Le long convoi de Poutine en Ukraine: un Cheval de Troie ? - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Le long convoi de Poutine en Ukraine: un Cheval de Troie ?

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Le grand convoi humanitaire de 287 camions généreusement envoyé par Vladimir Poutine depuis Moscou en direction des bastions séparatistes de l’Ukraine de l’Est inquiète un peu le gouvernement ukrainien de Kiev et le Comité international de la Croix Rouge. Celui-ci regrette de ne pas avoir reçu de réponse à toutes ses questions sur les « détails techniques » concernant cette opération, qui est très médiatisée en Russie mais qui reste d’un grand flou artistique, ou d’une grande modestie, en matière d’information : dans le cadre très large d’une « liste générale » du chargement des camions russes, « d’importants détails tels que le contenu et le volume de l’aide ne sont pas clairs », constate la Croix Rouge internationale.

Hélas ! Elémentaire, mon cher Watson ! L’accord préalable entre les différentes parties en conflit n’a pas été obtenu, ce qui empêche l’engagement de la Croix Rouge, dont le maître-mot reste la neutralité, gage de professionnalisme. Car la Croix Rouge, l’Ukraine et la Russie n’ont pas trouvé de terrain d’entente – c’est le cas de le dire – sur l’itinéraire à trouver pour ce long convoi à destination de Louhansk, l’ex-Vorochilovgrad de l’Ukraine russifiée et soviétisée du temps de Staline. Le gouvernement de Kiev refuse de laisser les camions pénétrer directement dans la zone contrôlée par les séparatistes prorusses, car à propos de contrôle, il veut pouvoir contrôler lui-même le contenu du chargement du convoi véhiculé dans son pays.

Même malaise chez les représentants de l’Europe, devenus très enclins au doute quant au discours officiel russe et à ses silences depuis la descente en flammes du Boeing MH 17 à 10.000 mètres d’altitude au-dessus du Donbass par un missile fantôme, avec près de 300 morts civils réels qui avaient eu le tort de voyager en avion.

En outre, les diplomates occidentaux se souviennent qu’en 2008, déjà, Moscou avait justifié son intervention en Géorgie par des raisons humanitaires : il s’agissait déjà de voler au secours des russophones déclarés menacés, mais c’était déjà avec des blindés et des armes. Dans ces conditions, l’interminable convoi routier de M. Poutine en Ukraine de l’Est peut être comparé à un Cheval de Troie des temps modernes. Certes, comme partout, « les routiers sont sympas », mais la solution ainsi apportée à la gravité de la situation humanitaire dans cette zone sinistrée – mais par qui, difficile question ! – peut offrir un prétexte éventuel pour une éventuelle intervention militaire. C’est ce que craignent des esprits chagrins, d’humeur suspicieuse… Il est vrai que les temps sont durs et qu’en cet été pluvieux, le fond de l’air effraie.
Denis LENSEL