L'accueil de l'Église - Quel est-il ? - France Catholique
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L’accueil de l’Église – Quel est-il ?

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Depuis des années, le mot « Accueil » a parasité les critiques contre l’Église, comme si c’était l’instrument de mesure de la façon dont l’Église tend la main à ceux qui sont réticents à se bousculer à sa porte. Tout récemment les médias ont applaudi à ce qu’ils sentaient comme une nouvelle forme d’accueil envers certaines catégories lors du Synode extraodinaire sur la famille en octobre dernier.

Que signifie « Accueil »? Et quel accueil l’Église catholique réserve-t-elle? Selon une étude récente de l’Université Bénédictine (à Lisle, Banlieue de Chicago) une forte proportion de catholiques considère qu’une communauté accueillante est un facteur essentiel de bonne pratique religieuse. Pour certains, ne pas se sentir bien accueilli est une incitation à aller voir ailleurs.

« Accueillir » signifie recevoir avec plaisir et hospitalité. « Accueilli(e) » signifie reçu(e) avec plaisir, joie et courtoisie. Ainsi, par définition, une église accueillante reçoit les gens gracieusement, avec gentillesse. Accueillir quelqu’un est un acte de charité, et donc un acte bienfaisant qui a naturellement sa place dans la vie de l’Église.

Mais en pratique, comment l’Église devrait-elle accueillir les gens? Dans certaines paroisses des bénévoles à l’entrée donnent un chaleureux « bonjour ». [NDT c’est le cas de la paroisse de mon plus jeune fils, en Virginie]. On voit dans d’autres paroisses des petites affiches « veuillez saluer vos voisins qui arrivent.» (J’ai trouvé dans un missel pour enfants cette suggestion présentée — inexplicablement — comme faisant partie du rituel de la messe). Mais ces tentatives de « bienvenue professionnelle » ont un caractère trop artificiel et, oserai-je dire, surfait, pour donner une impression de bienvenue à la personne ainsi « reçue ».

On peut trouver dans la vie de Jésus comment Son Corps, l’Église, peut être accueillante. Il encourage les gens à le rejoindre («venez, suivez-moi.» – « laissez venir à moi les petits enfants.»). Et, plus directement, Il s’invite chez les autres (« Zaccharie, je viens chez toi ce jour.») L’accueil selon Jésus n’est pas une banale salutation, mais un authentique échange personnel qui amorce une relation — et, finalement, une amitié — avec l’autre.

Plus généralement, pour être accueillante, l’Église doit se consacrer à inviter les gens à une relation personnelle avec le Christ : c’est sa fonction. Et cette relation est plus que simplement spirituelle. Elle est sacramentelle, puisque l’Église transmet directement aux hommes et aux femmes la grâce divine afin que leur relation avec le Christ soit réelle, substantielle, fructueuse, et même physique par la réception de la Sainte Eucharistie. L’Église ne saurait être plus généreuse envers son peuple qu’en lui répandant la grâce.

Dans le divin plan mystérieux du salut, la transmission de la grâce sacramentelle implique les êtres humains comme Ses vecteurs, et on sait trop bien que souvent nos attitudes guère charitables et nos façons de faire peuvent induire du ressebtiment plutôt que de la reconnaissance chez ceux que nous sommes appelés à servir. C’est ce qui accroche certains, particulièrement ceux qui critiquent l’Église. Ils ne discernent pas la grâce que Dieu propose parce qu’ils se laissent aveugler par les réactions moins que gracieuses des fragiles porteurs de la grâce.

Entraînés dans la chute, nous manquons à la charité et à l’accueil qu’on peut attendre de nous par moments. Mais nos défaillances nous révèlent une autre vérité sur la signification du mot « accueil » : un accueil authentique n’est guère facile. Il requiert du sacrifice de la part de celui qui accueille qui, imitant notre Seigneur, doit faire don de lui-même pour que l’autre puisse recevoir. Prendre conscience de cette vérité devrait nous inciter à l’indulgence et à rechercher quiconque n’a pas reçu l’accueil attendu.

Au cours des récents débats lors du Synode, certains ont suggéré que l’Église se fasse plus accueillante en évitant un langage décrivant le péché. Les catégories préférées du Synode — catholiques divorcés et catholiques éprouvant l’attraction homosexuelle — participeraient plus volontiers si l’Église cessait de leur rappeler les réalités du péché. Les rédacteurs du rapport intermédiaire du Synode, évêques et cardinaux, semblent avoir tenté d’adhérer à cette tactique par l’emploi de termes que le New York Times jugeait « des mots de bienvenue et de compréhension » à l’égard de ces catégories.

Mais la méconnaissance de problèmes et péchés évidents n’a rien à voir avec l’accueil, et les actions de Jésus Lui-même prouvent qu’accueillir n’est pas synonyme de « laisser faire comme bon vous semble ». Au cours du dîner de Jésus avec Zaccharie, le percepteur renonça immédiatement à ses pratiques marquées du péché. Sauvant la femme adultère de la lapidation, Jésus lui dit de ne plus pécher. Essayant de changer le comportement des Pharisiens — ces hommes dont les cœurs avaient autant besoin d’accueil que quiconque — Jésus les abreuvait d’insultes pour leur stupide entêtement. Et alors que Jésus expliquait qu’il fallait consommer Sa chair et Son sang pour avoir la vie éternelle Il n’ota ni ne changea rien à Son enseignement après le départ des disciples déçus.

Jésus est venu pour inviter les pécheurs à une relation personnelle par laquelle Il les transformerait peu à peu en Saints. Poursuivant Sa mission, l’Église, selon l’image employée par S.S. François, est un hôpital de campagne qui accueille les pécheurs avec la plus immense hospitalité, la grâce divine. Un accueil authentique ne peut donc jamais négliger le péché, à moins que le pécheur oublie pourquoi il a fait sa démarche vers l’Église.

9 novembre 2014.

Tableau : Jésus interpelle Zaccharie – Niels Larsen Stevns (env. 1913)

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/how-welcoming-is-the-church.html