Une série de lois répressives a été votée en Ukraine pour dissuader les manifestations d’opposition au pouvoir. Le risque de dérive du pays vers une dictature de fait est désormais patent.
Contrôlé par une majorité de députés favorables au pouvoir néosoviétique de Viktor Ianoukovitch, le Parlement ukrainien a voté hier plusieurs lois qui introduisent de nouvelles sanctions contre les manifestations d’opposition politique ou renforcent l’arsenal répressif déjà en place. En outre, à l’image de la Russie voisine, elles obligent les ONG bénéficiant de financements occidentaux à demander à l’administration d’Etat un enregistrement préalable au titre d’« agent de l’étranger », expression rappelant la phraséologie de l’époque stalinienne…
D’autres textes votés à main levée au Parlement de Kiev dans une certaine confusion prévoient des peines de prison de quinze jours pour l’installation spontanée de tentes ou d’estrades dans des endroits publics et jusqu’à 5 ans d’incarcération pour les manifestants bloquant des bâtiments officiels, comme cela s’est fait en décembre dernier… Les nouvelles lois punissent aussi toute manifestation en cortège de plus de cinq véhicules d’amendes, de confiscation de permis de conduire et de… voiture. En outre, la diffusion sur Internet d’informations dénoncées comme diffamatoires sera aussi punie par une amende ou par des « travaux d’intérêt général ».
Le vote de ces lois par les députés favorables au pouvoir néosoviétique en place en Ukraine est intervenu moins de deux mois après la vague de contestation de rue qui a déferlé sur Kiev et sur plusieurs villes du pays après l’annulation au dernier moment par le président Ianoukovitch d’un accord d’association avec l’Union européenne, au profit d’un rapprochement exclusif avec Moscou.
Désigné par sa position géographique pour être un pays-carrefour entre la Russie, l’Asie et l’Europe, l’Ukraine risque d’être condamnée à devenir un pays-otage qui périclite dans une impasse.
