Jean XXIII et Jean Paul II : non seulement deux des papes les plus importants, mais 2 des hommes les plus importants du 20e siècle, et de tous les siècles. Il n’est pas facile d’imaginer à quoi ressemblerait l’Eglise Catholique ou le monde sans eux. Mais il est assez facile de voir que, de multiples manières, l’Eglise et le monde eussent été tout à fait différents. C’est pour cette raison même et pour la sainteté manifeste de ces grands guides que le Pape François les canonisera ce dimanche.
Et ils sont loin d’être les seuls grands papes. Depuis que le grand Léon XIII initia l’enseignement de la doctrine sociale de l’Eglise Catholique moderne et renouvela l’étude du Thomisme, des hommes très différents ont occupé la chaire de St Pierre et y ont exercé une puissante influence. Il y eut des érudits, des diplomates, des philosophes, même des amateurs de montagne (Pie XI et JPII). Ils ont lutté contre les idéologies modernes, contre le Fascisme, le Nazisme et le Communisme – et ils en sont finalement sortis vainqueurs. Le pape François doit faire face au matérialisme fonctionnel et à l’athéisme de notre temps. Mais nous ne devrions pas penser que ce soit une situation inhabituelle : tous les papes modernes ont fait face à de graves défis.
Cependant, comme presque tout le monde, même les non-catholiques, le comprennent, Jean XXIII et Jean-Paul II occupent une place spéciale. Jean XXIII, par exemple, fut toute sa vie diplomate du Vatican et n’a jamais servi comme simple prêtre dans une paroisse, mais il est indéniable que c’était un homme du peuple. A juste titre il a compris qu’une église plus pastorale et évangélique était une nécessité – sans avoir la moindre intention de changer l’enseignement de l’Eglise pour parvenir à ce but. Mais nous savons ce qu’il advint après Vatican II – un grand renouveau mais aussi une grande confusion.
(Ici (dans ce journal) à l’occasion du 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile), j’ai essayé d’en classer les différents avancées.
Les gens se demandent encore quelles étaient les intentions de « Papa Roncalli » en convoquant ce Concile et ce qu’il aurait pu penser des résultats. Mais quiconque relit sa vie, – même les nombreuses biographies qui tendent à critiquer « l’Esprit de Vatican II » – auront du mal à trouver la preuve que ce pape ait voulu l’énorme confusion qui a suivi, dans les vocations religieuses, l’assistance à la messe, et l’enseignement de la doctrine. Il aurait considéré tout cela comme un désastre, s’il avait vécu pour le voir. Ce fut sa malchance d’avoir convoqué ce Concile au moment précis où la société occidentale était sur le point de passer d’un reste de culture Chrétienne, – une société qu’il pensait pouvoir catéchiser avec vigueur, – à un monde définitivement post-chrétien- et dans une certaine mesure, et pas la moindre, un monde anti-chrétien.
Telle est la culture dans laquelle nous baignons actuellement et dans laquelle l’Eglise doit maintenant trouver son chemin.
Jean-Paul II était un jeune évêque actif au concile de Vatican II et il montra dans son propre diocèse de Cracovie ce que signifiait vraiment le Concile pour lui et pour beaucoup d’autres. Il organisa une série de Synodes à Cracovie, -ce qui se fait toujours-, lesquels mirent le Concile en application d’une manière bien plus fidèle et ordonnée que partout ailleurs dans le monde. En outre la stature de Karol Wojtyla, manifestement très grande sur la scène du monde et son rôle pour vaincre le Communisme – son compatriote Czeslaw Milosz, lauréat du Prix Nobel, a déclaré qu’il était la seule personnalité de renommée mondiale de son temps qui eut pu être l’un des rois de Shakespeare – son autorité constante à Rome pendant le dernier quart du vingtième siècle ont apporté à l’Eglise tout entière sa stabilité.
Nous voyons déjà des sources d’informations séculières qui prétendent que son héritage est entaché par un certain échec, celui de n’avoir pas traité la crise des abus sexuels par les prêtres (JPII a, aussi, été gravement trompé par le Père Marcial Maciel dans les dernières années de son pontificat). Mais personne ne peut exceller en tout. Vaincre le Communisme ou restaurer l’enseignement de l’Eglise, une seule de ces tâches aurait été un travail à plein temps pour la plupart des hommes. JPII a fait les deux à la fois et bien plus. Son pontificat apporta un renouveau de respect pour l’Eglise et son autorité morale mondialement reconnue ne fut égalée par aucune autre autorité au monde.
