Après une croissance spectaculaire (0,6 %) au premier trimestre, l’Allemagne, « locomotive européenne » comme la qualifient de nombreux journaux économiques, vient d’accuser un repli inattendu de 0,2 % au second trimestre de cette année 2014 : an de disgrâce pour le pays de la chancelière Angela Merkel ? En réalité, même si la prospérité d’Outre-Rhin semble remise en cause, rien n’est encore joué. Certes, observent « Les Echos », la production et les commandes industrielles, tout comme les exportations, y ont connu en août leur plus forte baisse depuis 2009. Et l’indice du moral des entrepreneurs a connu sa sixième descente consécutive en ce mois d’octobre.
En France et ailleurs en Europe, ce fléchissement conjoncturel crée une tentation maligne, la « Schadenfreude », cette joie mauvaise, face à une Allemagne qui semblait devenue une donneuse de leçons un tantinet arrogante, et qui pourrait se retrouver quelque peu dépitée, devant le coq gaulois lui-même déplumé depuis les années Mitterrand…
Le ralentissement de la machine allemande laisse aussi espérer à certains que Berlin la puritaine de l’économie et de la finance renonce à son orthodoxie de l’équilibre budgétaire. Et qu’elle accepte mieux la carte d’une relance des investissements pour sauver la croissance de tous…
Mais il est encore trop tôt pour prédire ce que sera la navigation des décideurs économiques de l’autre côté du Rhin. Malgré l’amoncellement des nuages, contrairement à leurs compatriotes investisseurs, les consommateurs allemands gardent le moral – et le portefeuille – ouvert à des horizons plus clairs. Et actuellement l’emploi ne semble pas menacé, dans cette Allemagne qui, contrairement à la France, n’a jamais négligé des filières de formation solides et efficaces comme l’apprentissage. Et donc, pour l’instant, Berlin ne change pas de cap. Avis à ses voisins : qu’ils ne se bercent pas d’illusions. Angélique ou pas, le sourire de Mme Merkel n’a pas encore disparu de façon définitive devant son tableau de bord.
Pour aller plus loin :
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- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
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