer l’irruption soudaine du « phénomène initial », nommé « biguebangue » par de facétieux astrophysiciens qui ne voulaient pas entendre parler de ce qui ruinait leur ‘croyance’ (il s’agissait bien en effet d’une « foi » matérialiste) en une « matière éternelle », grand argument des athées pour nier l’existence de Dieu. Le hasard, disposant de l’éternité, se trouvait le grand vainqueur, pensaient-ils.
Certains se sont engagés dans des réflexions à jamais, peut-penser, invérifiables comme celle de la multiplicité des univers parallèles, ce qui équivalait à « sauver » cette éternité déjà conceptualisé par les philosophes grecs de l’Antiquité. Mais en science, il faut la preuve de ce que l’on avance, et non se satisfaire d’une vision n’ayant aucune base justificatrice.
Le problème pour eux demeure depuis que la preuve du « phénomène initial » a été apportée dès 1965. Mais ce qui est exprimé sur la « Création originelle », c’est-à-dire conçue avant ce phénomène fondateur, permet notamment de comprendre d’abord la nature et la réalité du péché que l’on peut en toute clarté nommer « péché d’origine », ensuite l’irruption du mal, de la violence, de la guerre parmi les tous premiers hommes, en remarquant que la guerre appartient à ce monde des commencements et des fins… Le péché en effet, dans la mesure où la blessure qu’il ouvre dans l’être ne saurait être guérie, ne peut qu’orienter l’être vers lui-même : l’orgueil en somme lui fait croire qu’il peut tout dès qu’il sait. Et Dieu sait qu’aujourd’hui l’Homme sait qu’il peut ! Comme le crurent Adam et Ève quand ils entendirent ce qui les fascinât aussitôt de la bouche de Lucifer devenu Satan. Ils ne possédaient pas encore l’intelligence critique dont nous pensons aujourd’hui bénéficier et qui transforme peu à peu nos contemporains en parfaits petits et dérisoires gnostiques.
Tout ce qui a été dit sur le « biguebangue » montre à quel point ce phénomène est prodigieux ; y est inscrit en effet tout le « programme » du développement de notre univers temporaire, en somme son ADN (tout de même, de son point de départ à son point d’arrivée, quelques 27 milliards de nos années…) : comme dans l’embryon humain tout le développement physiologique et psychologique est déjà mis en place.
Pour ce qui est de l’âme, elle n’est pas inscrite en ce programme : puisqu’on ne peut dire d’elle qu’une chose, c’est qu’elle est chargée de la bonne exécution de ce qui est imprimé dans l’ADN, message ou code… mais cela ne peut être compris qu’en dehors de toute conception matérialiste.