L’Eglise Catholique a grand besoin d’intégrer en profondeur le meilleur de l’héritage de ces deux hommes alors qu’elle cherche à traiter avec un monde qu’on ne peut décrire que comme étant de plus en plus hostile au Catholicisme.
Ce fut une idée de génie du Pape François de proclamer Saints en même temps et le même jour ces deux hommes très différents, ce dimanche qui vient.
Le meilleur que nous puissions espérer de ce geste serait un retour à la pleine observance de la doctrine de l’Eglise, un Catholicisme qui se définirait par sa loyauté à l’enseignement de l’Eglise Catholique dans sa totalité, et non par des objectifs politiques ou idéologiques. Roncalli et Wojtyla, chacun d’eux, avait assez confiance en la foi pour vouloir y engager le monde moderne. Tous deux croyaient aussi qu’il était possible d’agir ainsi sans faire aucun compromis dans l’enseignement de l’Eglise.
Nous avons trop longuement débattu en opposant les approches « pastorales » et « doctrinales »- et nous avons eu une tendance trop partisane en affublant tel pape de telle étiquette et tel autre pape de telle autre étiquette. Les papes Jean Paul I et II ont essayé, par le choix même de leur nom, de combler le fossé entre l’apparente ouverture de Jean XXIII et la fidélité détestée de Paul VI (que le Pape François a récemment qualifiée d’héroïque et de prophétique pour s’être tenu à la position de l’Eglise sur la contraception). Choisir ces noms n’a pas résolu le problème ; il reste beaucoup à faire.
Il nous faut commencer par prendre conscience que le pastoral et le doctrinal sont une seule et même chose, appliquée avec intelligence et charité. J’ai dit cela auparavant, mais cela mérite d’être répété : une approche pastorale sans le soutien de la doctrine ressemble à un docteur qui sait parler aux malades mais ne sait pas les soigner. Si nous voulons faire du bien aux autres, nous devons savoir d’abord ce qui est bon pour nous tous. Une application de la doctrine rigide ou incohérente n’est bonne ni en pratique ni en théorie. L’idéal est – selon la formule du Cardinal Newman- que «le cœur et la raison se rejoignent ». Et JPII et Jean XXIII, en dépit de toutes leurs différences, ont incarné cet idéal. Espérons que l’Eglise et le monde comprendront cela un jour.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/a-century-of-great-popes.html
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Je suis en chemin vers Rome ce matin et je vais couvrir les cérémonies de canonisation et d’autres évènements sur la chaîne de TV EWTN vendredi, samedi et dimanche .Je serai aussi présent à l’émission : une conférence organisée par le journaliste Austin Ruse de « The Catholic Thing » de C-FAM
sur l’héritage de Jean-Paul II, à laquelle participeront plusieurs des amis du défunt pape tels que George Weigel, Michael Novak, et Rocco Buttiglione, entre autres.
Nous publierons aussi ici dans « The Catholic Thing » un dossier « canonisation » quotidien (chercher le lien dans les listings de gauche à partir de jeudi) nous vous tiendrons au courant de ce qui se passe ces jours ci à Rome. L’an dernier pendant le conclave qui a élu le pape François, nous avons fait quelque chose de semblable et la réaction à cet effort nous a convaincu que bon nombre d’entre vous aimerait une autre série de reportages.
Tout cela m’amène à traiter d’un autre sujet que je suis contraint d’aborder avec vous. Nous avons besoin de commencer, cette semaine aussi, notre collecte de fonds de printemps. Si vous êtes un habitué de ce site , vous savez que nous ne faisons appel à votre aide que deux fois par an Les articles que nous publions ici ne relèvent pas d’un blog ordinaire, mais il s’agit d’un site qui cherche à vous apporter une série quotidienne d’articles bien pensés par un groupe d’écrivains distingués. Ces chroniques que nous publions sur ce site nous permettent de participer à des événements de plus grande importance tels que ceux de cette semaine.
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