Le choix européen - France Catholique
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La sainteté : dire oui à Dieu
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Le choix européen

La montée des oppositions européennes ferait craindre la reconduction de la même cohabitation droite-gauche que lors des exercices précédents, recette pour l’immobilisme.
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Les élections européennes ont un aspect déprimant : le reclassement au Parlement de Strasbourg et à la Commission de Bruxelles des éternels perdants des élections nationales ou des seconds couteaux des grands partis. Celles qui approchent n’ont pas échappé à ce travers quelle que soit la formation. Les états-majors français (mais ce ne sont pas les seuls) s’en sont donné à cœur joie dans la distribution de ces lots de consolation après les municipales.

Or pour la première fois les électeurs ont la possibilité de désigner directement le président de la Commission européenne. Personne, hélas ! n’en a été informé : qui sait qu’il ne votera pas le 25 mai contre Hollande et pour Sarkozy ? Pour ou contre Alain Lamassoure ou Vincent Peillon ? Pour faire une place à l’ex-ministre des Finances Moscovici ? Les élections du 25 mai ne sont pas des élections françaises ! Ce ne sont pas la somme des élections nationales. Ce sont des élections européennes au suffrage direct !

Certes les jeux sont déjà faits et ils sont faussés : le candidat du Parti Populaire Européen (PPE qui regroupe les partis de centre-droit dont l’UMP), l’ex-Premier ministre luxembourgeois (battu), ex-président de l’Eurogroupe, Jüncker, ne veut pas du poste de président de la Commission — il est trop fatigué pour cela — mais de celui de président de l’Union, plus reposant (l’actuel Van Rompuy). Personne donc ne sait qui sera le candidat de droite à la Commission ! ?

La gauche, qui devrait faire jeu égal avec le PPE, a un candidat qui fait campagne dans les vingt-huit États membres et auprès des chefs d’État et de gouvernement, dont le plus difficile, le sien, l’Allemand Martin Schultz, ex-président du Parlement européen.

C’est le seul vote utile de ces élections : si vous voulez désigner directement le futur président de la Commission, éviter les portes closes, déjouer les arrangements du sérail, la seule — l’unique — possibilité est de voter pour la liste socialiste, les yeux fermés, quel que soit son chef de liste et ses membres, sans parler de son programme ! Quelle ironie du sort !!!

Au-delà du choix du président de la Commission, responsable devant le Parle­ment (et les chefs d’État et de gouvernement), le choix porte sur la désignation des commissaires, avec son côté ubuesque où chacun des vingt-huit États membres a droit à un poste et où la France ou l’Allemagne pèsent autant que Malte ou Chypre !

Et bien entendu pas question de nommer quelqu’un qui n’aurait pas l’aval de son gouvernement, donc ici un ou une socialiste, là un ou une conservatrice ou centriste. Ce qui implique a priori que l’équipe, politiquement, nationalement, linguistiquement si hétérogène, sera assujettie à la Commission, à ceux que les Anglais désignent sous le nom de « secrétaires permanents » : les directeurs généraux et les directeurs quasi inamovibles…

La vie politique française sous la Quatrième République était habituée à fonctionner de cette manière. Le plus généralement le centre-gauche et le centre-droit, à Strasbourg le parti populaire et les sociaux-démocrates, comme en Allemagne ou en Italie, en Belgique et aux Pays-Bas, démocrates-chrétiens et socialistes gouvernaient ensemble autour d’une même idée du Bien Commun et de la pensée sociale.

Ce modèle, qui risque d’être reconduit au lendemain du 25 mai, ne correspond pas à la tradition de l’alternance et du bipartisme des Anglo-Saxons, et il est rejeté par les nouvelles oppositions de droite comme de gauche. Il lui reste une dernière chance de faire ses preuves avant que l’on ne bascule dans un autre système plus brutal aux effets multiplicateurs : tout à gauche ou tout à droite. Il est urgent de retrouver les vertus du centre grâce aux catholiques de tous bords.