La paix est l’avenir - France Catholique
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La chasteté : apprendre à aimer
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La paix est l’avenir

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La 28e rencontre annuelle de la communauté San’t Egidio a eu lieu du 7 au 9 septembre à Anvers sur le thème « la paix est l’avenir. Religions et cultures en dialogue. Cent ans après la première guerre mondiale ». Le choix du titre est toujours un signe et cette fois un signe prophétique. Personne en fait ne savait très bien ce qu’il contenait. C’est comme si la formule s’était imposée à ses auteurs sans y avoir réfléchi. Et maintenant il s’agissait de mettre un contenu derrière. Comme un sujet de dissertation proposé aux intervenants, en figure libre, à chacun d’imaginer.

Le défi a été relevé d’une certaine manière dans son message de bienvenue par le maire de la ville d’Anvers. Celui-ci n’est autre que le tonitruant défenseur de l’indépendance de la Flandre, le chef du parti nationaliste flamand, grand gagnant des dernières élections législatives, Bart de Wever. Il y avait quelque audace à situer la rencontre de San’t Egidio dans cette ville ! Les souvenirs de 1914 sont une chose. L’actualité une autre. Et pourtant on a entendu un plaidoyer pour la culture du vivre ensemble dans cette ville dont le maire s’est honoré qu’elle soit la deuxième ville la plus cosmopolite du monde, avant Londres et New York, et après Amsterdam : 174 nationalités représentées ! Mais Bart de Wever n’a pas hésité aussi à partager le thème de la rencontre, en y décelant toute sa part d’optimisme. Car s’il y a encore un optimiste en Belgique, c’est bien lui. Un autre flamand a prononcé aussi une allocution optimiste lors de la même séance inaugurale : Herman Van Rompuy, président encore pour un mois ou deux du Conseil européen.

Optimiste lui sur l’Union européenne. Cela va de soi. Mais plus fondé sur les « nouveaux membres » successeurs de la chute du mur de Berlin, que des anciens, héritiers des deux guerres mondiales.

A Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté San’t Egidio, il revenait de donner une réponse à la question qu’il avait lui-même posée : « la paix représente-t-elle notre avenir ? » En fait d’avenir, on eut droit à un retour en arrière sur le « chemin d’Assise » courageusement et laborieusement poursuivi depuis 1986. Presque un discours-testament. « Nous avons été les sentinelles sur la frontière entre guerre et religion ». « Le désert des Tartares » (Dino Buzzati) ? Beaucoup de désillusions dans ce discours rétrospectif.

Où donc trouver des clés ? Dans l’Appel pour la Paix proclamé à la clôture des trois journées, le 9 septembre : « soit l’avenir est la paix soit il n’y a plus d’avenir ». La réunion se terminait ainsi par un renversement du libellé du thème de départ : « la paix est l’avenir ». La boucle serait ainsi bouclée. La paix est l’avenir parce que sans paix il n’y a plus d’avenir. D’où la prière finale : « Que Dieu accorde au monde l’avenir. Qui est la paix » ! Belle formule qui renouvelle intelligemment le traditionnel « donnez-nous la paix ». Plutôt que la paix, l’avenir, ou l’absence d’avenir : la fin.

Les religions sont instrumentalisées pour les guerres, les violences. Mais les religions sont aussi et d’abord un discours sur la paix. Dans le regard un peu désabusé porté par Andrea Riccardi, il y avait aussi cette notation que « face aux conflits, les sièges institutionnels du dialogue semblent usés », propos terrible qui s’applique tant aux efforts des Eglises en corps constitués que des organisations internationales, l’ONU en tête. Rien n’est donc plus urgent que de reprendre la réflexion sur la paix toujours « à-venir », « devant ad-venir », la paix comme eschatologie et prière à « Celui qui vient ».