Un devoir d’hospitalité qui passe mal - France Catholique
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Un devoir d’hospitalité qui passe mal

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Si nous n’avons pas été touchés par les images terribles des naufragés de Lampedusa, peut-être le serons-nous par l’Escale, un documentaire qui raconte le quotidien d’émigrés clandestins iraniens, qui en attendant de pouvoir passer en Europe du Nord sont hébergés par un compatriote Amir, dans son modeste appartement. Comme dans le formidable la Pirogue sorti il y a un an, ce qui apparait d’emblée, ce sont les risques démesurés pris par ces migrants pour échapper à une vie sans avenir possible. Ils n’émigrent pas pour le plaisir, ni pour une meilleure vie mais pour pouvoir vivre tout simplement. Le film est d’autant plus intéressant qu’il est fait de la parole des clandestins eux-mêmes : cette jeune femme arménienne qui raconte sa traversée en mer dans un bateau surchargé et confié à un pilote qui n’avait jamais navigué, la peur permanente de se faire prendre et mis en prison, les désillusions, la souffrance d’avoir quitté sa famille. L’humour aussi quand l’un d’eux se voit remettre un passeport d’un type châtain aux yeux bleus…

Selon Eric Zemmour, nous serions atteints d’un travers « compassionnel » qui nous empêcherait de voir le réel ; mais le réel c’est justement de voir que rien n’arrêtera ces personnes, car elles sont poussées par le désespoir ; et de les regarder non pas comme des « envahisseurs » mais comme des frères en humanité. Et soyons honnêtes, nous aussi nous nous agaçons – pour ne pas dire plus- quand nos pasteurs nous rappellent à notre devoir chrétien d’hospitalité ; l’excuse invoquée est connue, le réalisme qui conduit à affirmer que  : « nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », d’autant que le contexte économique qui accroit la misère au sein même des pays riches, ne pousse pas au partage avec les plus pauvres !

Mais comme le rappelait déjà en 2006 Mgr Georges Pontier, il y a des pages de la Bible qu’on ne peut pas arracher : autrement dit l’accueil de l’étranger n’est pas optionnelle. L’hospitalité à l’égard de l’étranger est un principe qui n’a jamais varié de l’Ancien Testament au pape François en passant par les Pères de l’Eglise. Il ne s’agit donc pas devant un film comme l’Escale de s’émouvoir mais de le prendre comme appui de réflexion et d’engagement.