Désinformation et curiosités électorales - France Catholique
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Désinformation et curiosités électorales

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Madame Belkacem avait, les soirs derniers, oublié son sempiternel sourire qui lui servait de sésame de persuasion : elle affichait un air de sérieux et d’affolement : « Rendez-vous compte ! Si le Front national emporte des villes, il va obliger les gens à manger du porc ! » Oh ! L’affreuse perspective ! Du porc ? Est-ce si grave ? Moi qui ne suis pas un fervent de Mahomet, je dois avouer que je mange très volontiers du porc, d’autant que dans les Évangiles il n’y a pas la moindre apparence d’interdiction, bien au contraire. De plus, dans les environs d’Angers nous avons trouvé des producteurs qui en proposent d’excellente qualité … notamment de délicieux filets mignons.

Mais en fait Madame Belkacem, qui sans doute a de bonnes raisons de n’en pas manger, a donné des preuves évidentes d’un « savoir-faire » que le pape François vient de condamner sévèrement chez ceux qui le pratique : celui de la désinformation. Que sait-elle en effet de ce que le FN fera ? Je crois savoir, sans mettre ma main au feu quoique je laisse volontiers mes oreilles discrètement ouvertes, que ce qui devrait être restauré dans les cantines scolaires ce serait la proposition de la viande de porc à égalité avec celle de bœuf, le hallal étant une troisième sortie : mais je crois avoir entendu dire que même l’UMP serait favorable à un tel retour au légal et ce depuis plusieurs mois. Cependant j’avoue pouvoir me tromper et prendre mes désirs pour des réalités.

Que se passe-t-il le plus souvent aujourd’hui ? Nombre de gérants de cantines ne mettent plus que de la viande ‘hallal’ pour être tranquilles, sachant que les chrétiens mangent de tout et se plaignent beaucoup moins que les ‘autres’, certains que ce n’est pas ce qui entre en nous qui est impur mais ce qui en sort (par exemple : paroles blasphématoires contre Dieu, insultes, injures, mensonges, calomnies, sarcasmes, condamnations contre son prochain, pensées et mouvements de mépris, de rejet, de colères, attitudes d’orgueil et de suffisance etc..). Les païens ne pensent à rien d’autre que leur confort, sauf exceptions, et n’attendent que d’être bien servis. Les musulmans demandent que leur loi soit respectée : elle peut l’être sans que le chrétien soit de ce fait obligé de manger des viandes ayant dû passer par la tirelire des mosquées, le païen des viandes venues d’un abattoir où l’on respecte si peu l’animal qu’on le laisse saigner longuement avant qu’il puisse enfin mourir, ce que le chrétien n’approuve pas davantage …

Madame Belkacem s’indigne donc pour bien peu, elle qui ne verse aucune larme sur les millions de tout petits envoyés à l’abattoir que sont devenues nos maternités et pas davantage sur la censure qu’exerce si violemment le gouvernement qu’elle sert ! Me reste en mémoire l’image d’une publicité pour l’avortement affichée sur la porte même de la chambre d’une de mes filles qui venait d’accoucher : un tel manque de délicatesse découle naturellement d’une pratique injustifiable. J’ai assez abordé ce thème dans ce Journal pour n’avoir pas à revenir sur des développements déjà ruminés ; sur ce qui est digne de l’être humain et sur ce qui ne l’est pas.

Il est vrai que le plus grand nombre de ceux qui constituent aujourd’hui notre société a été si mal éduqué, si mal instruit, si mal orienté, si mal servi par les gros médias qu’on ne peut que comprendre leur indifférence, leur jugement atrophié, leur parti-pris pour ce qui est le plus facile, le plus simple, le moins contraignant. L’idée même que l’on puisse éduquer, entraîner les enfants, et donc les futurs adultes, à l’effort passe pour outrancière … sinon rétrograde et réac ! Ainsi, lorsque survient l’épreuve inévitable, il n’y a plus personne ! Une dispute et hop ! on va voir l’avocat pour divorcer. Un mot un peu violent et hop encore, on porte plainte. On double une voiture qui gêne parce qu’elle roule trop lentement et hop ! le ‘doublé’ sort son flingue ! La chance est qu’il est souvent et par bonheur remplacé par une simple accélération indignée suivie tout de même d’une queue de poisson, agrémentée au passage par les insultes des plus vertes, des bras d’honneur etc.. (Expérience récente.)

Que d’exemples seraient à citer à peu près dans tous les domaines ! Mais mon lecteur connaît ce sujet aussi bien que moi donc inutile d’allonger la sauce !

***

Les élections permettent de vérifier à quel point il arrive à des politiciens de dire des sottises. J’ai déjà cité Madame Belkacem, qui en a fait l’une de ses spécialités favorites, mais elle est loin d’être la seule ! Une lumière limougeaude a sorti hier soir qu’il était impossible de voter pour le FN de même que pour l’UMP puisque ce dernier parti était le géniteur et le nourricier du premier ! C’est ce qu’on appelle avoir le don de seconde vue ! Je ne saurais confirmer l’analyse car je n’ai pas accès aux alcôves de ces partis qui, pourtant, ne me semble pas être nés chacun dans un lit commun.

