Ancienne date de la fête de saint Dominique : j’ai toujours trouvé désagréable que cette fête, (aussi la mienne quoique je sois très distant de la sainteté, très loin d’être un saint, fut-ce un tout petit saint de rien du tout), ait été purement et simplement renvoyée à plus tard. Certainement avec d’excellentes raisons … Mais là n’est qu’un détail de rien : je voulais reprendre une lecture d’hier, quelques strophes du psaume 144 …
« Le Seigneur est juste en toutes ses voies, / fidèle en tout ce qu’il fait. / Il est proche de ceux qui l’invoquent, / de tout ceux qui l’invoquent en vérité » : mais avant, le psalmiste écrit : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ».
La Bible pourtant retentit littéralement de coups de tonnerre, d’effrayantes colères, de menaces de ruine, de mort : Israël, qui sans cesse s’écarte du chemin tracé par Dieu, se voit réduit à rien, lui qui aurait dû devenir un peuple plus nombreux que ne le sont les grains de sables de la mer ! Mais toujours la tendresse l’emporte, Dieu revient, supplie, guérit ! Il nous aime et se laisse avoir odieusement.
Avec Jésus, humanité du Verbe éternel, une ère nouvelle s’enclenche, une promesse d’éternité est faite solennellement le Jeudi-Saint au soir, une Alliance définitive consacrée sur la Croix et officialisée par la Signature apposée sur le grand drap de lin – l’empreinte du corps entier vu de dos et de face – qui servit de dernier vêtement au « Serviteur Souffrant », c’est-à-dire le Christ !
Cette alliance avait été depuis des siècles annoncée par Isaïe (LV, 1-3) : « Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez et vous verrez ! Je ferai avec vous une Alliance éternelle qui confirmera ma bienveillance envers David », soit un descendant du roi d’Israël par excellence … descendant que fut saint Joseph – lire le livre du père Francis Volle sur ce Prince discret – et que fut (peut-être) la Vierge Marie : et donc par eux Jésus.
Cette annonce que fit Isaïe, invitation prodigieuse lancée à tout venant – comme celle du festin de mariage qui, dans les évangiles, fut d’abord boudé par ceux qui auraient dû en premier s’y précipiter – mais non ! « J’ai mon père à qui faire mes salutations … mon bœuf à rentrer … ma femme à embrasser … etc. » – alors étendue par Dieu aux habitants de toute la terre !… Invitation absolument « gratuite », tout comme le pain et le poisson des deux multiplications des pains par Jésus : image du Royaume auquel l’Alliance donne accès et qui ne demande le paiement d’aucun impôt et permet d’être nourri en abondance et abreuvé de même !
Le Royaume dont parle Jésus est-il autre que le premier, celui d’avant le Big-Bang, qui appartenait à l’ordre de l’Amour alors que l’homme-et-femme, écoutant le Tentateur, notre Ennemi de toujours, voulait entrer dans celui du Savoir, lequel était assuré donner le Pouvoir ? (« Faire comme Dieu. »)
Non, ce Royaume n’appartient pas à « l’Espace-Temps » (celui d’une vie qu’abrège la Mort), pas plus que le corps de Jésus en sa Résurrection : pas plus de même celui de Marie, peut-être celui de Joseph comme le pensait saint François de Sales… et, pourquoi pas, celui de saint Jean ? Le Verbe éternel descend dans ce qui pour Lui peut sembler un « bas-fond », notre pauvre monde, afin de s’approcher de nous par l’intermédiaire de l’Homme parfait, Jésus, qui porte la nature humaine qu’Il a désiré devenir à sa perfection : ayant par la Croix vaincu la Mort et par là le Péché – celle et celui qui marquent chacun de nous – Il refait le parcours, non plus dans le sens de la Chute vers nous mais dans celui du Retour vers le Père. Il refait à l’envers le parcours de Chute, qui devient le parcours de la Gloire.
Que l’on prenne garde de penser que le Verbe – i.e. la Personne même du Verbe ! – efface l’Homme Jésus. Il possède le tout de la nature humaine, et donc une âme bien à lui. D’où la nécessité d’un apprentissage qui semble avoir atteint son degré de maturité dès ses douze ans : l’âge chez les Juifs de venir à la Synagogue et de lire à haute voix et à son tour des passages de la Thora.
Le point d’orgue de mes réflexions se trouve aujourd’hui comme souvent dans le passage admirable et si réconfortant de saint Paul : « Frères, qui pourra nous séparer de l’Amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution ? La faim, le dénuement, le danger, le supplice ? Non, car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs … » (VIII, 35-37).
Comme doivent lire et relire ces quelques lignes les chrétiens de Syrie, d’Irak, du Pakistan, du Nigéria, de Chine et de bien d’autres lieux ! Seigneur prends en ta sainte et miséricordieuse pitié ces peuples que des démons veulent te retirer ! Et si possible les abattre.