Une autre lumière, dont le faisceau splendide rayonne sur la France entière et même au-delà, a comparé Sarkozy à Berlusconi : il est vrai que l’allusion à la Stasi, pourtant si juste, n’a pas plu au Château élyséen comme au Château matignonien (mot difficile à prononcer). Michel Sapin porte depuis un très gros nez rouge, digne du meilleur cirque … Encore heureux qu’il se soit retenu pour ne pas comparer l’ex-président à Musso : l’injure suprême, ‘fasciste’, commence à perdre de sa pertinence depuis que l’on en abuse matin, midi et soir chez les porte-paroles gouvernementaux ou porte-voix, on ne sait plus. Mais sa collègue, la désormais ‘insouriante’ Belkacem – les temps sont rudes et dangereux ! –n’a pas hésité une seconde à juger le FN être un parti de ces fascistes immondes qui « mettent en danger la République ». Rien à craindre de ce côté : avec les zouaves qui nous gouvernent elle est naturellement en danger, nul besoin d’intervenir. J’ajoute, pour être juste, que je ne voie pas le docteur Ménard à Béziers s’apprêter à jeter sa future mairie au centre d’un maelström de chemises brunes ! Ou Maître Collard …

(Un aveu : je me suis réveillé en m’interrogeant, après un rêve assommant, sur ce qu’est finalement ma position en politique, ma conception du politique, je suis contraint par moi-même de ne découvrir en ma caboche aucun lieu de participation à la vie de mon pays qui me paraisse satisfaisante. Le FN ?

Assurément non, je ne m’y retrouve pas, à part quelques maigres détails. Ma culture vient d’ailleurs. De plus, il a comme été inventé pour empêcher l’apparition d’un parti en tout point recommandable : le seul qui manque sur ma liste. L’UMP ? Mais laquelle ? Elle bat tous les records de courants … L’UDI ? Une fabrication électorale. Le Modem ? Je m’en passe dans mon ordi. J’zaime que les responsables sachent l’être et non se tourner un jour d’un côté, le lendemain d’un autre. Le PS ? Ce serait trahir. Le PC ? Vouloir ma mort spirituelle n’est pas ma tasse de thé. Le Front de Gauche ? Juste bon à fabriquer de l’anarchie.

Pourtant, il arrive que dans l’un ou l’autre de ces lieux surgisse parfois une réflexion qui vaut le coup, une remarque de bon sens, une proposition sage … Mais par ailleurs les passions y sont à ce point exacerbées que l’on ne saurait y tenir. Il me faut cependant avouer que j’ai été heureux de la fin du système socialiste des pouvoirs concentrés. Comme François Coppé s’est donné beaucoup de mal, sans pour autant avoir enfin réussi à mettre par écrit un vrai programme restituant à la politique quelque chose de sa dignité, j’ai applaudi à sa réélection au premier tour. La victoire d’Alain Juppé par contre me désole ; j’aurais aimé que l’insulteur de Benoît XVI ait eu plus de mal à vaincre …)

Revenons au théâtre d’hier. Je crois y avoir entendu au moins une douzaine d’autres fantaisistes du même acabit et de même source brandir je ne sais quel drapeau rouge censé nous mettre à l’abri de je ne sais quel drapeau noir. Une question a été posée par un journaliste intelligent – l’espèce existe toujours : « s’il en est ainsi, qu’attend l’État hollandiste pour expulser du panorama politique ce rassemblement d’aventuriers sans conscience » ? Ce n’est pas une citation précise : une sorte d’adaptation … Un juriste consulté m’a dit que c’était impossible parce que l’accusation est mensongère donc abusive. Le FN ne plaît pas à tout le monde, ce qui se conçoit, mais il n’a rien d’une organisation du type régime hitlérien ou mussolinien : depuis le temps qu’il sévit on le saurait, ayant vu le pavé parisien teinté du rouge sang des républicains égorgés.
Qu’attend donc ce « parti-comme-les-autres » et pas plus extrême que le socialiste ou le Parti-de-Gauche pour traîner ces calomniateurs devant les tribunaux ? Ah, j’aimerai connaître la définition strictement actuelle du mot ‘fasciste’ puisque la définition ancienne ne convient pas dans la situation présente …

Une autre facétie due cette fois directement à notre bien-aimé Président de la République (pour lequel je prie quasiment chaque jour, ce qui ne m’interdit point de n’être pas d’accord avec lui, ce dont il se contrefiche naturellement) : lors de la défaite de l’UMP aux élections municipales de 2008, François Hollande avait déclaré : « Je n’attends qu’un seul remaniement qui est le remaniement du comportement du président de la République et le remaniement de sa politique » « Je demande qu’il y ait une revalorisation immédiate des petites retraites puisque c’est une promesse de campagne qui n’a pas été honorée et je demande qu’on anticipe l’augmentation du Smic qui devrait se faire normalement au mois de juin et qui pourrait se faire dès le mois d’avril ». Va-t-il se prendre au mot et changer ses comportements à multiples facettes ? Va-t-il tenir les promesses qu’il n’a toujours pas honorées ?

Enfin, reste un indice que d’anciennes mœurs se perpétuent sous les nuages de l’actualité hystérique du présent : à une table de quatre scrutateurs, à Angers, deux d’entre eux furent entendu par un troisième murmurant d’étranges suggestions : « Bon, on note 140 pour le maire et 130 pour Béchu ». Il intervint : « Ce n’est pas exact. Ce n’est pas ce que nous venons de compter. Il faut recommencer. » Le décompte nouveau indiqua l’inverse de ce qui allait être noté. Ma source est fiable mais j’en tairai le nom, fut-ce attaché à un pilori.
Dominique Daguet